Examen de la proposition de loi portant abrogation de la Lépi

Les différents scénarios possibles au Parlement ce jour

Les travaux de la session extraordinaire portant abrogation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) démarrent ce jour comme prévu par le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago. En de pareilles circonstances, les acteurs de ce qu’on peut appeler ‘’ La crise de la Lépi’’ ne vont pas manquer d’imaginations pour sortir des scénarios, à la limite, incroyables pour créer la surprise. Dans le cas où la plénière va se tenir, que va-t-il se passer ? A ce niveau, les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), visiblement contre l’abrogation de la Lépi, vont mettre tout en œuvre pour semer la zizanie sur le terrain. Comment ? Souvent quand il est question des sujets hautement politiques, les travaux démarrent tardivement. A l’Assemblée nationale, on a déjà vu des plénières convoquées pour 10 heures démarrer à 23 heures et parfois au-delà. Les députés profitent de ce temps mort pour poursuivre les tractations. Des réunions tous azimuts se tiennent dans les bureaux par groupes. Ce jour, la probabilité est très forte pour assister à ces genres de situations. Dès lors, c’est possible que le professeur Mathurin Nago, habitué aux jeux de couloirs de son institution, fasse son apparition dans l’hémicycle tardivement. L’objectif inavoué est de se créer un espace de temps pour mener les négociations, afin d’avoir une majorité capable de permettre à la mouvance de voter contre l’abrogation de la Lépi, puisque c’est pratiquement la dernière carte des Fcbe dans ce combat contre l’opposition. S’il échoue dans le débauchage des députés, la mouvance a encore d’autres cartouches dans son sac. Les activistes du pouvoir du Changement peuvent créer des situations de trouble dans l’hémicycle dans le but de bloquer l’évolution des travaux. Comme ils sont fertiles en imagination, ils peuvent tout inventer, même s’ils sont dans l’illégalité. Ce sont les députés Karim Chabi Sika, Djibril Débourou qui s’adonnent souvent à ces jeux. Dans le cas d’une plénière troublée, le président Mathurin Nago aura le loisir de s’en servir comme prétexte pour reporter la séance. L’opposition ne manquera pas alors de réagir ; elle va monter au créneau pour prendre l’opinion publique à témoin de la situation.

En dehors de tout cela, un autre schéma est possible, celui de bloquer la tenue de la plénière. Il est arrivé à plusieurs reprises de constater l’absence du président de l’Assemblée nationale à l’hémicycle, alors qu’il est au palais des gouverneurs. Les députés se fâchent, mais n’ont aucun pouvoir pour changer le cours des choses. Ou bien, il arrive sur les lieux des débats et constate que les deux secrétaires parlementaires ont brillé par leur absence. Ceci signifie une suspension des travaux. Ces cas de figures se sont déjà produits à l’Assemblée nationale. Pour preuve, il y a eu ici des sessions extraordinaires blanches au cours de cette législature.
La convocation des députés, ce jour, n’est pas encore synonyme de l’étude de la loi sur l’abrogation de la Lépi. Dans ces conditions, l’opposition n’est pas au bout du tunnel.
Jules Yaovi Maoussi

Un nouveau piège de Yayi ?

La volte-face du Chef de l’Etat dans son initiative de faire foirer l’abrogation de la loi instituant la Lépi ne peut être innocente. Il semble bien que l’on soit en face ici juste d’un repli tactique. Pour avoir depuis plusieurs mois fait tourner en bourriques les opposants et partisans d’une Lépi consensuelle, Boni Yayi ne laissera certainement pas se faire aussi facilement le vote d’une loi pour abroger la loi instituant la Lépi. Il n’est donc pas à exclure que se répète le scenario de lundi dernier où un incident dilatoire a empêché la session parlementaire de s’ouvrir. Les tours dont peut disposer aussi le Chef de l’Etat sont le recours devant la cour constitutionnelle qu’on lui sait acquise. Les arguments déjà évoqués pour demander l’irrecevabilité de la proposition de loi seront certainement encore valables pour casser la loi à voter ce jour. Dans tous les cas, la sérénité observée depuis lundi dans le camp présidentiel réserve bien de surprises aux partisans de l’abrogation de la Lépi. Boni Yayi a certainement encore des tours dans son sac.
Georges AKPO

La plénière s’annonce houleuse

Les députés vont retourner ce jour au palais des gouverneurs à Porto-Novo dans le cadre de l’ouverture de la session extraordinaire convoquée à nouveau par le président de l’Assemblée nationale. Un seul point est à l’ordre du jour de cette session extraordinaire, l’examen de la proposition de loi portant abrogation de la Lépi et du Rena. Ce dossier a suscité depuis quelques jours de nombreuses polémiques par rapport à l’effectivité de sa tenue. Pour mémoire, les députés étaient convoqués le lundi dernier pour examiner ce dossier très sensible. Mais ils ont été très tôt désillusionnés. Une lettre envoyée au parlement par le Chef de l’Etat a tout foutu en l’air. Cette lettre en date  du 25 février 2010 demandait l’irrecevabilité pure et simple de la proposition de loi abrogeant la Lépi et le Rena. Cette lettre a étonné plus d’un et a donc suscité la réaction des députés de l’opposition. Même les têtes de pont de l’Union fait la Nation à savoir Me Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Rosine Vieyra Soglo, Séfou Fagbohoun, Lazare Sèhouéto, Antoine Kolawolé Idji ne sont pas restés en marge de la situation. Ils ont aussitôt organisé une conférence de presse pour dénoncer ce hold-up du Chef de l’Etat et la violation flagrante du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. A la suite de cette sortie musclée des ténors de la coalition de l’opposition, le Chef de l’Etat n’a eu d’autre alternative que de revoir sa copie en annulant sa décision demandant l’irrecevabilité et en envoyant une autre correspondance au président Mathurin Nago pour rectifier le tir. C’est devant ce camouflet de l’opposition que le président de l’Assemblée nationale aurait convoqué pour ce jour,  l’ouverture de la session extraordinaire afin d’examiner ce dossier.

Tenant compte de tout ce qui s’est passé le lundi dernier au parlement, on est en droit d’affirmer que la plénière de ce jour sera très mouvementée puisque les députés de l’opposition n’auront pas leur langue dans leur poche. Des tirs croisés seront enregistrés de part et d’autre de chaque camp politique. On assistera à une séance plénière très houleuse ce jour à l’hémicycle. Il appartiendra alors au président Mathurin Nago d’user de diplomatie pour calmer les ardeurs des uns et des autres afin d’éviter une implosion au sein de l’hémicycle.
Ismail Kèko

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