Grogne des praticiens hospitaliers

Une grève illimitée  dans les hôpitaux dès le 1er février

(Le ministre Takpara demande une trêve de 3 mois)
A l’issue d’une marche de protestation qu’ils ont organisée hier sur le ministère de la santé, les praticiens hospitaliers ont menacé  de radicaliser leur mouvement de grève dès le 1er février 2010, le  rendre illimité et  sans service minimum. En réaction, le ministre de la santé les appelle au calme et plaide pour  une trêve de 3 mois. Du stade René Pleven d’Akpakpa  au ministère de la santé, les hommes en blouse blanche ont  crié, chanté et scandé des slogans hostiles au gouvernement. Ils sont  visiblement  très en colère contre le régime du Dr Boni Yayi et notamment    leur ministre de tutelle, le Professeur Issifou Takpara. Sur les banderoles qu’ils brandissent au passage, les messages sont de la même verve : « Halte à la prolifération anarchique  des facultés de médecine dans les universités », « Halte aux  non soins à l’hôpital public », « Halte  à la politique du signe à l’hôpital publique : ne rien voir, ne rien dire,  ne rien entendre ». Une centaine environ, bravant  le vent sec d’harmattan de ce jeudi matin pour aller exprimer leur ras-le-bol à l’autorité de tutelle.  Le ton du président du Collectif des   praticiens hospitaliers, le Dr Camille Kpadé, est  assez ferme devant  le ministre Takpara et son cabinet : «  le Collectif des praticiens hospitaliers vous rie  d’accepter qu’il s’adresse à vous aujourd’hui en prenant  à témoins le peuple  Béninois tout entier pour vous exprimer notre insatisfaction profonde. Il est dit  que le linge sale se lave en famille mais  comme depuis 15 mois que nous lavons  ce ligne sous votre charge, il n’est  toujours  pas propre, nous avons décidé d’appeler  le peuple Béninois au secours ». Il poursuit, la voix encore plus grave : « Ce jour 21 janvier 2010, nous sommes venus vous dire que nous n’en pouvons plus. Nous sommes  fatigués d’attendre les résultats des nombreuses communications en  Conseil  des ministres demeurées sans suite. Nous exigeons que  des actes relevant de votre ressort soient  pris  immédiatement. Nous ne pouvons plus nous contenter de promesses ».

Intervient alors la lecture de la motion de grève qui annonce des actions fortes auxquelles se prépare le Collectif des praticiens hospitaliers. Reconduction de la grève de72 heures sans service minimum à partir du mardi 19 janvier au vendredi 22 janvier 2010 à 08 heures dans tous les hôpitaux du Bénin, radicalisation de la grève , 7 jours sur 7, à partir du lundi 1er février 2010. C’est presque une guère sans merci qu’annoncent  ainsi  les médecins Béninois au gouvernement dans les tout prochains jours.  Les revendications qu’ils brandissent restent les mêmes : commande de l’équipement des hôpitaux à hauteur de 5 milliards, adoption et application des décrets portant statuts des praticiens hospitaliers et statuts des hospitalo-universitaires ;  mise en œuvre de la 2ème clause du protocole  d’accord du 22 mai 2008 concernant  le logement des médecins et l’incitation à la fonction hospitalière ;   revalorisation des indemnités de risque  au personnel paramédical ;   prise de l’arrêté  concernant  les gardes et astreintes ;   mise en application  des conclusions de la commission interne du 26 mai 2008 portant sur la nomination des responsables à la tête des établissements hospitaliers ;  rétablissement transitoire sans délai du Conseil d’administration du Cnhu conformément aux statuts en vigueur,   prise du décret portant restructuration    de l’espace hospitalier universitaire et enfin,    affectation des médecins0  et pharmaciens universitaires toujours sans poste hospitalier  dans les hôpitaux de l’espace Chu et la création des services hospitaliers requis pour la performance du système de santé.

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«  Je voudrais vous exhorter  à la patience et au calme » a déclaré pour sa part le ministre de la santé, Issifou Takpara. Car pour lui, « les revendications sont pour la plupart, d’ordre structurels et nécessitent du temps, de la patience, de ma persévérance et de la sérénité pour aboutir.» Il leur propose à cet effet, une trêve de trois mois  pour, dit-il, permettre à l’administration  d’avancer  dans la satisfaction de ces différentes revendications.

Christian Tchanou

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