Les faiblesses du nouveau gouvernement

Les faiblesses du nouveau gouvernement du président Boni Yayi s’observent à plusieurs niveaux. Elles montrent les limites politiques du régime en place et le non-respect des engagements par le chef de l’Etat.

Echec politique

Le nouveau gouvernement est l’expression d’un véritable échec politique pour le président Boni Yayi. En effet, l’homme qui, à travers son équipe ministérielle, devrait arriver à opérer des bouleversements à l’Assemblée nationale et sur le terrain politique, est passé à côté de la plaque. Tout s’est passé comme si toutes les tentatives de récupération de la classe politique ont lamentablement échoué. Le mal s’observe d’abord au niveau de l’Union fait la Nation (Un). On croyait que le chef de l’Etat pourrait arriver à pêcher quelques éléments de ce bloc. La Renaissance du Bénin (Rb) était plus exposée à voir les multiples clins d’œil faits à l’endroit du couple Soglo. Donc, l’absence de l’Un dans ce gouvernement est la preuve de sa solidité et de sa résistance aux tentatives de débauchage du régime du Changement. En plus, le chef de l’Etat, à travers ce gouvernement, n’a pas pu contenter le groupe des députés rebelles de la mouvance. Dès lors, les honorables Janvier Yahouédéou, André Dassoundo, Edgar Alia, Eloi Aho et Sam Adambi pourraient radicaliser désormais leur position contre le pouvoir en place. Même, l’entrée au gouvernement de l’ancien député Modeste Kérékou n’augure aucun changement dans la position du G13 au Parlement. Le comble est que, selon certaines indiscrétions, le président Boni Yayi a encore aggravé la situation dans le rang de la minorité parlementaire qui lui reste. A cet effet, certains fidèles des fidèles, n’ayant pas trouvé leur compte, préparent des surprises désagréables au gouvernement dans les semaines à venir. Au total, ce remaniement, loin d’arranger les choses pour le Changement à l’Assemblée nationale, est venu compliquer la vie au Chef de l’Etat au Parlement.

Efficacité incertaine

« L’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». C’est l’une des recommandations fortes de la conférence nationale de février 1990 qui a ouvert la voie de la démocratie au Bénin. Par ce gouvernement, le chef de l’Etat n’a pas semblé respecter ce principe cardinal adopté par le peuple béninois pour finir avec la mauvaise gouvernance. Au niveau de certains ministères, cette erreur s’observe avec amertume. Par exemple, Candide Azannaï, philosophe, est à la tête du département de l’Industrie. Ira-t-il faire de la philosophie au moment où ces homologues de la sous-région parlent du concret dans le domaine industriel ? Quels résultats le chef de l’Etat attend-t-il d’un tel ministériel en matière d’efficacité et de résultats ? Difficile de répondre à ces questions. M. Azannaï n’est pas le seul dans le cas. Le ministère de la Justice non plus ne semble pas être en de mains expertes. C’est une première fois dans l’histoire du renouveau démocratique qu’un homme qui n’est pas du domaine de la justice occupe ce département.

La gent féminine lésée

« Au prochain remaniement, il y aura 30% de femmes au gouvernement ». C’est cette promesse que le chef de l’Etat a faite à la gent féminine, lors de la célébration de la journée internationale de la femme en 2009. Ceci avait déclenché les passions. Des femmes commençaient par sortir la tête de l’eau. Anne Cica Adjaï, Christelle Houndonougbo et consorts organisaient des manifestations politiques pour se faire remarquer par qui de droit. Aujourd’hui, elles doivent se rendre compte que c’était un poisson d’avril. Au lieu de 30%, on a dans le gouvernement 13,33% soit 4 femmes dans l’équipe du président Boni Yayi. Donc, la classe politique n’a pas tort de soutenir que le respect des accords est l’exercice le plus difficile pour l’apôtre du Changement.

Effectif toujours pléthorique

Le président Boni Yayi a foulé aux pieds les recommandations des partenaires au développement qui réclamaient la réduction de la taille du gouvernement. Le contexte politique actuel l’aurait obligé à garder le nombre de ministères. A quelques pas des élections de 2011, il faut contenter les militants pour espérer une équipe de combat. De là, il aurait privilégié les intérêts politiques à l’efficacité.

Jules Yaovi Maoussi

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