Création du poste de Médiateur de la République

Tévoédjrè tire sa part du gâteau national

En voilà un  qui ne doit pas regretter d’être Béninois. Aux affaires depuis 1960 – hormis le temps de l’aventure à l’Oit -Tévoédjrè fait partie des béninois les plus heureux. Forclos pour la course à la magistrature suprême depuis 1999, il a réussi à trouver une autre sinécure : le médiateur de la république qui le fait oublier son échec de 1991 aux élections présidentielles. Rien n’est caché sous les cieux. Ceux qui en ont fait une maxime de vie, tombent rarement dans les travers et évitent souvent de faire quoi que ce soit qui ne peut être su du grand public.  Depuis quelques jours, en effet,  un  document court dans certains cercles de Cotonou. Il  porte sur les émoluments à payer au médiateur de la république avec les autres avantages et primes afférents. Un document interdit aux cardiopathes et aux hommes de peu qui ont gagné honnêtement leurs vies et qui n’ont jamais eu la chance de se frotter aux fonctions politiques. Eux, ne s’imaginent pas qu’un médiateur de la république, fut-il un soutien de taille pour l’avènement de Boni Yayi au pouvoir, puissent gagner autant que le président de la république et bénéficier d’autant d’autres avantages comme les voyages en classe affaire, deux voitures de service et beaucoup d’autres. Et c’est ainsi que par centaines et par milliers, ils ont été stupéfiés devant les avantages astronomiques que l’Etat béninois a pu octroyer à un vieil homme de 80 ans. A côté des milliers de fonctionnaires dont le salaire n’excède pas encore les 50.000F, le contraste est saisissant et même révoltant.  « Que l’Etat béninois est juteux », s’est exclamé un jeune fonctionnaire béninois du ministère des finances. Avec le recul et en prenant connaissance de ce document, on comprend pourquoi Albert Tévoédjrè reste muet sur l’effectif pléthorique du gouvernement de Yayi (30 membres) et ne trouve rien de mal sur les nombreux dossiers qui noircissent le quinquennat actuel. Aux temps du président Soglo, il avait fustigé et dénoncé l’effectif pléthorique d’un gouvernement qui n’en comptaient que 22 membres et criait fréquemment haro sur ce gouvernement pour des dossiers de mauvaise gestion. « La bouche qui mange ne parle pas », avait dit Houphouët Boigny.

Aujourd’hui, les élections communales peuvent durer tout le quinquennat de Yayi, Tévoédjrè ne voit pas. Idem pour les nombreuses autres déviances qu’on observe sur le plan de la privation des libertés, de la liberté de presse, de la gouvernance politique et même économique. Au contraire, il trouve qu’il y a assez de grève dans le secteur de la santé et de l’éducation parce que ces travailleurs sont moins soucieux de l’avenir du pays. Il ne voit que son pactole de la médiature qui lui permet d’avoir le lucre et le luxe et de faire beaucoup de voyages pour ses « affaires ».On se rappelle les nombreux plaidoyers et lobbyings effectués par Tévoédjrè pour obtenir la loi qui fait de son institution une structure légale. Au moment où les députés rejetaient fréquemment cette loi, Tévoédjrè se montrait fatigué et désintéressé, allant jusqu’à insinuer un jour (au Chef de l’Etat) qu’il était fatigué et qu’il envisageait de prendre sa retraite définitive. Son interlocuteur du jour a compris. La suite, on le sait…Depuis, plus de grise mine, ni de coup de fatigue. Tévoédjrè pète la bonne forme et se permet même d’écrire un livre au titre provoquant de « le bonheur de servir ».Il est de tous les colloques, recevant perdiem sur perdiem. Son arme ? Le charme du verbe qui lui permet d’éblouir son auditoire et de faire croire qu’avec le travail « nous vaincrons la fatalité ».N’est-ce pas le même homme qui a proclamé à la sortie de la conférence nationale il y a 20 ans que «  nous avons vaincu la fatalité ? »  L’utopie crève l’œil. De 1990 à nos jours, la situation s’est donc empirée puisqu’il n’a pu résoudre le problème de l’emploi alors que Kérékou l’a nommé  ministre pour cela. Alors, au regard de cette grille chronologique, Tévoédjrè peut-il se pavoiser de servir le peuple. Il aurait dû écrire « Le bonheur de se servir »L’éditeur ou lui même avait dû oublier le « se ».

Publicité

Marcel Zoumènou

Décret N°2010-014 du 21 janvier 2010 portant détermination des traitements et avantages du Médiateur de la République

Le président de la République, Chef de l’Etat, Chef du gouvernement
Vu la loi n°90-032 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin ;
Vu la loi n°2009-22 du 11 août 2009 portant institution du Médiateur de la République ;
 Vu la proclamation le 29 mars 2006, par la Cour Constitutionnelle des résultats définitifs de l’élection présidentielle de 19 mars 2006 ;
Vu le décret n°2009-260 du 12 juin 2009 portant composition du Gouvernement ;
Vu le décret n°2010-012 du 21 janvier 2010 portant attributions, organisation et fonctionnement des services du Médiateur de la République ;
Vu le décret n°2010-013 du 21 janvier 2010 fixant le traitement et les avantages alloués au personnel des services du Médiateur de l a République ;
Sur proposition du Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement ;
 Le Conseil des Ministres entendu en séance du 13 janvier 2010 ;
Décrète :
Article 1er : Conformément à l’article 2 du décret n°2010-013 du 21 janvier 2010, le présent décret détermine le traitement et les avantages alloués au Médiateur de la République.
Article 2 : Le traitement mensuel brut du Médiateur de la République est de deux millions six cent dix mille quatre (2.610.004) francs Cfa.
Article 3 : Le Médiateur de la République bénéficie en outre d’une prime mensuelle de sept cent cinquante mille (750.000) francs sur les charges non réparties (risque, incitation, déplacement et frais de représentation) qui lui est payée trimestriellement. Une prime unique d’installation de cinq millions (5.000.000) de francs Cfa est payée une fois au Médiateur de la République dès son entrée en fonction.
Article 4 : Les frais de mission du Médiateur de la République à l’intérieur du Bénin s’élèvent à soixante dix mille (70.000) francs par jour. Les frais de mission à l’extérieur du Médiateur de la République s’élèvent à cent cinquante mille (150.000) francs dans les pays de la Cedeao et à trois cent mille (300.000) francs pour les autres pays.
Article 5 : Le Médiateur de la République bénéficie des avantages ci-après :
  Deux véhicules de fonction dont un 4×4 ;
  Couverture sanitaire ;
  Personnel domestique ;
  Sécurité rapprochée de la protection du domicile.
Article 6 : Le Médiateur de la République voyage en première classe
Article 7 : Le présent décret sera publié au Journal Officiel.

Fait à Cotonou, le 21 janvier 2010

Par le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement

Le ministre d’Etat Chargé de la Prospective, du Développement, de l’Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l’Action
Gouvernementale,

Le ministre de l’Economie et des Finances

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité