Berger au Mali, à dix ans, un âge où d’autres enfants sont sur les bancs de l’école, Malamine Koné quitte son village natal en 1982 et débarque à Saint-Denis, en France, sans parler un mot de français. Parce qu’il a une terrible soif de s’en sortir, il apprend le français et ambitionne de réussir dans le sport, en particulier la boxe.
Cela lui vaut quelques années plus tard de récolter un double titre de champion de France amateur. Mais en 1995, alors qu’il est présélectionné pour les J.O. d’Atlanta, le destin lui joue un mauvais tour. Un grave accident de voiture le contraint à raccrocher les gants mais aussi à renoncer à la carrière de policier qu’il envisageait de mener parallèlement à ses activités sportives. Il connaîtra douze opérations du genou et une convalescence de près de cinq années, de séjours à l’hôpital en séances de rééducation. « J’avais le moral à zéro, mais malgré cela, je n’ai jamais perdu espoir de pouvoir réussir dans une autre activité. » confirme-t-il.
Alors qu’il réfléchit à sa reconversion, il caresse le rêve de créer sa propre marque de vêtements de sport. Il n’avait pourtant aucune aptitude particulière ni en dessin, ni en design, ni même en matière de commerce. Sur les rings, ses adversaires l’avaient surnommé «la panthère». Il s’inspire donc de ce nom pour créer sa propre griffe et dessiner les quelques modèles de vêtements qui constitueront sa première collection. C’était une manière pour lui de rester dans le milieu sportif même s’il n’était plus athlète.
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Des débuts difficiles
En 1999, il prend le pari fou de créer sa propre marque de vêtements de sport Airness sur un marché écrasé par les géants Nike, Adidas et Reebok. Dès l’origine, il conçoit son projet de manière réfléchie et très professionnelle, dans une optique de long terme. Il ne souhaite pas lancer une marque de streetwear de plus, qui serait connoté « cité » ou « rap ». Il était décidé à faire d’Airness une marque de vêtements de sportswear généraliste et surtout pas étiquetée « banlieue ». Il sent qu’il y a une demande pour un nouvel entrant sur ce marché en quête perpétuelle de créativité. Il fait imprimer ses premiers vêtements griffés Airness. Les responsables de magasins hésitent à accepter ses articles dans leurs rayons. Il connaîtra de nombreux refus avant de pouvoir placer quelques vêtements.
Avec persévérance, Malamine Koné fait alors régulièrement le tour des stades de France et des sorties d’entraînement, le coffre de sa voiture rempli de vêtements, à la recherche de joueurs acceptant de porter la griffe Airness, tout en améliorant la qualité de ses produits pour pouvoir s’aligner sur les grands équipementiers.
L’heure de la réussite
Le secret de sa réussite, c’est aussi juridique. Grâce à un Deug de droit acquis quelques années plus tôt, Malamine Koné décèle le point faible des contrats liant équipementiers et footballeurs professionnels. Il s’engouffre donc dans la brèche et leur propose de les habiller hors du stade. Idée de génie qui permet à la marque de s’assurer une visibilité maximum au nez et à la barbe des grands équipementiers qui n’en reviennent toujours pas. La collaboration d’ambassadeurs à forte notoriété tels que Steve Marlet, son ancien copain d’école, Djibril Cissé, l’attaquant vedette de l’équipe de France alors inconnu, Christophe Dugarry, Daniel Van Buyten, Didier Drogba ou encore Sylvain Wiltord, permet à la marque de s’imposer plus rapidement surtout auprès des jeunes.
Six ans après sa création, il ne ménage pas ses efforts pour qu’ Airness s’installe durablement dans le cercle très fermé des équipementiers du football professionnel.
Après le succès de son aventure dans le textile, Malamine Koné se lance dans une politique active de licences. Dernier secteur en date, la téléphonie mobile, avec un premier appareil innovant destiné aux adeptes de l’univers Airness. Mais cette volonté de diversification ne s’arrête pas là. Airness a concédé tout une série de licences dans de nombreux secteurs d’activités comme le sportswear, les chaussures, les chaussettes, les lunettes, la papeterie et la bagagerie scolaire, la petite maroquinerie et les stylos, les montres ou encore le linge de maison.
Aujourd’hui, Malamine Koné se réserve environ 10% des revenus générés par Airness. Le petit berger du Mali est donc devenu un homme d’affaires puissant et à l’abri du besoin. Parti de rien, il a réussi à imposer sa marque dans plus de 2000 points de vente en France pour un chiffre d’affaires autour de 100 millions d’euros en 2005.
L’homme n’a pas pris la grosse tête. Pour preuve, Airness équipe la sélection nationale des « Aigles du Mali ». Quant à Malamine Koné, il fait régulièrement le voyage et soutient un certain nombre d’organismes notamment à but social ou médical.
(blog du club des entrepreneurs)
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