Remaniement ministériel

Difficile exercice de fin de mandat pour Yayi

La formation d’un nouveau gouvernement s’annonce inévitable pour le chef de l’Etat à un peu plus d’un an des élections générales de 2011. Mais à voir les réalités actuelles du terrain, l’exercice s’avère bien périlleux. Le prochain gouvernement du président Boni Yayi doit être logiquement une équipe de combat pouvant lui permettre de gagner les élections de 2011. Mais pour y arriver, il rencontrera sur son chemin toutes les difficultés du monde, surtout qu’il est actuellement décrié par une grande partie du peuple, la classe politique nationale et la société civile. Tout d’abord au sein de la mouvance, certaines agitations s’observent çà et là. Plusieurs membres du gouvernement actuel se battent pour s’y maintenir. Ce qui s’illustre bien par le fait que chaque week-end,  ils créent des partis politiques, même s’ils n’ont aucune base électorale. D’autres caciques de la majorité présidentielle, n’ayant pas encore goûté aux délices du pouvoir, sont aussi dans la même logique. Ce qui fait qu’actuellement entre les partisans du président Boni Yayi, la guerre des intérêts fait rage. Comment le chef de l’Etat, soucieux de la cohésion de sa famille politique, pourra trouver la stratégie qu’il faut pour contenter les uns et les autres ? Difficile. L’expérience a montré  qu’il a souvent du mal à négocier, puisqu’il ne maîtrisait pas certaines réalités politiques de son pays avant d’accéder au pouvoir.

Cela signifie que la probabilité est très forte pour que le prochain remaniement soit synonyme de bouleversements graves au sein de la mouvance présidentielle. En plus, le président Boni Yayi, conscient de son incapacité à reconquérir son fauteuil tout seul, a besoin de tendre la main à ses adversaires politiques pour rejoindre son équipe. Selon les indiscrétions, il serait en pourparlers avec le G13 et chercherait aussi à récupérer certains leaders de l’Union fait la Nation. Cette ouverture politique lui sera très difficile à réaliser pour plusieurs raisons. Le G13 est une entité peu homogène puisqu’il est un ensemble de 13 députés élus sur différentes listes aux dernières élections législatives. Malgré cette faiblesse du groupe, le pouvoir n’a pas pu les avoir à ses côtés depuis leur « rébellion ».

Aujourd’hui, ils ont déjà radicalisé leur position contre le régime du Changement. La preuve est que le budget général de l’Etat exercice 2010 a été rejeté par une majorité parlementaire à laquelle ils appartiennent. Beaucoup d’entre eux sont très avancés dans leurs négociations avec le potentiel candidat Bio Tchané et d’autres défendent la cause de l’Union fait la Nation. Du côté des leaders politiques, toutes les démarches menées jusqu’ici par le chef de l’Etat pour briser leur coalition ont échoué. Pourquoi ? Le non-respect des accords précédents avec la classe politique dans son ensemble est un véritable handicap pour l’apôtre du Changement. Sur le terrain, les hommes politiques refusent de donner caution à un président qui les mettra au garage une fois arrivé au pouvoir. C’est pourquoi, ils voient leur entrée au gouvernement comme un piège.

Autres impératifs

La demande de réduction du nombre de portefeuilles ministériels par les partenaires au développement est également un os dans la gorge du président Boni Yayi. Il avait porté le nombre de ministères de 23 à 30 pour dit-on plus d’efficacité dans ses actions, même si la raison de ce choix était apparemment tout autre. Comment faire ? Il doit être en train de se poser cette question à un moment où il veut élargir sa famille politique.

De même, ses résultats peu reluisants aux plans social, économique et de la bonne gouvernance ne facilitent pas ses négociations ; certains leaders d’opinion ne veulent pas être comptables en fin de mandat du bilan à peine passable du régime du Changement. Pour beaucoup, il faut nécessairement l’alternance en 2011.
En somme, la formation du nouveau gouvernement apparait comme l’exercice le plus difficile pour le président Boni Yayi en ce moment. Réussira-t-il à s’en sortir ? On attend de voir.q
Jules Yaovi Maoussi

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