Malgré les explications de Gaudreault sur les essoucheuses

Le flou persiste toujours

En réplique aux allégations jugées non fondées de l’honorable Janvier Yahouédéhou, ni le ministre Roger Dovonou qui a piloté le dossier, ni André Okounlola Biaou Directeur Général du Ppma (Programme de Promotion pour la Mécanisation de l’Agriculture) ou encore moins un cadre du ministère de l’agriculture n’ont pu apporter une contradiction pertinente et capable de dissiper une fois pour toutes la polémique. Le salut a été trouvé en la personne de Daniel Gaudreault, le Pdg de la société Gyro Trac, fournisseur des engins, dépêché précipitamment à Cotonou pour la cause. Mais là encore, ce n’est pas nickel. Le Toubab à l’accent québécois a été plus menaçant que convaincant.

De l’histoire des conférences de presse, celle donnée lundi 21 décembre dernier au Novotel Orisha par le Pdg de la société Gyro Trac était simplement insolite. Un journaliste mué en vigile était chargé d’éconduire tous les journalistes qui ne se trouvaient pas dans le canevas de communication. Les indésirables étaient surtout ceux dont les organes de presse ont publié des articles jugées « trop critiques » à l’endroit du gouvernement. Nouvelle Tribune était estampillée comme telle. Son reporter a été aussi chassé. A l’instar de bien d’autres confrères d’ailleurs.  Evidemment, les intéressements, selon nos sources, seraient tellement si alléchants que les organisateurs n’ont pas voulu de « trop de personnes ».C’était donc une affaire de couvent. Daniel Gaudreault, le conférencier, savait qu’il s’agissait d’autres choses que de la vérité. C’est pourquoi sans un argumentaire pertinent, il s’est mis à jouer le rôle de l’épouvantail, menaçant d’assigner en justice tous ceux qui oseront jeter du discrédit sur sa société. Pour la manifestation de la vérité, maints Béninois se posent assez de questions surtout après la sortie médiatique ratée de Gaudreault. Pourquoi aucune des personnes suscitées et impliquées dans le dossier n’ont eu le courage de donner, eux, une conférence de presse pour contredire Janvier Yahouédéhou ? Certes, André Okounlola Biaou a eu à faire quelques déclarations médiatiques qui hélas n’ont convaincu personne. Et c’est justement ce qui inquiète dans ce dossier. Tous ceux qui doivent intervenir pour mettre fin définitivement à la polémique ont échoué. Finalement c’est à Gaudreault qu’ils ont décidé de se recourir, surfant sur le fait que ses propos seront accueillis ici comme une vérité d’évangile. A beau mentir qui vient de loin, dit un proverbe français. Gaudreault a joué sur la virginité de sa carte de visite. Seulement, en privilégiant les menaces à un argumentaire limpide et convaincant, il a laissé aussi les béninois sur leurs fins. Il est resté par exemple muet sur la principale allégation de Janvier Yahouédéhou qui affirme que les prix affichés par le Gouvernement ne sont pas ceux auxquels il a acheté les engins.  Puis enfin, quelle vendeuse de beignet a jamais dit que son beignet n’est pas chaud ? Daniel Gaudreault n’avait aucun intérêt à dire que ses machines sont de mauvaise qualité ou qu’elles sont vendues usagées.
Marcel Zoumènou

Déclaration du  député Janvier Yahouédéou

(Suite à la Conférence de presse du PDG de Gyrotrac)

Le lundi 21 décembre 2009 à l’hôtel Novotel aux environs de 15h, le PDG de la société GYROTRAC a donné une conférence de presse, dans le but de se prononcer sur l’affaire des 4 essoucheuses. L’organisation de cette conférence de presse et les différentes allégations du canadien méritent des clarifications de ma part :

1°) D’abord, je voudrais dire mon indignation et mon étonnement que l’on utilise un bazooka pour tuer une mouche.  Tout ce que voulait le peuple, ce sont des documents. Même à taxi moto, ces documents mettraient moins de 30 minutes pour quitter Cotonou et venir à Porto-Novo. C’est étonnant qu’un Pdg se déplace du Canada jusqu’au Bénin, parcourant ainsi des milliers de kilomètres pour cette affaire. Cette dite conférence de presse est une mascarade.  Pourquoi avoir refoulé un nombre important de journalistes à la porte si tant est qu’on tient à la manifestation de la vérité ?   

2°)   Je suis resté sur ma faim parce qu’il a donné son sentiment sur le montant facturé par son représentant (SPL Sarl) au Bénin sans se prononcer sur le montant de la facture de Gyrotrac adressée à la société française, puis celle de la société française à la société SPL au Bénin. Effectuer 20 heures de vol, juste pour venir donner son avis sur le montant de la facture d’une entreprise béninoise à l’Etat béninois, j’appelle cela venir amuser la galerie et c’est assez surprenant. Mais en attendant que j’étale sur la place publique les différentes factures authentiques délivrées dans cette affaire, je voudrais signaler à l’opinion publique que depuis 72 heures, le lien qui conduit à la page des prix des différents modèles d’essoucheuses sur le site de gyrotrac (www.gyrotrac.net) a disparu alors qu’il était fonctionnel et en parfaite harmonie avec les factures en ma possession. Chose curieuse, toutes les autres pages très complexes à réaliser, comme la vidéo sur le fonctionnement des essoucheuses restent fonctionnelles.

3°) Il a justifié le fait d’avoir impliqué une société intermédiaire en France dans le processus par le fait que  les différentes banques et institutions financières  installées au Bénin ne sont pas en mesure d’assurer le paiement d’une modeste somme de 1 milliard et 90 millions.

4°) Il a déclaré que sa facture à cette société française est libellée en euros et non en dollar. C’est la 1ère fois que j’entends qu’une entreprise délivre une facture dans une monnaie étrangère. C’est tout comme si une entreprise béninoise délivrait une facture en naira ! Il y a de quoi donner le vertige aux agents des services des impôts !

5°) Je le remercie beaucoup car ses déclarations représentent une forte contribution dans la manifestation de la vérité. En effet, la société SPL Sarl n’est rien d’autre que la fameuse société créée le 25 aout 2008, inscrite au registre de commerce n° RCCM/RB/COT/08 B-3525 – IFU n° 3200801194713 et qui a obtenu un marché gré à gré de plus d’un milliard 4 mois après sa création. D’autres sociétés en ont bénéficié. En attendant de revenir sur les accointances entre plusieurs bénéficiaires de ces marchés, je voudrais aussi signaler le cas de la société CDGA Sarl inscrite au registre n° RCCM/RB/COT/07- B-263 du 25/09/03 – IFU 3200700056910, qui a obtenu un lot de 100 tracteurs de 60Ch et accessoires de marque indienne. Cette société a obtenu des marchés de gré à gré d’un montant total de 3 milliards et 300 millions FCFA pour la fourniture de tracteurs  indiens (Voir imputation n° 395861388310024).

Cette même société CDGA Sarl a bénéficié en outre en 2009 d’un autre marché de 371 millions pour l’acquisition de matériels de rizeries au profit du PPMA et d’un autre de 227 millions au titre d’avenant au contrat de marché n° 462/MEF/MAEP/DNMP/SP relatif à la fourniture et installation de matériels, équipements et produits consommables de laboratoires d’analyses au Ministère de l’agriculture. Soit au total près de 4 milliards de marché en quelques mois.  

Pour terminer, et avant que je ne parle des prix réels des tracteurs acquis en Chine et en Inde, je voudrais rappeler au coordonateur du PPMA que les députés attendent toujours les documents réclamés.  

Janvier YAHOUEDEOU

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