Ce que cachent les manœuvres du gouvernement
(Yayi ne doit pas oublier le passé)
La municipalité de Porto-Novo pourrait perdre le prêt de 4 milliards F Cfa à lui accordé par la Banque ouest africaine de développement (Boad). C’est l’information relayée hier par certains canards de la place. A y voir de près, on se rend compte que ceci est la résultante de l’annonce prématurée de la candidature de Bio Tchané à la présidence et la ferme volonté de l’actuel chef de l’Etat, Boni Yayi, de garder le pouvoir contre vents et marrées. En septembre dernier, la Boad accordait un prêt de 4 milliards à la commune de Porto-Novo, pour des travaux d’assainissement de la capitale entrant dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance du Bénin. Mais pour que la capitale entre en possession des fonds, le gouvernement béninois doit se porter garant. C’est la lenteur dont ce dernier fait montre pour accomplir cette formalité alors que le délai accordé est à moitié entamé, qui fait dire aujourd’hui que Porto-Novo est en passe de perdre cet appui financier. Plus grave, l’institution sous-régionale basée à Lomé, pourrait également retirer les prêts accordés à d’autres communes béninoises.
Des observateurs avertis de la politique béninoises, lient ce comportement du gouvernement du Dr Boni Yayi à de la mesquinerie politique. D’abord, Porto-Novo est une mairie aux mains de l’opposition en l’occurrence le Parti du renouveau démocratique (Prd) de Me Adrien Houngbédji. Permettre que des actions de développement soient faits dans cette ville en dehors du gouvernement alors que Boni Yayi et ses partisans ne cachent pas leur ambition d’arracher Porto-Novo au Prd, ne leur est pas imaginable. C’est donc un crime de lèse-majesté que le maire Océni Moukaram a commis en allant contracter ce prêt. A ce niveau, on se demande si pour 4 milliards seulement, qui ne pourront pas changer véritablement l’aspect de Porto-Novo, le gouvernement s’inquiète, qu’en sera-t-il de montants plus colossaux. On s’interroge également sur ce qui fait traîner le pas au gouvernement béninois. En ce sens que ce à quoi doit servir cet argent est un enjeu national. Mieux, ne devrait-il pas se réjouir de ce que les communes arrivent à chercher des financements au lieu de toujours lui tendre la main ? Il y a assurément un problème que le gouvernement doit expliquer aux Béninois. Déjà, d’autres tentent d’expliquer ce problème.
Cette manière de faire, répond à la stratégie mise en place par le régime en place pour faire ombrage au président de la Boad, Abdoulaye Bio Tchané, dans son ambition de postuler à la magistrature suprême. Si lui-même ne l’a pas encore annoncé, les indices ne sont pas trompeurs. La stratégie consiste en fait, à limiter au maximum ses apparitions dans les cérémonies officielles où il pourra s’exprimer ou il sera reconnu par les populations comme ayant joué un rôle dans une quelconque réalisation. Déjà rappellent les tenants d’une pareille thèse, Bio Tchané a été écarté de la cérémonie de lancement des travaux de la route Ouaké-Djougou. Avaliser le prêt de Porto-Novo, revient à lui donner l’occasion de venir lancer ou inaugurer les travaux. Toute chose inacceptable dans le camp présidentiel. Cependant, le président Boni Yayi et les siens se doivent de ne pas oublier le passé.
Yayi, interdit d’amnésie
En suivant la logique de ceux qui pensent que tout est mis en œuvre au sommet de l’Etat pour empêcher la candidature de Bio Tchané, on ne peut s’empêcher d’ébaucher un sourire. Car, l’histoire est là, têtue et nous rappelle nos actes passés. En effet, le président Boni Yayi, avant d’obtenir la clé du Palais de la Marina, était président de la Boad. A ce titre, il était quasi permanent au Bénin, soit pour lancer, soit pour inaugurer des travaux routiers ou autres projets financés par son institution. Jusqu’à la veille de la présidentielle de 2006 qui l’a porté au pouvoir, sûrement qu’il s’en souvient lui-même, il avait signé un accord de financement avec Célestine Adjanohoun, alors directrice de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) pour l’extension du réseau électrique à Cotonou et Calavi. Alors, que des manœuvres aussi grotesques soient mises en œuvre par le gouvernement dont il a la charge pour empêcher son successeur à la Boad et potentiel challenger en 2011, d’être sur le terrain, surprend. Surtout qu’en son temps, le président Mathieu Kérékou ne lui glissait pas des peaux de banane. S’en souvenir, contribuera à consolider la démocratie. Et il ne s’en dira pas que le fair-play n’existe pas dans le camp présidentiel.
Le maire de Porto-Novo reçu par le président
Aux dernières nouvelles le maire de la ville de Porto-Novo, Océni Moukaram a été reçu par le président de la République, Boni Yayi. Outre le sujet des festivités du cinquantenaire de l’indépendance dont les préparatifs tardent à démarrer, le maire s’est exprimé sur l’affaire de prêt. Il espère seulement que le gouvernement ne prendrait par la responsabilité de saboter un tel financement.
Cependant, cette visite apparaît curieuse puisqu’elle intervient seulement vingt- quatre heures après la publication de cette affaire par la presse. Puisse-t-elle servir réellement à régler les malentendus.q
Benoît Mètonou
Laisser un commentaire