Et de trois à la Cps-Lepi et la Mirena. Après Adam Kolawolé Sikirou et Epiphane Quenum, c’est le tour d’Evariste Kodjogbé de jeter l’éponge. Il a déposé sa démission – un peu comme Quenum – pour ne pas subir une destitution. Avec cette dernière démission, c’est le problème sérieux des enjeux et des intrigues politiques qui entourent ces postes qui est posé.
Depuis le vendredi 19 mars dernier, Evariste Kodjogbé n’est plus responsable du centre national de traitement des données. Il a démissionné de son poste de coordonnateur pour, dit-il laconiquement, « incompatibilité d’humeur ». Cette démission d’un des postes les plus sensibles du dispositif de réalisation de la Lépi confirme que c’est la loi de l’omerta qui y règne. En effet, c’est la Cnt qui est chargée du traitement de toutes les informations recueillies sur le terrain et de la gestion des données informatiques destinées à la réalisation de la Lepi. Une commission très sensible pour que la démission de son premier responsable laisse indifférent. Et c’est pourquoi il importe de savoir si c’est pour incompétence que Kodjogbé s’est retrouvé sous menace de destitution. L’intéressé est un éminent ingénieur en informatique, professeur à l’université et qui, selon ses proches, jouit d’une grande compétence en la matière. A priori donc, ce ne serait pas à cause de son incompétence qu’il a connu ce sort. On comprend alors qu’il a été victime d’intrigues politiciennes. Attitude de plus en plus récurrente à la Cps-Lepi et dans ses institutions satellites comme la Mirena où chaque camp politique veut toujours tirer le drap de son côté. Il a donc connu le même sort que Epiphane Quenum qui, une fois qu’il a commencé à revenir à la raison et à commencer à faire un effort d’impartialité, a été taxé de traître et simplement déposé.
2011 comme 2008 et 2007 ?
Le scénario qui conduit à la destitution successive des responsables des structures chargées de la mise en œuvre de la Lepi n’est pas nouveau. Il a été déjà expérimenté par la majorité présidentielle depuis les élections législatives de 2007. On se rappelle que c’est pour la première fois que les soubresauts ont ébranlé une structure impliquée dans l’organisation des élections. En son temps, une guerre de clan et une atmosphère de suspicion aggravée par les déclarations intempestives et tendancieuses du pasteur Alokpo ont abouti à la destitution du président de la Cena d’alors Sylvain Akpinkoun. En 2008, lors des élections communales, le même exploit a été réédité par la majorité présidentielle avec d’abord l’arrestation puis la relaxe de Michel Mankpénon pour un supposé « vol de cartes d’électeurs ».
C’est toujours elle qui a contesté à trois reprises l’élection de Pascal Todjinou comme président de la Cena. La suite, on le sait. Les résultats des élections communales ont été contestées un peu partout et continuent d’être reprises par la Sap-Cena. A cette allure, on ne doit pas s’étonner de voir la prochaine Cena gangrenée par des crises de confiance et des contestations les plus incongrues. C’est du sabotage des élections que la majorité présidentielle tire la substance de ses simulacres de victoire.
Marcel Zoumènou