Ses premières impressions
Le nouveau président de la Haute cour de justice est connu depuis hier à la faveur de la séance qui s’est déroulée au siège de l’institution à Porto-Novo et qui a abouti à l’élection de Théodore Holo au détriment de son challenger, l’ancien ministre de la famille et membre actuel de la Cour constitutionnelle, Clémence Yimbéré Dansou.
Après la rencontre manquée du mercredi dernier pour raisons d’absence de deux juges, les membres de la haute juridiction se sont retrouvés une nouvelle fois hier au siège de l’institution à Porto-novo pour procéder à l’élection du président de leur institution. Deux candidatures ont été enregistrées au niveau du bureau d’âge, composé du vice-doyen de la cour Kora Zimé et du député Edmond Agoua. Les candidatures étaient celles du professeur Théodore Holo membre de la Cour constitutionnelle et de Clémence Yimbéré elle aussi membre de la Cour constitutionnelle. Mais, à en croire les sources proches de l’institution, la bataille a été très serrée entre ces deux personnalités. En effet, au terme de l’élection, le professeur Holo a recueilli 7 voix contre 5 pour son challenger Clémence Yimbéré. Selon certaines indiscrétions, la candidature du professeur Théodore Holo a été soutenue d’une part par les députés de la Renaissance du Bénin et en particulier, sa présidente, Rosine Vieyra Soglo, naturellement parce que ce dernier occupait jusqu’à sa nomination à la Cour constitutionnelle par le chef de l’Etat, le fauteuil de vice-président de la RB. D’autre part, Théodore Holo a également reçu le soutien indéfectible des députés de l’opposition et celui du député Janvier Yahouédéhou et d’autres députés Fcbe. Une réunion secrète aurait été tenue avant le vote par les députés toutes catégories confondues qui auraient choisi de faire bloc derrière un seul candidat. La candidate malheureuse qu’on croyait bénéficier du soutien du chef de l’Etat et de son entourage s’est révélée au dernier moment comme une farce puisque cette dernière s’est retrouvée pratiquement seule.
Le jeu de Yayi
Depuis plusieurs mois et à la suite de son départ du gouvernement, où elle a été nommée membre de la Cour constitutionnelle par le chef de l’Etat, son nom a beaucoup circulé et tout le monde savait qu’elle serait probablement la présidente de cette haute institution. Malheureusement, elle a été lâchée au dernier moment par le chef de l’Etat lui-même. Une réunion aurait même été tenue hier entre le chef de l’Etat et les juges de la mouvance d’une part et d’autre part avec ceux de l’opposition. Il ressort de ces deux conclaves que le chef de l’Etat n’a pas donné son soutien à aucun des candidats. Donc le jeu était libre et le nouveau locataire de la Haute cour de justice, Théodore Holo, a bénéficié largement du soutien de la RB. Que cache en réalité ce repli tactique du chef de l’Etat dans ce dossier ? Marchanderait-il le soutien de la RB pour les prochaines élections présidentielles ? Tout porte à le croire, au vu de tout ce qui avait été enregistré ces derniers temps au parlement avec cette formation politique qui se réclame toujours de l’opposition mais qui fait parfois le jeu du pouvoir en place au détriment des autres membres de la coalition G. Dans tous les cas, la RB vient de gagner un gros morceau en positionnant le professeur Théodore Holo à la Haute cour de justice.
Ismail Kèko
Les premières impressions de Théodore Holo
Je mesure le poids des nouvelles responsabilités qui sont les miennes. La Haute cour de justice est une institution essentielle de l’Etat de droit et vous savez que l’opinion publique n’a pas toujours une image positive de la Haute cour de justice, ne sachant pas ses compétences et les moyens dont elle dispose. Par conséquent, il y a un sens de responsabilité qui nous freine aujourd’hui parce qu’il faudrait que le peuple comprenne l’utilité de la politique. La Haute cour de justice n’est pas une institution budgétivore et donc ce n’est pas une juridiction de trop. Mais la Haute cour de justice a des limites parce qu’il n y a pas d’auto saisine. Elle est là pour juger les personnalités mises en accusation par le parlement. Par conséquent, il faudrait que nous puissions travailler en tandem avec le parlement pour que l’Etat de droit soit respecté, pour que l’impunité ne fasse plus partie de l’usage politique de notre pays et j’espère qu’avec la grâce de Dieu et le soutien des autres membres de la Haute cour de justice, nous pouvons relever ensemble ces défis.
Je rends grâce au seigneur de m’avoir donné à nouveau cette chance. Je leur ai réitéré tout mon sentiment d’amitié aussi, je leur ai rappelé les défis qui sont les nôtres. Le tout n’est pas d’élire un président. Il faudrait aider ce président à réussir la mission commune qui est celle de la haute juridiction. Comme je vous l’ai rappelé, il y a la question d’impunité et il faudrait que nous travaillions ensemble et avoir les moyens, car on dit généralement un homme, une mission, des moyens. Le peuple doit comprendre que la Cour a besoin des moyens pour assumer ses nouvelles compétences à savoir être le juge du chef de l’Etat