Les dessous d’une démission spectaculaire
(Qu’est-ce qu’il a pu coûter à Yayi ?)
La démission de Rachidi Gbadamassi du groupe parlementaire G13 est désormais une certitude. Plus aucun doute n’est permis là-dessus. Loin d’être un acte digne d’un homme convaincu de ses opinions, on a tendance à croire plutôt que cela exprime une fois encore la déchéance morale qui caractérise les hommes politiques béninois.
Qui pouvait imaginer que Rachdi Gbadamassi rejoindrait le président Boni Yayi tant ce qui les opposait avait dépassé le plan politique. Entre les deux hommes, c’était beaucoup plus une affaire personnelle, une affaire d’honneur, disait-on dans l’entourage de l’ancien maire de Parakou. Mais, contre toute attente, le plus bouillant des frondeurs de Yayi vient de tomber dans son escarcelle. Beaucoup de Béninois, bien qu’habitués aux retournements spectaculaires de vestes des politiciens peinent encore à croire à la chose.
Ces diatribes contre Boni Yayi et son gouvernement sont encore vivaces dans la mémoire des populations béninoises. Dans sa hargne contre le pouvoir en place, il n’a pas hésité à se doter de vocables spéciaux pour qualifier ses errements. Pour Gbadamassi, il y a encore peu de temps, le président Boni Yayi et ses partisans n’étaient que des adolescents politiques. Quant à sa gestion budgétaire, la fameuse expression « délinquance budgétaire » est venue du même homme. Il y a quelques semaines, on le voyait encore endoctriner les populations d’un certain nombre de villes du septentrion afin qu’elles les aident à changer le chauffeur. Le voilà désormais l’apprenti de ce dernier qui était qualifié par d’autres de chauffard. Cela sort tout simplement de l’entendement humain. Avec ce revirement, Rachidi Gbadamassi apporte une nouvelle fois la preuve que la plupart des hommes politiques béninois ne sont guidés que par leurs intérêts.
Qu’est-ce qu’il a-t-il pu coûter à Yayi ?
Cette question pourrait être formulée autrement : qu’est-ce qui a pu faire changer d’avis Rachidi Gbadamassi ? En effet, depuis l’annonce de sa démission, des questions fusent et demeurent sans réponses quand bien même l’intéressé a fait des déclarations sur une radio de la place. Selon les propos du démissionnaire, il se positionne désormais pour faire une opposition constructive. Qu’à cela ne tienne, en a-t-il discuté avec ses alliés ? On se demande bien la grâce qui a pu le toucher à ce point pour qu’il puisse changer du jour au lendemain. Les évangélistes diront, si c’était en religion, qu’il a rencontré le Seigneur Jésus-Christ. Mais en politique, il faut bien plus pour faire changer d’avis à un homme de la trempe de Rachdi Gbadamassi. D’où la formulation combien a-t-il pu « encaisser » ? Si aucune certitude n’est établie pour le moment, les jours à venir situeront chacun sur les tenants et les aboutissants de la démission de ce dernier.
Ce qui est une évidence, c’est que ce revirement spectaculaire, qui prend toute la classe politique de court, n’a pu se réaliser ex-nihilo. Il a dû avoir des marchandes solides en dessous. Mais lesquelles ? Déjà de folles rumeurs circulent dans tous les sens qui évaluent le ralliement de Gbadamasssi à coup de milliards. D’autres disent que le chef de l’Etat a réussi à isoler politiquement son ancien opposant tout en lui faisant des promesses fermes pour son deuxième quinquennat s’il était élu. Enfin d’aucuns évoquent le fait que Gbadamassi aurait pu faire le saut avec d’autres députés de l’opposition, démarchés au même moment que lui. Mais ces derniers ont dû renoncer in extremis suite aux nombreuses pressions dont ils ont été l’objet. C’est dire que de nouvelles surprises de taille profilent à l’horizon.
Benoît Mètonou