Une exploitation équitable s’impose
De plus en plus, des contestions s’observent au sujet des contenus et de la manière dont le gouvernement exploite les rapports de l’inspection générale d’Etat (Ige) dirigée par Alidou Koussey. Dès lors, on se demande si cette institution n’est pas devenue l’arme secrète du gouvernement l’écartant du coup de ses objectifs.
La polémique enfle sur la véracité des contenus des rapports de l’inspection générale d’Etat (Ige). Bon nombre de ces constats sont contestés par les personnes ou sociétés qu’elle épingle dans ses rapports. C’est le cas de certaines sociétés exerçant dans le secteur portuaire citées par le Conseil des ministres et accusées de fraudes douanières. Ces dernières réfutent ces accusations et se disent décidées à prouver par tous les moyens leur innocence. Car, assurent-elles, les mesures prises à leur encontre relèveraient d’une simple cabale et que l’Ige se serait trompée. Certains dirigeants de ces sociétés dénoncent d’ailleurs le fait que le gouvernement laisse d’autres rapports antérieurs pour se précipiter sur leur cas. S’il est vrai que ces opérateurs ne sont peut-être pas exempts de tout reproche, il faut cependant faire remarquer que les contestations au sujet des rapports de l’Ige font peser sur l’institution des soupçons sur sa crédibilité.
Alidou Koussey doit redorer le blason de son institution
Les rapports de l’Ige servent de base aux décisions du gouvernement dans sa lutte contre la corruption. A ce titre, ils ne devraient souffrir d’aucune faille ni de contestation. Or, on note depuis quelques temps une remise en cause systématique des contenus de ses rapports. Ce qui n’est pas pour arranger son image. Puisque pour certains, elle est l’arme fatale dont dispose le président Boni Yayi pour anéantir ses adversaires politiques et certains opérateurs économiques récalcitrants. Interpellée par certains députés de l’opposition afin de rendre publics ses rapports, l’institution s’était défendue de n’être qu’une exécutante et que ce rôle revenait au gouvernement. Doit-on comprendre qu’elle peut rester tranquille et qu’on utilise à des fins peut-être inavouées les résultats de ses travaux ? Toujours est-il qu’une institution pareille gagnerait à voir de moins en moins ses travaux contestés. Surtout dans un contexte politique où le régime au pouvoir est taxé de vouloir caporaliser toutes les institutions de la République.
Pourquoi une exploitation sélective ?
Le gouvernement est taxé de faire un usage sélectif et ciblé des rapports de l’Ige. L’accusation semble se justifier quand on se rappelle qu’il y a des rapports sur lesquels le gouvernement a été invité à s’exprimer sans succès. En effet, sur le rapport de l’Ige sur la gestion de la filière des véhicules d’occasion, le gouvernement est resté silencieux jusqu’à ce jour. Des voix se sont également élevées pour réclamer la publication des enquêtes sur le Conseil national des chargeurs du Bénin (Cncb) ou la loterie nationale du Bénin (Lnb). Mais, ce fut sans succès. D’où cette accusation d’exploitation ciblée semble s’avérer juste..
Benoît Mètonou