Les héros oubliés de la Conférence nationale
On fête les 20 ans de la Conférence nationale sans se souvenir de la mémoire de ceux qui ont perdu la vie dans le combat contre le régime révolutionnaire. C’est là l’une des failles des différentes commémorations. L
a commémoration des 20 ans de la Conférence nationale de février 1990 a été une manifestation grandiose au cours de laquelle tout le monde a chanté les louanges des acteurs des grandes résolutions de cette assise historique. Mais, ceux par qui on est arrivé à la convocation de ce rendez-vous du Plm Alejo en 1990, ont été littéralement oubliés. Luc Togbadja, étudiant communiste dans les années 80, a mené un combat implacable contre le régime révolutionnaire. Il était l’organisateur des mouvements estudiantins contre la dictature du président Mathieu Kérékou. A cet effet, il a rendu la vie dure aux dirigeants de l’époque. C’est au cours de ce combat qu’il a été arrêté, torturé et tué. Aujourd’hui, on fête sans se souvenir de celui-là. L’autre exemple, est le vaillant élève du Ceg/Gbégamey, Parfait Atchaka, qui était un héro dans la lutte contre le pouvoir totalitaire du président Kérékou. Il soulevait ses camarades contre les dirigeants révolutionnaires. Il a connu le même sort que Julien Togbadja. Beaucoup d’autres ont perdu la vie à cause des sévices corporels qu’ils ont subis à Ségbana, au petit palais et en d’autres lieux de massacre des fanatiques du Parti de la révolution populaire du Bénin (Prpb). Ils étaient des hommes courageux pendant cette période. En principe, on devrait tenir compte d’eux dans l’organisation de la messe des 27 et 28 février derniers. Pourquoi n’a-t-on pas observé une minute de silence à la mémoire de ces vaillants fils de ce pays dont, sans la détermination, on ne saurait pas en train de parler de démocratie aujourd’hui au Bénin ? Pourquoi, lors des recommandations, rien n’a été prévu pour les dédommager ? Pourquoi n’a-t-on pas exposé leurs photos au palais des congrès de Cotonou et au stade de l’Amitié de Cotonou ? En dehors de ceux-là qui ont donné la vie pour la patrie, il y avait d’autres qui ont continué la lutte. Heureusement, certains d’entre eux sont en encore en vie. Thérèse Wahounwa, Séraphin Agbanhoungbata et consorts ont fait trembler les dictateurs de l’époque. De même, pendant cet affrontement contre les révolutionnaires, il faut saluer la détermination des syndicats, des enseignants et de tous les travailleurs qui ont tenu tête au président Kérékou. C’était la vie ou la mort. Et, c’est grâce aux stratégies et à la rage de vaincre du Parti communiste du Bénin (Pcb) que le peuple béninois a été amené à se soulever contre le président dictateur dont on chante les louanges aujourd’hui. Acculé, il était obligé de convoquer la conférence nationale, non pas pour laisser le pouvoir, mais pour que les Béninois aidassent à trouver solution aux problèmes socio-économiques qu’il avait dans la gestion du pouvoir d’Etat vers la fin des années 80.
Il est important de rappeler ce pan de l’histoire de ce pays. Ne pas le faire, c’est tricher avec l’histoire. Comme le disent les philosophes, l’histoire n’est pas une science exacte, car chacun y raconte ce qui l’arrange. Ce faisant, on est train de tuer les germes du militantisme et de la défense de la patrie. Qui peut se donner à une telle lutte, si l’on ne se souvient plus de ceux qui ont perdu la vie pour leur pays ? Personne. Pour preuve, aujourd’hui, on assiste à la dégradation de la conscience des Béninois. L’amour du pays s’est effrité. De 1990 à nos jours, la corruption, la recherche du gain facile, le clientélisme, le régionalisme, le népotisme et le favoritisme sont maîtres dans l’administration publique après la conférence nationale. Dans ces conditions, le pays ne va-t-il pas dans le gouffre ?
J. Y. M.