L’opposition en difficulté
La démission du député Rachidi Gbadamassi du G13 annonce des moments difficiles pour l’opposition au régime du président Boni Yayi. Elle confirme la cacophonie au sein du camp anti-yayi.
Le départ inattendu du député Rachidi Gbadamassi du G13 doit être une source de soucis pour l’opposition, quand bien même l’intéressé affirme qu’il n’est pas allé dans la mouvance-Fcbe (Forces cauris pour un Bénin émergent). C’est une grosse cylindrée que l’opposition a perdue, à voir le poids politique du démissionnaire. A Parakou, il était l’adversaire principal du président Boni Yayi. Il était pratiquement le capitaine du bateau-G13. C’est pourquoi, sa démission a créé une panique générale dans l’opinion publique nationale, en général, et dans la classe politique, en particulier. La défection de Gbadamassi fera voler en éclats à coup sûr le G13 qui, en réalité, était un géant aux pieds d’argile. C’est dire que si « le chef bandit » s’est rendu à son poursuivant, ce ne sont pas les petits soldats comme Edmond Agoua, Cyriaque Domingo et consorts qui feront de la résistance au régime du changement.
D’ailleurs, on apprend qu’il y a d’autres démissions qui s’annoncent au G13. La situation est si préoccupante que les ténors ont du mal à s’expliquer le problème. Pour preuve, aucune décision n’est sortie de la réunion de crise qui s’est tenue mardi dernier au siège du G13 à Cotonou sur le cas Gbadamassi. La conférence de presse prévue hier sur le sujet a été annulée sans aucune raison apparente. C’est le signe que cette alliance est dans une zone de turbulence terrible. Pour plusieurs observateurs de la vie politique nationale, le G13 était un groupe d’intérêts, loin de toute idéologie politique.
L’opposition en lambeaux
La mise en pièces détachées du G13 risque de contaminer les coalitions G4 et Force-clé qui étaient déjà agonisantes. Au sein du G4, il y a la confusion autour de la position du Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep) de Séfou Fagbohoun. Deux ministres (François Abiola de l’Enseignement supérieur et Kint Aguiar) déclarent qu’ils sont au gouvernement au nom de leur parti politique. Depuis lors, aucune sanction n’est prise contre eux. Beaucoup de Béninois s’interrogent sur la sincérité du Madep. La Renaissance du Bénin (Rb) de Rosine Soglo sème également la confusion à la manière du Madep. Galiou Soglo défie et nargue même les responsables du parti. Jusqu’aujourd’hui, aucune mesure n’est prise contre ce dernier. Le comble est que deux députés de la Rb (Epiphane Quenum et Justine Chodaton) roulent à visage découvert pour les forces cauris pour un Bénin émergent à l’Assemblée nationale. Et pourtant, rien n’est fait pour les rappeler à l’ordre. Le jeu de la Rb et du Madep ne rassure pas sur la solidité du G4.
La situation actuelle est une source d’inquiétudes pour l’avenir de l’opposition au régime Yayi. Elle annonce certainement une nouvelle recomposition de la classe politique nationale.
Me Adrien Houngbédji doit être l’homme le plus touché par la situation au sein des G et F. Il est le principal adversaire du président Boni Yayi, car il est encore dans la course à la présidence de la République en 2011 contre le régime du changement. Il compte sur la cohésion des G et F ou tout au moins sur celle du G4 pour contrecarrer les cauris. Il se révèle aujourd’hui que la traîtrise a pris de pas sur la conviction dans l’opposition. Dans ces conditions, le leader du Parti du renouveau démocratique (Prd) doit revoir sa stratégie. Très tot, il doit commencer ses descentes sur le terrain pour galvaniser sa troupe. Il doit se comporter comme s’il est capable de conquérir seul le pouvoir d’Etat. Il doit aller à l’assaut des fiefs de ses alliés pour accroître ses chances en 2011. C’est dire que tout en cherchant des partenaires politiques, Me Houngbédji doit compter ses propres forces. Les jours à venir édifieront les uns et les autres.
Jules Yaovi Maoussi