Le rapport baromètre des médias béninois pour 2009 publié

Le Baromètre des médias africains est un rapport d’évaluation de l’environnement des médias dans les pays africains. Initiative de la Fondation Friedrich Ebert, il est réalisé sur la base d’indicateurs précis par un panel de professionnels des médias, d’acteurs de la société civile et d’un consultant étranger.

Le baromètre des médias du Bénin pour l’année 2009 a été lancé le jeudi 17 juin 2010 au Palais des Congrès de Cotonou. Responsables des associations professionnelles du secteur des médias, membres d’organisations de la société civile et quelques-uns des auteurs du baromètre ont assisté à la cérémonie de lancement présidée par monsieur Théophile Nata, Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la communication (Haac) et madame Uta Dirksen, la Représentante résidente de la Fondation Friedrich Ebert. Revisité tous les deux ans, le premier rapport baromètre des médias béninois remonte à 2007. Quatre secteurs de l’environnement des médias ont été évalués en 2009 par le panel, à savoir : la liberté d’expression, le paysage médiatique, la régulation de la communication et le respect des normes professionnelles. Sur un maximum de 5 points, ces différents secteurs ont respectivement obtenu 3 ; 2,3 ; 2,1 et 2,7. En moyenne, le baromètre affiche une note de 2,8/5 aux médias béninois. Au nombre des changements positifs notés par le panel, il y a l’augmentation du nombre de professionnels des médias en général et en particulier de sexe féminin, l’appui important à l’Ortb pour assurer la couverture intégrale du territoire national, la formation diplômante pour les patrons de presse et l’ouverture d’une filière de formation en journalisme à l’université d’Abomey-Calavi. Comme changements négatifs, on note la propagande excessive au profit du gouvernement à travers les médias, la caporalisation de la télévision publique par le Gouvernement, la disparition des débats contradictoires, l’amenuisement de la crédibilité de la Haac du fait de l’engagement de certains de ses membres dans les processus électoraux, la prolifération nuisible et dangereuse de médias, notamment de journaux, l’aggravation du cumul des fonctions de journaliste et d’attaché de presse, la corruption accrue dans la presse, le non respect de la convention collective par les responsables d’organes de presse. Au cours de la cérémonie de lancement, madame Uta Dirksen a insisté sur quelques stagnations et régressions inquiétantes dans l’environnement des médias. Elle a surtout déploré l’incohérence des textes régissant la vie des médias au Bénin, la dégradation de la liberté d’expression et le non respect des normes professionnelles, en l’occurrence l’éthique et la déontologie. Saluant la longue et bienfaisante présence de la Fondation Friedrich Ebert au Bénin Théophile Nata a témoigné de la convergence des objectifs du baromètre des médias et de ceux de la Haac avant de reconnaître la contribution du rapport à une lecture correcte de l’environnement des médias béninois.

Le lancement du Baromètre des médias africains – Bénin 2009 a été précédé d’un atelier de réflexion sur le cadre légal régissant les médias au Bénin. A l’issue de l’atelier, le panel du baromètre, les membres de la Haac, des professionnels des médias et des acteurs de la société civile ont fait des recommandations pour la réforme du cadre légal régissant les médias au Bénin.
Olivier Assinou

Atelier de réflexion sur le cadre légal régissant les médias au Bénin, Jeudi 17 juin 2010  au Palais des Congrès de Cotonou

Réunis en  atelier de réflexion sur le cadre légal régissant les médias au Bénin, le jeudi 17 juin 2010 au palais des congrès, le panel des acteurs du baromètre des médias africains Bénin 2009 complété par certains acteurs des médias et Conseillers à la haute autorité de l’audiovisuel et de la communication constatant :
1- Le caractère éclaté des dispositions légales en matière de presse   de même que les nombreuses  incohérences et contradictions  au niveau des différents textes qui régissent la profession
2- La multiplication anarchique des titres, sans respect ni  des périodicités, ni des conditions de création  et le non respect du code de déontologie en matière de revue de presse
3- Le difficile accès aux sources d’information
4- Les conflits d’attribution entre le pouvoir exécutif et la HAAC sur la gestion des fréquences et les nominations des responsables des organes de presse de service  publics
5- L’environnement fiscal  contraignant et défavorable aux médias
6- L’absence d’un cadre légal réglementant la publicité dans les médias et les diverses pressions exercées par le pouvoir public sur les organes de presse à travers les contrats et autres libéralités
7- Le non respect de la décision de la HAAC sur la publicité médicinale et autres
8- L’insuffisance de l’aide de l’Etat à la presse privée

Recommande :
1- L’accélération du processus de finalisation de l’avant projet du code de l’information et de la communication en harmonisant les travaux des différentes structures travaillant sur l’avant projet du code
2- Le renforcement et la précision des rôles et attributions de la HAAC dans le projet de révision de la constitution
3- Le respect de la réglementation dans la signature de contrats entre l’Exécutif et les organes privés
4- L’application effective des sanctions à tout contrevenant dans la publicité médicinale et autres
5- L’application effective des sanctions à tout contrevenant en matière de revue de presse
6- La mise sur pied d’une plate-forme composée des acteurs de la société civile et des médias pour le plaidoyer et le lobbying pour une rapide adoption du code, avant les élections présidentielles et législatives de 2011
7- Un appui technique et financier des partenaires, notamment la Fondation Friedrich Ebert, le PADEG Danida et tous les autres  pour accompagner le processus d’adoption du nouveau code.
8- L’élaboration d’un programme de développement des médias qui sera appuyé par l’aide de l’Etat à la presse privée
9- L’augmentation de l’enveloppe financière de l’aide de l’Etat à la presse privée et la création d’un Fonds d’aide au développement des médias alimenté par l’aide de l’Etat et d’autres subventions.
10-Vulgarisation de la loi après adoption par l’Assemblée nationale.

Fait à Cotonou le 17 juin 2010
L’Atelier

Laisser un commentaire