La troisième voie ? Non ! La seule et unique voie.

Nous connaissons la célèbre rengaine du film Le bon, la brute et le truand, l’un des grands « westerns spaghettis» du non moins fameux réalisateur italien Sergio LEONE : le monde est divisé en deux catégories. En l’occurrence pour ce qui concerne le Bénin, le monde politique est divisé en deux grandes catégories ; il y a les éternels frimeurs, ceux qui jouent des viscères ou des muscles, pour participer à la grande bouffe autour du régime actuel ou en montrer plein la vue à leurs concitoyens, et il y a ceux, beaucoup moins nombreux, qui s’intéressent réellement à l’avenir de notre pays et de l’Afrique.  La première catégorie n’a évidemment ni mon admiration, ni mon respect ; vous n’avez aucun effort à faire pour comprendre les vraies motivations de leurs gesticulations ; car elles sont simples : je suis avec les gagnants, jamais avec les perdants. Il y a actuellement au Bénin une brochette de citoyennes et de citoyens qui commencent heureusement à se connaître entre eux. Les grands chroniqueurs de mes amis sont de la partie, nonobstant l’égarement de certains qui encore une fois sont alléchés par un nouveau Messie, introuvable bien sûr. Il y a aussi ces femmes, mes braves « dadas ». Elles sont nombreuses, mais pour moi deux de ces femmes de cœur sortent du lot : Mesdames Anne Cica ADJAI et Célestine ZANOU. Cette dernière a le don des métaphores géniales. La dynamique du changement pour un Bénin débout qu’elle nous a offerte la première, n’est bien sûr pas le pâle Bénin du changement que les opportunistes en tout poil ont galvaudé. Dieu ! Qu’elle sait m’épater, cette dame. A peine ai-je commencé à cogiter sur la voie originale que nous avons, nous autres Béninois, toujours créatifs depuis la colonisation, à proposer à l’Afrique pour l’aider à sortir de l’impasse, qu’elle me « souffle » mon inspiration. Non ! La voie africaine vers la démocratie ne sera jamais cette démocratie occidentale, concurrentielle et compétitive et à la longue conflictuelle. Dans la mesure où personne ne s’oppose vraiment au régime en place, sauf ceux qui n’ont plus rien à en espérer, et que tout le monde est poussé, par tropisme ou par opportunisme, à fricoter avec lui dans l’attente de gratifications, une division sommaire entre une prétendue opposition (sur quelles bases politico-idéologiques) et une mouvance, masse informe et sans beauté, n’a aucun sens. Pourquoi donc chaque samedi, un mouvement politique ou un parti politique est porté sur les fonts baptismaux ? Les centaines d’organisations politiques existantes ne suffisent-elles pas pour accueillir ceux qui veulent « soutenir » le régime du changement ou ceux qui sont alignés sur les idées des partis de l’UN et qui veulent ouvertement l’alternance à la tête de l’Etat en 2011 ? Cependant, réflexion faite, pourquoi veut-on cette alternance politique lors donc que l’on avait contre toute attente massivement soutenu ce chef en 2006 ? Ne me dites pas qu’on s’est trompé. Seul un con ou un niais se trompe en politique. Alors, n’est-ce pas qu’on s’est « fait avoir » dans la distribution des dépouilles ? Si tel est le cas, ayons le courage de reconnaître qu’il n’y aurait plus aucun opposant si le Président Boni YAYI n’avait pas commis l’erreur politique « d’entuber » ses anciens alliés ! Le « social scientist » en déduit que pour la majorité des opposants, les motivations sont d’abord alimentaires ou éminemment carriéristes. Il est honnête de reconnaître les déterminants psychologiques des ambitions du cursus honorum fortes et prégnantes chez toutes les élites africaines ; et je rends grâce à ces deux dames évidemment honnêtes, de se rendre compte très tôt qu’une opposition au régime en place, sauf pour des gens qui ont été longtemps ministres et qui en sont blasés, des députés inamovibles parce que leaders indéracinables dans leur fief ou des gens qui n’ont plus rien à envier au Président Boni YAYI, est seulement stérile. Il ne reste donc plus que cette seule voie, celle que Madame ZANOU appelle la troisième voie et qui n’est pour moi que la seule voie possible dans une démocratie émergente : celle d’un débat national monnayé en plusieurs rencontres accoucheuses du consensus, de la paix sociale et du développement. J’en vois tout de suite six pour relever les grands défis auxquels fait face notre pays :

1)    la formation de la génération montante ;
2)    l’emploi des jeunes ;
3)    la délicate question des salaires et des primes ;
4)    la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption et le gaspillage ;
5)    la redynamisation du secteur privé et la promotion du monde rural ;
6)    la définition d’une politique sociale  hardie dans l’objectif de la réduction de la pauvreté et de la mise en œuvre d’un programme ambitieux de sécurité sociale et des facilités à octroyer aux femmes et autres couches défavorisées pour l’accès aux micro-crédits.

Au nom de la République, beaucoup de Béninois sont prêts à servir leur peuple !
   
Par Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC

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