Abrogation de la Lépi

Premier indice de l’échec de Yayi en 2011

A un an de l’élection présidentielle, le chef de l’Etat, Boni Yayi vient d’essuyer un cuisant échec face à l’opposition dans la bataille de la Lépi. De l’avis de nombre d’observateurs, ceci constitue un mauvais présage pour le locataire de la Marina vu qu’il y a cinq ans et à pareille époque, il avait le vent en pourpre. L’après bataille de la Lépi s’est soldée par la victoire de l’opposition. La loi 2009-10 qui autorisait la réalisation la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), a été abrogée jeudi dernier contrairement à la volonté du président de la République. En effet, depuis le début du processus de réalisation de la Lépi,  l’opposition a formulé de nombreuses réserves en ce qui concerne la méthode d’exécution et dénoncé de fréquentes violations de la loi. A maintes reprises, les membres de l’opposition ont souhaité l’arbitrage du président Boni Yayi qui viendra mais bien plus tard. Selon l’interprétation faite par les opposants, le président apportait implicitement sa caution à la méthode cavalière d’Epiphane Quenum. Face donc à cette caution donnée par le gouvernement, l’opposition a introduit une loi abrogative. Malgré les multiples subterfuges des députés de la mouvance afin que le vote soit à plusieurs reprises repoussé, jeudi dernier la sentence est tombée. Par 46 voix pour et 33 contre les députés ont mis fin à l’application de cette loi. Du coup, on constate que beaucoup d’autres implications et conséquences découlent de ce vote.

D’abord, il faut remarquer que ceci est une victoire politique de haute portée pour l’opposition sur un terrain purement démocratique où c’est la loi du grand nombre qui s’impose à la minorité. Et pourtant, la mouvance a souvent démontré sa capacité à faire rallier des députés à sa cause à coup d’arguments sonnants et trébuchants. Autrement, l’opposition a su trouver des arguments pour convaincre certains députés de la mouvance. Mieux, ces députés de la mouvance se sont rendus compte eux-mêmes  de ce qu’il y avait réellement des problèmes au niveau du processus. C’est davantage une victoire en ce sens qu’elle était présentée comme la frange de la classe politique qui ne veut pas de la Lépi. Traitée de tous les noms, l’abrogation de la Lépi vient montrer à l’opinion nationale que même dans le camp de la mouvance présidentielle, certains étaient sur la même longueur d’onde que l’opposition.

D’un autre côté, a-t-on assisté à un interminable enchaînement de ruses et de subterfuges de la part des lieutenants du chef de l’Etat au niveau de l’Assemblée nationale afin que la mouvance puisse renverser la tendance. Mais ce fut une vaine peine.

L’autre conséquence de cette abrogation est que la loi proposée par l’opposition, sera dans son fond, votée. Le processus de la Lépi reprendra. Du coup, cette opposition tant vouée aux gémonies retrouvera un crédit auprès des Béninois. Quand on sait qu’au niveau de l’Assemblée nationale le vent a tourné et que peu à peu l’opinion nationale refait confiance à l’opposition, la présidentielle de 2011 pourrait ne pas sourire au président Boni Yayi.
Déjà, dans la bataille à venir pour la constitution de la Commission électorale nationale autonome (Cena), il n’est pas exclu que l’opposition dicte sa loi.

Des succès perlés donc qui pourraient être couronnés par la victoire à la présidentielle de 2011. La bataille de l’abrogation gagnée par l’opposition, constitue à tous ces égards le premier indice du déclin de l’apôtre du changement. Surtout qu’il est cerné de toutes parts par les syndicalistes et par les politiciens. Il ne cache d’ailleurs plus sa lassitude à conduire les affaires de l’Etat. 2011 sera peut-être l’heure de l’estocade.

Benoît Mètonou

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