La haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) nie son implication dans la mise hors-tension de Radio France Internationale (Rfi). Mais elle ne proteste guère contre ce sabotage ou cette usurpation de prérogatives. Une situation qui a, une fois encore, le mérite de mettre en exergue la politique de deux poids deux mesures de l’institution régulatrice des médias par rapport aux journalistes et décideurs politiques.
La mise hors-tension de Rfi permet de voir que la Haac fonctionne à double vitesse selon qu’il s’agisse des journalistes ou de l’Exécutif. En effet, la 4ème mandature s’est illustrée par son attachement à la légalité. Son combat pour que les professionnels des médias suivent à la lettre le code de déontologie et d’éthique n’est pas un secret. C’est connu que périodiquement, elle organise des auditions publiques assorties de sévères réquisitoires contre les organes auteurs de manquement à la déontologie. Sa décision interdisant la couverture de la précampagne et la suspension de radio Capp Fm, en sont d’autres illustrations. La Haac de Théophile Nata s’est tellement acharnée à mettre les journalistes au pas qu’elle a relégué au dernier rang son rôle de défense de la liberté de presse et de protection des médias. Le cas Rfi en apporte la preuve. Logiquement, la mise hors-tension de cette station de radio met en cause la Haac. Le vice-président de cette institution, Edouard Loko, affirme d’ailleurs que seule son institution a le pouvoir de suspendre les radios. Or, dans ce cas précis, la coupure de 14 heures intervenue n’est pas de leur fait. C’est ce qu’il a affirmé. Ce qui veut dire qu’une autre institution s’est substituée à elle pour poser un tel acte. Alors qu’on s’attendait à une levée de boucliers de la part des conseillers à la Haac contre cette usurpation et ce qui apparaît comme un sabotage et une atteinte à la liberté de presse, il n’en a rien été. Le président de l’institution a plutôt priorisé l’audition de la correspondante de Rfi pour lui faire part de sa désapprobation du traitement d’une information. Il s’en dégage que soit l’innocence affirmée de la Haac laisse à désirer ou c’est qu’elle est complice de l’interruption survenue. Sinon, comment comprendre qu’une autre structure usurpe ses prérogatives et qu’elle ne bronche guère. La seule réaction émise est de dire, face au tollé suscité par l’affaire, n’y être pas mêlée. Qui est donc le coupable ? La Haac ne saurait dire qu’elle ne sait pas quelle autre institution dispose de matériels pour pouvoir procéder à une pareille opération. On ne saurait non plus attribuer cette interruption à une quelconque foudre ! Il y a donc matière à réflexion.
En somme, les décisions et actes de la Haac semblent s’orienter plus au détriment des médias et du public que des décideurs et autres pouvoirs publics qui, pourtant, sont les provocateurs des dérives et déviances observées dans la presse. La Haac le sait d’ailleurs plus que quiconque.
La suspension pour un mois de Capp Fm a causé plus de tort au public et à la radio qu’au producteur de l’émission mise en cause en son temps. L’interdiction de la précampagne médiatique limite les journalistes dans l’exercice de leur profession et bafoue le droit à l’information du public. Les 10 minutes de journal télévisé comme peine infligée à l’Ortb, constituaient plutôt une sanction à l’endroit du public. A l’analyse de chacun de ces cas, on ne voit nulle part, une sanction à l’encontre des décideurs, surtout le régime en place qui s’en tire toujours à bon compte. Il s’impose donc à la Haac de penser à faire aussi le gendarme derrière les faiseurs de l’’nformations que sont l’Exécutif et autres.
Georges Akpo