Audience au palais de la présidence

Que cache la rencontre entre Boni Yayi et Sévérin Adjovi ?

Le maire de Ouidah, Séverin Adjovi a été reçu par le chef de l’Etat, Boni Yayi, en présence du préfet des départements de l’Atlantique/Littoral et des députés Venance Gnigla et Célestine Adjanohoun. Quand on sait que Ouidah constitue un enjeu de taille pour les deux hommes et que certains événements ont davantage creusé le fossé entre eux dans un passé encore récent, on se demande bien si les accolades et poignets de main vont au-delà du symbolisme.
Avec la visite du maire de Ouidah au palais de la Marina, on peut bien déjà se dire que la hache de guerre est enterrée entre Séverin Adjovi et Boni Yayi. Puisqu’il a été question principalement du développement de la cité historique. Or, c’est bien cela qui a amené l’actuel locataire de l’hôtel de ville de Ouidah à dénoncer sur une chaîne de télévision de la place, la gestion de l’ancien président de la Boad. Mais surtout, la marginalisation de la ville natale de l’épouse de Boni Yayi.  A la sortie de son audience hier, le maire Adjovi  a  semblé satisfait de l’entretien qu’il a eu avec le président de la République. Il a rappelé son idée d’un plan de développement spécial pour sa commune. Une proposition à laquelle Boni Yayi a adhéré apparemment. Dès lors, la tentation de croire que les divergences entre les deux hommes sont aplanies est forte. Cependant, trop d’intérêts sont en jeu et les séquelles d’une lutte à distance sont encore vivaces. Il s’agit d’abord pour les deux hommes, de pouvoir s’assurer le contrôle de Ouidah. Adjovi et Yayi voudront à tout prix faire régner leur hégémonie sur la ville esclavagiste. Si le premier est natif de cette ville, il ne lui pas été pourtant facile d’en devenir le maire. Le second, fils par alliance, malgré son score lors de la présidentielle de 2006, a vite perdu la confiance de sa « belle-famille ». La preuve, sa liste pour les communales a peiné avant d’engranger quelques conseillers municipaux. Cela démontre qu’aucun des deux hommes n’a véritablement la mainmise sur Ouidah.  Et la présence de Venance Gnigla qui a été l’artisan de la victoire de Yayi à Ouidah et qui a offert la mairie à Ajovi en 2008, n’était pas pour le décor.

La guerre des clés

Pour le contrôle donc de cette ville, les deux hommes pourront-ils trouver un terrain d’entente, vu qu’ils sont engagés dans une lutte dont l’issue ne peut être que fatale pour l’un afin que l’autre vive ? Ajovi étant un libéral pendant que Yayi veut avoir tout sous son joug, les signes de la réconciliation ne sont-ils pas que de convenance ? Les jours à venir le démontreront certainement. D’un autre côté,  le feuilleton de « la clé » est encore très présent dans l’esprit des Béninois et particulièrement des Ouidahniens. En effet, on se rappelle qu’après une sortie médiatique du maire, qui n’a fait aucun cadeau au président de la République, les partisans de ce dernier se sont rendus au palais de la présidence. Au cours de l’audience, la clé de la ville a été remise à Boni Yayi. Ce que Adjovi, alors absent, a contesté dès son retour au pays, avec l’appui d’un certain nombre de cadres de Ouidah dont le professeur Honorat Aguessy. Dans ce feuilleton, la guerre de trône qui sévissait déjà au sein de la progéniture de Dagbo Hounon, a été exploitée. Ainsi, de fil en aiguille, on en est venu à déplorer un mort et des blessés. Des marches d’humeur ont été orchestrées contre Adjovi, qui aurait commis un crime de lèse-majesté en appelant l’occupant du trône de Dagbo Hounon par son prénom qui n’est plus usuel. Pour le camp du maire, il n’y avait aucun doute sur l’identité des responsables de ces manipulations. Et depuis, une atmosphère tendue règne à Ouidah. Les deux  camps se regardent en chiens de faïence guettant la moindre occasion pour en découdre avec l’autre.

Le miracle de la Basilique

Samedi, la Basilique de Ouidah, dont la construction a été faite tant par les animistes que les chrétiens, a fêté ses cent ans. Une occasion qui a permis aux deux hommes de se côtoyer. N’est-ce pas de là qu’est venu le déclic ? N’est-ce pas de là que les deux hommes ont compris qu’il fallait se donner la main afin d’aller vers l’avant ? Beaucoup de sources y conduisent. Cependant, la grande question demeure : sont-ils sincères dans leur intention d’œuvrer au développement de Ouidah ? Si oui, alors quel est le contenu concret de la promesse du président de la République ? Car, il ne faudrait pas perdre de vue que la bataille pour 2011 ayant commencé depuis longtemps, autant les potentiels candidats prennent des engagements, autant certains leaders font tout pour monter les enchères. Et pour la plupart du temps, au mépris du peuple. La preuve en est que les deux hommes se sont retrouvés alors que les populations voire des familles sont désormais divisées et peut-être à jamais.q
Benoît Mètonou

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