Affaire Ubipharm-Bénin Sa: Le gouvernement veut imposer un grossiste français

Un plan diabolique est mis en marche pour ruiner la filière pharmaceutique. Lancé contre les deux grossistes répartiteurs des produits pharmaceutiques béninois, il est l’œuvre du gouvernement lui-même qui travaille activement pour imposer au mépris de la loi et de l’avis défavorable du Conseil national de l’ordre des pharmaciens du Bénin (Cnopb) un grossiste du nom de Ubipharm-Bénin Sa.

Celui-ci est une surcussale de Ubipharm international chez qui les deux grossistes béninois Gapob et Ubphar s’approvisionnent depuis des années.

Le palais de la Marina est au cœur d’un nouveau scandale qui risque d’emporter toute la filière pharmaceutique béninoise si rien n’est fait. De sources concordantes et dignes de foi, le Chef de l’Etat, sur pression de lobbys politico financiers très influents,  s’apprête à introduire en conseil des ministres une communication pour autoriser la société Ubipharm-Bénin Sa à s’installer au Bénin pour mener ses activités de vente de produits pharmaceutiques en gros.

Il s’agit là d’une décision grave prise en violation des lois et textes en vigueur dans le secteur pour contourner l’avis défavorable donné le 16 décembre par l’Ordre des pharmaciens du Bénin .En effet, le secteur pharmaceutique est un secteur sensible et en tant que tel il est bien encadré par une législation méticuleuse et rigoureuse. Ainsi, la loi N° 97-020 du 17 juin 1997 portant les conditions de l’exercice en clientèle privée des professions médicales et paramédicales explique la procédure à suivre par une société qui veut mener des activités commerciales dans le domaine pharmaceutique. La clé de voûte de cette loi est l’article 3 qui stipule que « c’est le ministre de la santé qui donne en commission technique l’autorisation d’exercer en clientèle privée la profession de pharmacien ».La loi va plus loin et précise toutefois que « la seule et incontournable condition de cette autorisation c’est l’avis favorable du Conseil National de l’Ordre compétent ». Donc l’ordre des pharmaciens. Dans le cas d’espèce, l’avis a été défavorable après que l’ordre a consulté son conseil juridique Me Sadikou Alao. En fait, ce dernier s’est appesanti sur la loi qui précise que les commissions nationales doivent, pour donner leur avis prendre en considération les exigences des textes qui régissent leur profession. Entre autres exigences, on peut citer la déontologie, la moralité, le volet technique du dossier, et l’entrave à la concurrence. De l’avis donc du conseil juridique, les procédures utilisées par ce nouveau grossiste donne l’impression d’une opération destinée à éliminer du marché les grossistes béninois qui dépendaient de ce nouveau grossiste.

Ubipharm-Bénin Sa devient ainsi fournisseur et concurrent des sociétés de la place que sont Gapob et Ubphar. Il s’agit ni plus, ni moins que de la concurrence déloyale interdit par les lois qui régissent les activités commerciales. Le Chef de l’Etat est-il au parfum des méandres de ce dossier ? Connaît-il vraiment tous les soubresauts qu’a connus ce dossier ? Difficile d’y croire au regard de la décision qu’il s’apprêterait à prendre pour les beaux yeux d’une société française au détriment de deux sociétés béninoises. Il veut certainement « vendre sa maison pour acheter un champ » comme on le dit souvent chez nous

La mauvaise foi de Ubipharm-Bénin Sa

Tout est parti de l’autorisation accordée par le ministre de la santé à cette société. En effet, selon l’article 3 de la loi N° 97-020 du 17 juin 1997 susmentionné, c’est le ministre de la santé qui donne l’autorisation après avoir consulté le Cnopb. Mais sans attendre l’avis de l’ordre, le ministre a délivré l’autorisation à Ubipharm-Bénin Sa avant de se rendre compte de son erreur et de se rétracter. Il retire l’autorisation à la société Ubipharm-Bénin Sa mais ce dernier avait déjà mis son autorisation en valeur puisque les deux grossistes béninois ont vu leurs commandes bloquées par Planetpharma International dont Ubipharm International est actionnaire et .qui les demande de passer par Ubipharm Bénin Sa pour s’approvisionner. Face à cette situation, le Cnopb a décidé d’engager des poursuites judiciaires contre Planetpharma devant des juridictions françaises pour entrave à la liberté de commerce, création d’une situation de monopole de fait et refus de vente. Mais, il convient de rappeler ici les manœuvres subreptices entreprises par Ubipharm Bénin Sa et ses responsables. Le 23 mars 2009, la demande qu’elle a adressée à la Cnopb portait sur l’autorisation d’une officine de pharmacie. Ce pourquoi, l’ordre a donné son accord de principe avant que son pharmacien responsable ne renonce à cette autorisation. Le conseil d’administration de la Société Ubipharm procède au remplacement de celui-ci. Commence alors un ping pong administratif. Le 04 Août 2009, la licence d’exploitation attribuée à Medipharm-Bénin est mutée au nom d’Ubipharm-Bénin. Le 11 Septembre 2009, le Cnopb n’hésite pas à donner un avis défavorable pour ce dossier. C’est alors que la Commission technique s’y mêle et signale de « nouveaux éléments » dans le dossier. Le 02 décembre 2009, le ministre revient sur sa décision et abroge l’arrêté portant mutation de la licence d’exploitation donnée.En même temps, le capital de la société change.

Mieux que ça, la création d’Ubipharm-Bénin est aussi suivie de débauchage d’agents de la société Ubphar, ce qui est une violation du code de déontologie de la profession. Il a été aussi noté que le capital d’Ubipharm-Bénin provient en grande partie de personnes qui sont actionnaires à Gapod et Ubphar. Cynique n’est-ce pas ? Surtout que Ubipharm est déjà présente dans tous les pays de l’Uemoa. Le Bénin est donc le seul pays à lui échapper. Le mettre dans sa gibecière lui permet de contrôler toute la sous-région et d’être en situation d’imposer ses prix partout. En autorisant dans ces conditions Ubipharm à s’installer au Bénin, le gouvernement signe la faillite des deux sociétés grossistes répartiteurs avec d’énormes conséquences sur le plan social.

Marcel Zoumènou

Laisser un commentaire