Des salaires frappés de défalcations
Des agents en grève au Centre national hospitalier universitaire ( Cnhu) Hubert Maga, sont désormais frappés d’une mesure de défalcation sur leurs salaires. La décision date de 23 février 2010 et trouverait sa justification dans la situation hautement critique de la caisse de l’hôpital en ces moments. Entre autres, la charge salariale aurait déjà atteint près de 60 % dans le budget annuel. Les salaires du mois de février, de mars et peut-être de tous les autres mois à venir sont désormais menacés de défalcations au Centre national hospitalier universitaire ( Cnhu) Hubert Maga ; si les grèves actuelles se poursuivent. Cette décision est tombée depuis le 23 février dernier dans l’hôpital et émane de la direction générale. Dans la note de service ( Voir fac-similé) signée du Directeur général, Idrissou Abdoulaye, référence a été faite à l’article 24 de la Loi N°2001-09 du 21 juin 2002 qui stipule que « toute grève entraîne une réduction proportionnelle du traitement ou salaire et des accessoires…. ». L’article 20 de la Convention de coopération entre le Cnhu et la Faculté des sciences de la santé a été également évoqué. Il précise, en effet que «…, les personnels hospitalo-universitaires en activité perçoivent, après service fait, une indemnité de prestations sanitaires, due au titre des activités exercées pour le compte du Cnhu et payée par l’hôpital… ».
Si la Direction générale en est arrivée, il y a peu, à cette décision, des sources proches à elle, l’expliquent par la diminution drastique des recettes de l’hôpital pour baisse d’activités. Selon les mêmes sources, les recettes mensuelles actuelles enregistrées tournent autour de 80 millions de francs Cfa, alors que les charges salariales mensuelles atteignent actuellement 200 millions de francs Cfa. Un déficit pour le moins grave, qui fait craindre déjà une situation de cessation de paiements de salaires dans cet hôpital les mois à venir. En approchant presque le taux de 60% de charges salariales dans le budget annuel de l’hôpital contre le 35 % règlementairement admis, le Cnhu court ainsi de grands risques et pourrait s’enfoncer davantage dans le gouffre financier avec les perturbations en cours. Les recettes du mois de février auraient même baissé jusqu’à 40 millions de francs Cfa. C’est d’ailleurs la goutte d’eau qui semble avoir débordé la vase, car la décision de défalcations de salaires date du même mois. Avec les 1200 agents actuellement en service dans cet hôpital, la caisse interne est sans doute étouffée face aux nombreuses revendications à incidence financière exprimées. A part la subvention annuelle de l’Etat, environ 1milliard 400 millions de Fcfa, servant essentiellement à payer l’oxygène et l’alimentation en eau et en électricité, hôpital n’a d’autre salut que ses propres recettes.
Et pourtant…..un protocole d’accord
En signant récemment un protocole d’accord avec presque tous les syndicats de l’hôpital, la direction générale croyait mettre fin aux perturbations. Mais, un syndicat, à savoir le Syntra-C sur les huit n’a pas posé sa signature au bas du document, à la dernière minute, a-t-on appris. Et c’est ce dernier qui poursuit la grève avec un nombre non négligeable de militants, puisqu’il regroupe la plupart des conventionnés, très nombreux dans cet hôpital. Et pourtant, des mesures allant dans le sens de l’amélioration des conditions de travail des agents émaillent de ce protocole à la satisfaction générale de plusieurs travailleurs et responsables syndicaux, qui n’ont pas hésité à déposer les armes. La situation financière de l’hôpital ne s’y prête guère, mais il fallait prendre de nouvelles mesures pour calmer les ardeurs, se défend la direction générale. Entre autres, il a été mentionné dans ledit protocole que la direction du Cnhu s’engage à apurer, et ce, avant la fin de l’année 2010 tous les arriérés de cotisation de la Cnss et du Fnrb afin de permettre aux travailleurs en activité comme à la retraite de rentrer entièrement dans leurs droits d’assurés. Plusieurs primes ont été aussi revues à la hausse, dont celle de fête de 3000 F à 5000 F, d’arbre de noël de 2500 à 5000 F. Mieux encore, la direction a pris l’engagement de libérer la prime de rendement du 1er trimestre 2010 dans la première quinzaine du mois d’avril 2010. Les agents qui grèvent encore ne sont pas certainement dans la même logique. Ils pensent que la satisfaction des différentes revendications est déjà possible. De leur côté, les hospitalo-universitaires en service au Cnhu n’entendent pas non plus baisser les bras de si tôt. Leur mouvement de 7jours sur 7 reste en vigueur. Le service minimum n’est pas effectif partout dans l’hôpital. Les médecins exigent 100.000 F par jour comme prime de réquisition, contre la volonté de la direction générale qui déclare ne pas aller au-delà des 28.000 Fcfa, tels qu’ils sont payés pendant les jours fériés et les jours non ouvrables. Dans les services où ils travaillent au Cnhu, la situation est encore plus grave aujourd’hui.
Des sources hospitalières révèlent déjà plusieurs cas de décès liés au refus de ces médecins d’intervenir sur des cas critiques. Le Collectif des praticiens hospitaliers table sur deux revendications majeures pour arrêter sa grève : la prise du décret portant organisation et fonctionnement du ministère de la santé et des décrets portant statuts particuliers des praticiens hospitaliers puis des hospitalo-univesitaires. « Pour la survie de l’hôpital, nous ne pouvons plus reculer, nous l’avons décidé » continuent-ils de clamer haut et fort.
Christian Tchanou