Ejecté du gouvernement comme un malpropre, présenté comme le pestiféré du gouvernement dans cette affaire ICC Services, l’ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique ronge ses freins en silence. Parlera-t-il un jour ? Pour dire quoi, le cas échéant ?
Nombreux sont nos compatriotes qui se posent désormais ces questions. Qui souhaitent que l’homme parle. Surtout depuis que Soulé Mana Lawani, en plein mois de carême, a balancé ses missiles sur le toit de la maison Yayi. Si l’ancien argentier national était « ce garçon » que Yayi aimait beaucoup, l’ancien ministre de l’Intérieur était assurément logé à meilleure enseigne. Qui a, en effet, oublié le zèle d’Armand Zinzindohoué ? Un zèle qui exaspérait, certes, mais qui traduisait bien la nature des relations entre les deux hommes. Armand Zinzindohoué, en toute vraisemblance, entretenait avec Boni Yayi, une relation passionnément fusionnelle. De sorte que l’un était facilement assimilé à l’autre.
Et c’est en cela que le propos d’Armand Zinzindohoué promet d’être particulièrement intéressant s’il se décidait à parler ou à écrire. Dans tous les cas, éjecté de cette façon, promis à la Haute Cour de Justice en sacrifice espéré propitiatoire dans cette affaire ICC Services, Armand Zinzindohoué se sait sans doute condamné à la mort politique. C’était d’ailleurs mourir déjà un peu que d’être renvoyé comme il l’a été. Le complément d’informations transmis à l’Assemblée nationale pour corser son dossier doit forger définitivement sa religion que son salut ne devrait pas venir de son ancien mentor. Il devra alors se battre seul. Il a le choix, comme son compagnon d’infortune Soulé Mana Lawani, entre mourir en lion et vivre en chien. Au regard du type de relation qu’il entretenait avec Boni Yayi, ce dernier exerçant visiblement une fascination sur lui, lui qui en retour croyait tout lui donner à travers son zèle singulier jamais égalé par un autre cadre à ce niveau de responsabilité, Armand Zinzindohoué peut crever l’écran s’il se décidait à faire des révélations.
Et il ne devrait pas avoir le choix. Au point où les choses en sont arrivées, observer les règles de la mafia en se barricadant derrière l’omerta ne servira pas forcément la cause de l’ancien ministre. Se comporter ainsi serait offrir à ses adversaires en cette affaire, la victoire sur tapis vert, sans avoir osé lutter. Or, comme l’enseigne Dénis Diderot, « Se faire tuer ne prouve rien ; sinon qu’on n’est pas le plus fort ». Si Armand Zinzindohoué ne comprend pas cela, il risque pire : se faire tuer plusieurs fois. On n’hésitera pas à tuer même son cadavre pour s’assurer qu’il ne ressuscitera pas un jour.
Déjà condamné à mort, Armand Zinzinhohoué se laissera-t-il tuer sans broncher ? Pour son honneur propre et celui des siens, dira-t-il sa part de vérité ? C’est à l’aune du choix qu’il fera que l’on saura s’il a décidé de mourir les armes à la main. Tel prince, pour justifier son rang, doit préserver son honneur. Armand Zinzindohoué, tout prince qu’il est, sait que son honneur est en jeu même si sa crédibilité est écorchée. Un rappel, juste un rappel : « Se laisser mourir ne prouve rien ; sinon qu’on n’est pas le plus fort ». Le cas échéant, on laisse plutôt la gloire à son bourreau même s’il n’est pas légitimé à être le plus fort.
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)