Une décision stupide, inutile et non réfléchie
La lecture de l'acte de dissolution publiée par la Fédération béninoise de football prête à rire, C'est même pire que ridicule, heureusement qu'on est au Bénin…. et que chez nous le ridicule ne tue pas. Que reproche-t-on aux joueurs? Des actes d'indiscipline, des comportements déviants, des écarts de langage voire du chantage et paf la sanction tombe : dissolution ! On comprend bien que ces messieurs n'ont jamais joué au football pour prendre une décision aussi disproportionnée.
Les problèmes de prime de match ont toujours existé dans le football et les champions dans l'art d'obtenir tout ce qu'ils ont demandé sont les Ghanéens et les Nigérians. Le bras de fer va parfois jusqu'aux veilles de matchs. La pratique peut heurter certaines consciences, mais c'est le moment idéal pour ces joueurs de défendre leur biftecks, et dans la plupart des cas ils ont eu gain de cause. Les pays occidentaux, et tout prêt de chez nous les responsables Ivoiriens, Ghanéens et Nigérians ont trouvé la solution pour éviter à l'avenir ces crises. En début d'année 2010, le capitaine allemand BALLACK et deux cadres de la sélection allemande ont négocié les primes de matchs pour le Mondial 2010. Les allemands auront droit à une prime qu'à partir des 1/4 de finale. En France également THIERRY HENRY, GALLAS et TOULALAN ont déjà négocié avec la Fédération française de football les primes de match pour le Mondial 2010. Lors de la CAN ANGOLA 2010 les Ghanéens, Nigérians et Ivoiriens savaient depuis le dernier match des qualifications quel était le montant de leur prime. Conséquence, aucune dispute, aucun souci et on prépare la CAN dans la sérénité. Au lieu de s'inspirer de ces exemples pour éviter à l'avenir des pertes de temps inutiles, on sort la grosse artillerie, on tue une mouche avec un marteau.
ŒUVRE DE TANT DE JOURS EN UNE NUIT EFFACEE
SEBASTIEN AJAVON a promis de virer tous les joueurs et il l'a fait. Bravo le boss. On est au moins rassuré sur la façon dont le football béninois sera géré…Le président de la Fédération MOUCHARAF ANJORIN voulait depuis longtemps la tête du sélectionneur. Bingo, il l'a eue, une pierre deux coups. Les joueurs refusent d'écouter le président de la ligue et campent sur leur position (10 millions cfa pour frais de participation). Les deux présidents se sentent humiliés, la vengeance se prépare déjà, même avant la CAN. On va voir ce qu'on va voir. Et hop on a vu les B52 de la dissolution. Il n'y a personne dans ce comité exécutif pour leur dire comment on gère une équipe de football et que si les Ecureuils ont fourni cette prestation à la CAN c'est le résultat de plusieurs années de préparation. Les joueurs récalcitrants sont connus et il suffisait pour une Fédération responsable de les blâmer, les avertir et en cas de récidive de les sanctionner financièrement. ROMARIC N'DRI de la Côte d'Ivoire a manqué de respect au coach Vahid et au groupe, JACQUES ANOUMA n'a pourtant pas dissous les Eléphants et renvoyé le staff technique. Muntari de l'inter Milan a été prié de rester chez lui pour manquement au règlement intérieur. On n’a pas dissous les Blacks stars du Ghana ; une simple réunion entre les joueurs et les dirigeants auraient permis de repartir sur de nouvelles bases, sur de nouvelles conditions, sur de nouvelles chartes et de nouveaux règlements il en n’est rien à moins que les raisons de cette dissolution ne soient vraiment ailleurs.
Même POLICHINELLE savait que les dirigeants contre la volonté du peuple, des supporteurs et des journalistes sportifs voulaient depuis la tête du sélectionneur national MICHEL DUSSUYER. Il refuse de rentrer dans la politique des 10% sur salaire et sur les primes de match. Il a supprimé le copinage et instauré la méritocratie. Leurs enfants et leurs neveux ne peuvent plus venir en sélection comme ils le souhaitent. Le bouc émissaire est tout trouvé, le coach, on aura sa tête et ils l'ont eue. Accrochons ce butin à leur tableau de chasse ; quid alors des joueurs ? Comment peut-on dissoudre une équipe dont on juge la participation à la CAN 2010 positive ? SEBASTIEN AJAVON ET MOUCHARAF ANJORIN ont décidé, le comité exécutif a suivi.
Les joueurs ont-ils manqué de respect aux dirigeants béninois ? La réponse est oui. Sébastien Ajavon et Anjorin ont-ils été hués et humiliés par les joueurs? La réponse est oui. Faut-il pour autant " dissoudre" toute une sélection ? Sachant que les statuts de la Fédération prévoient une commission de discipline et que les joueurs délicats sont identifiés ? Evidemment que cette décision n'a aucun sens et ne repose sur aucune logique.
La Fédération version AJAVON a connu sa première crise. Les éléments de réponse apportés ne convainquent personne quant à la capacité de cette équipe à gérer le football béninois. Les joueurs de Requins FC manquent de respect à leur mentor Sébastien Ajavon, paf il faut dissoudre les Requins. Il faut dissoudre Espoir de Savalou si par hasard un ou deux joueurs sifflent leur mécène SEBASTIEN Ajavon, les supporteurs chahutent ANJORIN au stade de l'amitié, sans blague on va dissoudre tous les groupes de supporteurs. On peut citer encore d'autres exemples pour montrer que cette décision est digne d'un bureau stalinien et ne résiste pas à une analyse rationnelle.
C'est dommage que des querelles de personnes, des motivations farfelues et certains intérêts personnels continuent toujours de motiver certains dirigeants béninois à porter des coups au football béninois. Ce football béninois dont Michel Dussuyer a défini les contours, a imposé une certaine discipline. Ce football béninois qui commence à ressembler à quelque chose. Ce football béninois qui est sur une pente ascendante et dont la vraie éclosion ne saurait tarder, il faudra désormais repartir de zéro. Le comité exécutif de la fédération nous annonce un entraîneur "local" intérimaire avec les dégâts collatéraux, on nous annonce une sélection locale pour le tournoi de l'UFOA dans quelques jours – pourquoi pas les joueurs de Cifas ? -, c’est vraiment triste pour le football béninois, mais comme les deux rois ont décidé, prière de se taire !
WENCESLAS TEKO (MARSEILLE)
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