Au Bénin, sortons de la précarité et de l’insécurité !
Chers confrères et consoeurs professionnels des médias du Bénin
Chers amis,
Dimanche prochain, 3 mai 2009, comme chaque année, il sera célébré la Journée internationale de la Liberté de la Presse. Notre pays ne sera pas du reste.
En cette occasion solennelle, je voudrais vous inviter à avoir une pensée pieuse pour nos braves combattants de la liberté qui nous ont quittés au cours de l’année civile médiatique qui vient de s’écouler. Pour ceux des nôtres aussi qui auront été victimes de mesures de répression ou d’intimidation de toutes sortes.
Chers amis,
Si au cours des deux dernières années nous avons dû batailler ferme pour éviter la caporalisation complète de notre presse par le pouvoir Exécutif qui a montré des velléités sérieuses allant dans ce sens, il y a lieu de relever que ce combat a commencé à porter ses fruits et qu’il s’observe une certaine embellie dans notre ciel médiatique. Conscient du rôle qui a été le vôtre dans cette amélioration de la situation, je m’en voudrais, au nom du syndicat, de ne pas vous féliciter individuellement et collectivement pour votre engagement de tous les instants. Pour autant, tout n’est pas encore parfait et la vigie doit être maintenue.
Chers confrères et consoeurs professionnels des médias,
Chers amis,
Parallèlement, nous devons maintenant concentrer nos efforts sur, entre autres, la situation sociale des professionnels des médias. A cet effet, force est de constater que depuis mars 2008 où elle est entrée en vigueur, la Convention collective devant régir notre profession est en panne sèche. En effet, après avoir œuvré pour son avènement, les uns et les autres en sont aujourd’hui à déclarer qu’elle est, en l’état, inapplicable ! Et, malgré les réunions et concertations organisées à l’effet de voir dans quelles mesures la mettre en œuvre, rien n’y fit ! De fait, la quasi-totalité des professionnels des médias privés du Bénin vivent chaque jour dans l’incertitude du lendemain : pas de plan de carrière (retraite non assurée), pas de salaires dignes si ce ne sont des miettes, souvent livrés à eux-mêmes en cas d’accident de travail ou de maladies de leurs petites familles, etc. Il convient cependant de féliciter les rares patrons de presse qui font des efforts manifestes pour mettre leurs employés dans des conditions acceptables, même si elles restent insuffisantes.
Face à cette situation de blocage évident, les organes compétents du SYNAPROMEB ont réfléchi à la question et proposent, comme alternative, que la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), en tant que garante de la liberté de presse, laquelle passe aussi par le bien-être des professionnels des médias, joue un rôle de premier plan. Ceci consistera pour elle à organiser, sur l’aide de l’Etat à la presse privée, la sécurité sociale des acteurs de la presse privée. Concrètement, il s’agira en substance pour la HAAC, de demander aux organes sélectionnés (donc les organes en règle) pour bénéficier de l’aide, de fournir la liste de leurs personnels non déclarés (par exemple 3 par quotidien et 1 par périodique). Une fois cette formalité remplie, la HAAC se chargera directement, sur l’enveloppe de l’aide de l’Etat en exécution, de déclarer à la Caisse nationale de Sécurité sociale, les concernés. Ce après quoi les organes bénéficiaires devront prendre la relève et continuer à verser les cotisations. Ce processus pourra s’étendre sur quelques années à moins que la HAAC choisisse de faire un prélèvement conséquent sur un seul exercice afin de régulariser le grand nombre. Les mêmes organes ne devraient pas bénéficier plusieurs fois de suite de la mesure.
Si la HAAC accédait à cette réflexion ainsi que nous l’y engageons respectueusement (en tout cas à partir de la prochaine mandature vu que celle-ci n’aura plus le temps de le faire), il va sans dire qu’elle aura rendu un grand service à la presse béninoise. Car, à l’évidence, la mesure aura pour conséquence de sortir les professionnels des médias de la précarité et de l’insécurité sociale, de leur éviter de continuer à tirer le diable par la queue, d’être quiets par rapport à leurs carrières et, par voie de conséquence, de mieux rendre, ce qui, indubitablement, aura des retombées positives sur le contenu de nos organes de presse. Et ce ne sera pas, nous le croyons, une manière d’encourager les patrons de presse dans la non observance de leurs responsabilités. Ce que nous y gagnons en termes de sécurité sociale et de transformation progressive de nos organes de presse privée en de véritables entreprises semble plus considérable que le reste. Pour l’avenir de notre presse privée, nous aurons certainement beaucoup à gagner de cette mesure.
Chers amis,
Par ailleurs, le combat pour la professionnalisation de notre presse privée est permanent. A ce propos, le SYNAPROMEB fait la réflexion que la HAAC pourrait également jouer un grand rôle, toujours dans le cadre de l’aide de l’Etat à la presse privée. Tout en saluant le processus de formation en journalisme (licence professionnelle) initié par le ministère en charge de la Communication en partenariat avec l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature, le SYNAPROMEB pense que la HAAC, une fois encore sur une dotation issue de l’aide de l’Etat à la presse privée, peut sélectionner sur appel à candidatures objectif, des professionnels des médias à qui elle paiera la formation dans les centres privés de la place (un cursus de trois ans avec interdiction d’échec sous peine de perdre la bourse). Ce faisant, dans quelques années, notre presse (privée notamment) aura le mérite et l’heur d’être animée par des professionnels chevronnés. Toute chose qui limitera considérablement les dérives et en rajoutera à la qualité des productions. Ce pari est également réalisable. Nous le croyons !
En appui à tout ceci, d’autres mesures devront être prises. Il s’agit principalement de l’élaboration (par les professionnels des médias, la HAAC, le ministère de la Communication) et de l’adoption par l’Assemblée nationale, d’un Code de la Presse béninoise qui permettra de mettre fin à la dispersion des lois régissant le secteur. Ce Code, dans l’entendement du SYNAPROMEB, ira plus loin que la promesse de dépénalisation faite par le gouvernement le 28 janvier 2008 (et qui reste non tenue) pour prendre en compte non seulement les conditions de création des entreprises de presse, celles d’exercice du métier, mais aussi, organisera la gestion de la régie publicitaire et l’accès aux sources d’information. De même, et cela nous semble capital, ce Code que nous appelons de tous nos vœux, instituera un régime fiscal spécial de la presse dont on sait que les conditions d’existence et d’exercice ne sont pas toujours celles des entreprises classiques, etc.
Chers amis,
Si nous osons entreprendre toutes ces réformes dont les dividendes seront sans doute perceptibles dans quelques années seulement, ce sera, de l’avis du SYNAPROMEB, la certitude d’avoir posé les jalons sûrs de la renaissance de la presse béninoise. Tout cela, nous le pouvons ! Il suffit d’oser y croire et d’oser commencer.
Vive la Liberté de presse !
Vive la presse béninoise, libre, responsable, intègre et professionnelle
Vivent les professionnels des médias !
Fait à Cotonou, le 29 avril 2009
Pour le SYNAPROMEB,
Wilfried Léandre HOUNGBEDJI