Sur le caractère régionaliste de l’Union fait la nation

«Halte à l’ineptie collective»

Alors capitaine, il fut radié de l’Armée pendant la «révolution», sous l’accusation de coup d’Etat. Après sa sortie de prison, il crée et dirige avec succès l’entreprise Etib. Il sera aussi président du Patronat du Bénin pendant plusieurs années. La conférence nationale l’a réhabilité et réintégré dans l’Armée au grade de Colonel, avec admission automatique à la retraite. Mué dans  un long silence depuis 1995, il donne son point de vue ici sur les accusations taxant l’Union fait la nation de regroupement régionaliste.

 

Depuis avril 1995, je me suis volontairement mis à la retraite politique, m’interdisant ainsi tout débat politique. Mais depuis la dernière sortie de ‘l’Union fait la Nation» pour l’adoption de la convention devant régir ladite union, les réactions, les manifestations et les diverses prises de position pour stigmatiser le caractère régionaliste, voire attentatoire à l’Unité Nationale du pays, m’obligent à sortir de mon mutisme pour dire: Halte à l’ineptie collective.

Ceux qui véhiculent l’idée que les formations du sud se regroupent au sein de l’Union fait la Nation pour barrer la route du pouvoir aux autres formations du Nord, font quelle lecture de notre charte des partis?

Il y est écrit quel que part qu’aucun parti n’est autorisé à animer la vie politique au Bénin s’il n’a un certain nombre de militants dans chacun des anciens six départements de notre pays.

Est-ce à dire que depuis leur création:

le PRD du Maître Adrien
HOUNGBEDJI
la RB du Président Nicéphore D. SOGLO
 le PSD de Bruno AMOUSSOU
le MADEP de Séfou FAGBOHOUN
et Force Clé de Lazare SEHOUETO  n’ont en leur sein aucun militant du Nord? Et pourquoi cette idée? Le Sud est-il condamné selon ceux-là, à n’être que des wagons que la locomotive du Nord doit traîner ad vitam aeternam?
 

Au nom de quelle logique démocratique, ceux qui s’agitent contre ce regroupement de «l’Union fait la Nation» pensent qu’en politique, s’allier des forces partageant la même vision pour combattre un adversaire commun, est un acte de régionalisme, de racisme et de sectarisme?

En vertu de quelle idéologie ces thuriféraires de tous les régimes prônent de tels propos?
 

Qui leur a dit et prouvé que tout le Nord fait l’unanimité autour de leur candidat?

Les anciens n’étant pas tous morts, permettez que je vous rafraîchisse  la mémoire par quelques faits et dates politiques. Savez-vous qu’à  l’accession du DAHOMEY à la souveraineté internationale le 1 er août 1960, la vie politique de notre pays était essentiellement animée par trois grandes formations politiques que sont:  – le Parti Républicain du Dahomey (PRD) du feu Président APITHY Sourou MIGAN ;
– l’Union Démocratique Dahoméenne (UDD) du feu Président AHOMADEGBE Tometin Justin; le Rassemblement Démocratique Dahoméen (RDD) du feu Président Hubert Koutoukou MAGA. Ces trois formations qui avaient des  militants fidèles dans chacun de nos départements du Sud au Nord, se partageaient le Dahomey d’alors chacun dans sa zone d’influence.
Le Président APITHY au sud avec la main mise sur toute la région de l’Ouémé avec quelques incursions de l’UDD d’AHOMADEGBE avec laquelle ils se partageaient le Mono.
Le Président AHOMADEGBE avait essentiellement sous son influence, toute la région du Zou Sud qui constituait la région historique d’Abomey et une bonne partie du pays Mahi, ensuite Ouidah et ses environs avec la ville cosmopolite de
Cotonou. ‘ Le Président MAGA avait la maîtrise de toute la région septentrionale avec quelques poches d’irréductibles UDD à Kandi, Malanville et Natitingou.
Mais ce que vous devez surtout savoir, est que notre premier Président de cette Nation, le vénéré Hubert MAGA n’a pu être porté à la Magistrature Suprême, que par le jeu d’alliance RDD et UDD en 1960 au détriment du Président APITHY. Personne à l’époque ni au Sud, ni au Nord n’a crié au régionalisme.
Il n’empêche qu’après le succès de cette alliance qui a porté le Président MAGA au pouvoir, RDD et PRD se sont retrouvés pour former le (PDU) Parti Dahoméen de l’Unité et jeter en prison le Président AHOMADEGBE. Personne ni au Sud, ni au Nord n’a crié au régionalisme.
Mais sachez aussi que quand cela n’allait plus bien au sein du PDU (Parti Dahoméen de l’Unité), qui a régné de 1961 à 1963, c’est encore par la retrouvaille des partis PRO d’APITHY et l’UDD de Justin T. AHOMADEGBE, qu’à partir de l’affaire du Député BOHIKI Daniel de Sakété, que le Président Hubert MAGA par un grand mouvement de soulèvement populaire des 26, 27 et 28 Octobre 1963, baptisées les trois glorieuses, ont donné lieu à la chute du Président MAGA.
L’union PRD et UDD avait donné naissance au grand parti POO Parti Démocratiqve Dahoméen (WOLOGUÊDE) qui n’a duré de Mars 1964 qu’au 22 Décembre 1965.
Tout cela paraissait un jeu d’intérêt politique normal qui participait de l’esprit démocratique du Dahomey avant le Renouveau Démocratique.
Personne ne criait au régionalisme. Pendant les intermèdes militaires de 1965 à 1972, qui a œuvré au sein de l’armée à l’avènement des jeunes cadres de 1967 à 1968 pour porter le Lieutenant Colonel KOUANDETE Iropa Maurice au pouvoir? Je pus vous affirmer que cela a été essentiellement l’œuvre des officiers et sous officiers du Sud qui ont nom encore:
– KITOYI Romuald
– AïKPE Michel
– ASSOGBA Janvier et autres.
En 1972, quels étaient les piliers du Coup d’Etat du 26 octobre 1972 ayant porté au pouvoir le Commandant KEREKOU ? C’étaient encore:
– AïKPE Michel et son adjoint
ADJADOHOUN Marcellin
– ASSOGBA Janvier
– ALLADAYE Michel
– ZINZINDOHOUE Clément,
– AKPO Philippe et consorts.

Qui a gouverné avec KEREKOU pendant les 17 ans du GMR (Gouvernement Militaire Révolutionnaire) en passant par le Parti de la Révolution Populaire du Bénin (PRPB) ?

Ce sont en grande majorité les officiers et les cadres du Sud. Le Général KEREKOU n’aurait jamais fait cette durée historique et unique dans notre histoire politique contemporaine au pouvoir, s’il avait régné sur une base régionaliste,
Analysons maintenant les faits et actes politiques de la période du renouveau démocratique.

En 1991 le Président SOGLO a battu démocratiquement selon les urnes le Général KEREKOU, qui s’est plié en grand Patriote et Démocrate au verdict de celles-ci. Il n’y a pas eu de régionalisme ni au Nord, ni au Sud.
En 1996, le Président HOUNGBEDJI  Adrien a soutenu KEREKOU contre SOGLO. Personne au Sud ni au Nord n’a vu en cela un acte régionaliste.
Au cours des mêmes élections présidentielles de 1996, le Président AHOMADEGBE a publiquement par un communiqué de son bureau politique, soutenu également le Président KEREKOU contre SOGLO. Personne n’a crié au régionalisme ni au Nord, ni au Sud.
En 2001, pour sauver la démocratie a dit Bruno AMOUSSOU, a accepté contre SOGLO et HOUNGBEDJI d’aller au 2ème tour avec; KEREKOU, ce qui a légitimé ainsi son élection pour exercer le 2ème mandat prescrit par notre loi fondamentale. Là encore, personne au Sud ni au Nord n’a crié au régionalisme.

Celui qui incarne un changement au BENIN depuis 2006 a été l’œuvre de qui?

C’est encore le Président SOGLO, alors qu’il servait dans son cabinet à la Présidence comme Conseiller Economique aux Affaires Bancaires et Monétaires, qui l’avait proposé pour diriger la BOAD. Ce qui sans nul doute, l’a aidé dans sa course au fauteuil présidentiel du BENIN. Je veux nommer l’actuel Président de la République le Docteur Boni
YAYI.

N’y avait-il pas d’autres cadres émérites du Sud aux côtés du Président SOGLO au moment, où il proposait le conseiller Boni YAYI à la Présidence de la BOAD ?

Pourquoi personne au Sud n’a réagi pour crier au scandale régionaliste ?
En 2006 au 1er  tour, le candidat YAYI n’avait réuni que 35% de l’électorat béninois.
.

Comment aurait il pu avoir au 2ème tour, si ceux qui forment aujourd’hui «l’Union fait la Nation», n’étaient pas allés vers lui, pour porter son score de 35% à 75% ?

Est-ce là aussi un acte de régionalisme de ceux-là qu’on qualifie aujourd’hui de régionalistes, de briseurs de l’unité Nationale, que sais-je encore?
Si ces forces comme d’autres se détachent de leur allier de circonstance pour créer un autre creuset, où elles peuvent bien mener le combat politique pour arracher le pouvoir, qu’ils pensent lui avoir facilité à tort ou à raison en 2006 au second tour, quoi de plus normal, banal et juste dans un jeu politique?
Tout ceci participe encore une fois du jeu politique et démocratique normal, qui vise à se mettre ensemble pour être plus fort. Il est injuste et malhonnête de prêter aujourd’hui du seul fait de leur regroupement des propos ou des actes régionalistes, répréhensifs et attentatoires à la cohésion nationale, à des Dirigeants qui plusieurs décennies durant, ont porté au pouvoir nos frères du Nord, contre leurs frères du Sud.
Cesser donc de prôner des injures à ces Dirigeants qui ont prouvé dans leurs actes du passé comme ceux du présent, qu’ils sont plus patriotes, plus rassembleurs, possédant une expérience avérée de la politique et un savoir faire en la matière plus convainquant.
Ces élucubrations, ces jérémiades et ces cris de détresse qui viennent de ces diverses manifestations, montrent bien des signes de faiblesse de ceux qui croient faire du bien au Président BONI YAYI. Ce qui est encore plus regrettable, ce sont toujours ces couards du sud qui embouchent une telle trompette. Les compatriotes du Nord sont plus sereins et ne se laissent pas prendre à ces jeux sordides et dangereux  qui sont l’apanage des «régimistes» de tous les temps au Sud.
Que la peur des thuriféraires de tous les régimes ..,qui s’agitent autour du Président YAYI ne lui fasse pas perdre ce qui doit être sa préoccupation cardinale du moment.
Comment réussir à s’associer ce grand mouvement qui mathématiquement parlant et sans les «tripatouillages» des suffrages, risque de lui ravir la vedette en 2011.

Que ceux qui s’agitent autour de ce faux débat sachent que les Béninois en général ne sont pas dupes, encore moins, ceux du septentrion qu’ils croient manipuler à leur guise par ces slogans creux qui inspirent la peur pour semer la panique au sein des paisibles populations.
Le BENIN n’est et ne sera jamais ni RWANDA, ni RDC, ni même nos voisins d’à côté qui s’entredéchirent par moment dans des affrontements tribaux et interreligieux.
Que le Seigneur et les mânes de ce pays le préservent d’un tel fléau pour faire Halte à cette ineptie collective. 

Par Lucien G. GLELE

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