Les descendants de la lignée Glèlè ont dénoncé la forte politisation et l’immixtion des autorités locales et centrales dans le processus de désignation du Roi et rejeté l’intronisation de Dédjalagni Agoli-Agbo comme roi de la cité historique des Houégbadjavi. C’était vendredi dernier au cours d’une conférence de presse au centre des jeunes et loisirs de Goho à Abomey.
«Vive Dada Gbêhanzin, dernier souverain du Danhomey !» «Pas de roi pirate dans le palais central de Wehondji !» Tels sont les messages que l’on pouvait lire sur les banderoles au centre des jeunes et loisirs d’Abomey vendredi dernier lors de la conférence de presse donnée par les descendants de la lignée royale Glèlè trois mois après l’intronisation de Dédjalagni Agoli-Agbo.
En effet depuis près de 12 ans, deux souverains régnaient sur la cité historique d’Abomey. Dans le souci de pallier cette situation incommode à une ville historique, le maire de la ville d’Abomey et son conseil communal ont mis sur pied un conseil des cardinaux constitué des assista (chefs de lignées) de la cité historique pour étude, désignation et intronisation d’un seul roi sur le trône. Cette tâche confiée au conseil des cardinaux fut accomplie en mars dernier et Dédjalangni Agoli-Agbo fut intronisé comme roi d’Abomey. Une situation qui n’est pas du tout du goût des Gbèhanzin (descendants de la lignée Glèlè). Trois mois après leur violente réaction contre l’intronisation de Dada Dédjalagni Agoli-Agbo, le camp Gbèhanzin ne veut toujours pas démordre. Et c’est pour exprimer leur mécontentement par rapport à la situation qu’ils ont donné le vendredi dernier une conférence de presse. A l’occasion, ils ont dénoncé la forte politisation et l’immixtion du pouvoir local et central dans le processus de désignation de Dédjalagni Agoli-Agbo comme roi du Dahomey.
Selon le conférencier Guy Béhanzin, de mémoire d’homme, ils n’ont jamais assisté à une désignation de dignitaire pouvant présider les cérémonies au palais central Wéhondji, faite par les chefs des lignées car la tradition et la culture du Danhomey ne leur en donnent pas le droit. Accusant le maire Blaise Ahanhanzo d’avoir introduit la notion de deux rois à Abomey par vote au cours de son premier mandat, dans le seul but de troubler la période de gestion du royaume par Houédogni Béhanzin et en soutenant Dada Dédjalagni Agoli-Agbo, le conférencier a souligné que durant toute cette période, le maire a cautionné des actes de vandalisme et de trouble avec le soutien ferme du commissaire d’alors. Bafouant toutes les procédures de désignation d’un roi au palais central, il a fait mettre en place le conseil dit des cardinaux qu’il a utilisé pour aboutir à l’intronisation du roi Dédjalagni au palais de Wéhondji, a affirmé le conférencier. Guy Béhanzin a déclaré par la suite qu’il ne revient pas au conseil communal de désigner le prince qui doit occuper le trône de Houégbadja. Il a poursuivi en disant que le conseil dit des «cardinaux» n’est qu’un groupe de troubles fêtes qui n’a de sens ou de valeur que dans les têtes de ceux qui l’ont créé et ne s’inscrit nulle part dans les instances de décisions héritées des normes culturelles et cultuelles du Danxomè. Au cours de la conférence de presse, Guy Béhanzin dira qu’après le forfait du camp incriminé, dans une démarche visant la paix, le camp Gbèhanzin s’est rapproché du pouvoir central afin que le pont soit établi pour relire l’histoire et restaurer l’ordre normal des choses. Mais, les rencontres successives avec le Président de la république et deux délégations ministérielles assez fournies dont le ministre de l’intérieur, ainsi que des rencontres informelles avec diverses autorités sont restées infructueuses et laissent en filigrane une forte politisation de la crise et une ingérence manifeste du pouvoir local et central dont les objectifs sont essentiellement électoralistes.
Pour Guy Béhanzin, ce sont deux camps opposés qui veulent diviser la dynastie pour des intérêts politiques inavoués. Or ni le pouvoir local, ni le pouvoir central n’a la prérogative d’imposer un roi. Seuls les fils de Dada Glèlè sont habiletés, dans un esprit de consensus, à désigner un des leurs pour occuper le trône, a-t-il souligné. Ils déclarent ne jamais accepter la procédure adoptée par le conseil communal qui détruirait à coup sûr l’essence de leur tradition. C’est pourquoi ils ont invité les autorités locales et le gouvernement à jouer un rôle de neutralité et de catalyseur pour faire un pont entre les parties antagonistes de la crise en vue d’un règlement sans heurts, gage d’une paix durable. Ils se disent ouverts au dialogue et demandent au gouvernement d’organiser la réunion de relecture de l’histoire, d’harmonisation des points de vue dans un bref délai pour éviter les graves déconvenues qui découleraient de la politisation à outrance des affaires du royaume.
Michel clément Sossou (C/R Zou / Colline)