Le progrès des femmes est un progrès pour l’humanité

…et le progrès de l’humanité fait progresser les femmes

(Les femmes du monde ont répondu à cet appel)
Il y a quinze ans s’est tenue à Pékin, en présence de délégués de cent quatre-vingt-neuf pays, la Quatrième Conférence mondiale des Nations unies sur les femmes. Il en est ressorti une exhortation de la communauté internationale à l’action, en faveur des lois, des réformes et des changements sociaux qui s’imposaient pour que les femmes et les filles du monde entier aient la possibilité de réaliser leur potentiel venu de Dieu et de contribuer au progrès et à la prospérité de leur société.

Aujourd’hui même, dans des villes et villages de divers pays et continents, des femmes gèrent des abris pour les victimes de violence au foyer et luttent contre la traite des personnes. Elles sauvent des filles de la prostitution forcée au Cambodge, briguent des postes électifs au Koweït, guérissent des femmes blessées de l’accouchement en Éthiopie, dirigent des écoles pour réfugiés en Birmanie et reconstruisent des logements au lendemain des tremblements de terre à Haïti et au Chili. Sans remerciements ni fanfare et, souvent, sans trouver guère d’appui, les femmes s’emploient à améliorer leurs conditions de vie et celles d’autrui.

Leurs efforts portent leurs fruits. Aujourd’hui, davantage de filles sont scolarisées de par le monde. Davantage de femmes ont un emploi et servent dans la fonction publique. Et davantage de pays ont adopté des lois reconnaissant l’égalité hommes-femmes, encore que pour trop de femmes, les lois existantes ne soient pas encore appliquées dans la réalité quotidienne.

Mais notre progrès est loin d’aboutir. Les femmes représentent toujours la majorité des pauvres, des illettrés, des malades et des affamés de la planète. Elles représentent la majorité des agriculteurs du monde, mais n’ont souvent pas le droit de posséder la terre qu’elles cultivent ni d’accéder au crédit de façon à rentabiliser les exploitations. Les femmes soignent les malades partout dans le monde, mais les femmes et les filles ont moins de chances d’obtenir elles-mêmes des soins lorsqu’elles sont malades. Rarement la cause de conflits armés, elles en subissent toujours les conséquences et sont souvent tenues à l’écart des négociations de paix. Enfin, la violence contre les femmes demeure une pandémie mondiale.

Le statut de la femme n’est pas seulement une question de moralité et de justice. Il s’agit aussi d’un impératif d’ordre politique, économique et social. Les faits sont irréfutables : lorsque les femmes ont la liberté de développer leurs talents et de contribuer pleinement à la vie de leur société, tout le monde en profite.
Lorsque les femmes sont libres de voter et de briguer une fonction élective, les gouvernements fonctionnent plus efficacement et répondent mieux aux attentes de leur peuple. Lorsque les femmes sont libres de gagner leur vie et de démarrer une petite entreprise, elles deviennent des moteurs de croissance économique. Lorsque les femmes ont la possibilité de s’instruire et de se faire soigner, leur famille et leur collectivité prospèrent. Les sociétés où les femmes obtiennent l’égalité des droits sont plus stables, plus paisibles et plus sûres.
La promotion de l’égalité hommes-femmes se situe au cœur de la politique étrangère des États-Unis. Nous pensons que les femmes jouent un rôle crucial dans la solution de pratiquement tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés, et que les stratégies qui font fi de la vie et des contributions des femmes ont peu de chances de réussir. Nous considérons l’assujettissement des femmes comme une menace à la sécurité nationale des États-Unis et à la sécurité générale du monde. C’est pourquoi nous intégrons les femmes dans toutes nos actions de par le globe.

En Afghanistan, la participation des Afghanes aux prises de décisions relatives à l’avenir de leur pays est indispensable à un développement durable, à une meilleure gouvernance et à la paix. Pour cette raison, nous avons élaboré un Plan d’action pour les femmes destiné à favoriser leur promotion à des postes de direction dans les secteurs tant public que privé, à accroître leur accès à l’éducation, à la santé et à la justice, et à créer des emplois pour les femmes, surtout en agriculture. En un mot, les femmes sont essentielles à l’instauration d’un avenir meilleur en Afghanistan.

Les femmes sont aussi un élément central de nos efforts visant à faire du développement l’un des piliers de notre politique étrangère, au même rang que la diplomatie et la défense. Ce sont elles qui produisent la nourriture pour le monde, qui vont chercher l’eau, qui ramassent le bois de feu et qui lavent le linge – et qui, de plus en plus nombreuses, travaillent dans les usines, gèrent les commerces, lancent de nouvelles entreprises et créent des emplois : elles sont de puissantes artisanes de croissance économique et de progrès social.
La promotion de la femme est étroitement liée à trois grandes initiatives de politique étrangère des États-Unis actuellement en cours.

Notre Initiative mondiale en matière de santé représente un engagement de 63 milliards de dollars visant à améliorer et renforcer les dispositifs de santé dans le monde. L’amélioration de la santé maternelle et infantile en est l’une des priorités.

Notre programme mondial de sécurité alimentaire est un engagement de 3,5 milliards de dollars destiné à promouvoir la production alimentaire dans le monde et à faciliter la distribution des produits alimentaires sur les marchés, de manière à ce qu’ils procurent aux agriculteurs un revenu suffisant pour faire vivre leur famille et à ce qu’ils soient partout disponibles. Ce programme met l’accent sur l’aide aux femmes, lesquelles constituent la majorité des agriculteurs dans les pays en développement.

Afin de faire face aux changements climatiques, les États-Unis se sont engagés à aider à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 afin de répondre aux besoins des populations en matière d’adaptation et d’atténuation. Certes, tous les êtres humains ressentiront les effets des changements climatiques, mais ceux-ci toucheront particulièrement les femmes des pays en développement qui, souvent, doivent assumer la responsabilité de pourvoir aux besoins de la famille en vivres et en carburant. Notre plan vise à assurer aux femmes les moyens de participer à la solution de cette crise mondiale.Ces initiatives reflètent une valeur fondamentale de la politique étrangère des États-Unis : le progrès mondial est impossible si l’on prive les femmes et les filles de leurs droits et si on les néglige.

Que nous habitions New York ou New Delhi, Lagos ou La Paz, les femmes et les filles partagent la plupart des mêmes luttes et aspirations. Le principe de l’égalité pour les femmes est une vérité simple, évidente en elle-même, mais son application pratique est rarement aisée. Il faut des années, voire des générations, de travail patient et laborieux pour modifier non seulement les lois d’un pays mais aussi les mentalités, pour tisser dans la culture et dans les traditions, dans le discours public et dans les opinions individuelles, le fait incontestable de la valeur des femmes et des droits de la femme. En 1995, le monde a proclamé d’une seule voix que les droits de la personne étaient des droits de la femme et que les droits de la femme étaient des droits humains. Aujourd’hui, nous devons proclamer d’une seule voix, et une fois pour toutes, que le progrès des femmes est un progrès pour toute l’humanité, et que le progrès de l’humanité fait progresser les femmes.

Par Hillary Rodham Clinton

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