ORTB: L’émission "Bonjour Citoyen" menacée de suppression

 (Flagrante atteinte à la liberté de la presse)
Hier mardi, tous les téléspectateurs ont pu constater que l’émission matinale « Bonjour Citoyen » animée sur la télévision nationale par un certain nombre de jeunes journalistes n’a pas eu lieu. La raison n’est nullement technique, ni liée à la santé de l’animateur principal comme on pouvait s’imaginer.

C’est plutôt l’expression du mécontentement généralisé de l’équipe des animateurs face à certaines injonctions faites à eux suite à l’émission de lundi dernier. En effet, suite à l’émission au cours de laquelle les animateurs ont reçu Stanislas Kpognon, auteur de livre « L’éthique ou le chaos » sur l’affaire Icc-Services et consorts, selon nos sources, les responsables de l’Ortb voudraient supprimer les rubriques « Au peigne fin » et « Biblio ».Et Hier , alors que l’équipe était au complet, l’animateur principal a fait le point de la situation à ses pairs. Ces derniers interloqués et surpris mais surtout indignés, ont décidé de ne pas animer tant que la situation n’est pas clarifiée. Autrement, si ces deux rubriques devraient disparaître, alors il n’y aura plus d’émission « Bonjour citoyen ». Or, il est facile de constater que cette émission a permis à l’Ortb de se faire une grande audience matinale. Sinon quelle émission de facture se réalise encore à l’Ortb ?  Ce ne sont pas les émissions au cours desquelles des responsables de la mouvance viennent faire leur One man show, où il y absence de débat d’idées qui confèrent à une télévision un nom. Aussi faudrait-il le souligner, l’émission « Bonjour Citoyen » à ses débuts recevait dans la rubrique « Au peigne fin », des journalistes. Mais, un beau jour, M. Pierre Akpaki est apparu sur le petit écran pour interdire que ces derniers participent aux débats. Le motif, les journalistes viennent déblatérer sur « sa télévision ». C’est d’abord le premier coup porté à l’émission. Mais grâce à la dextérité de la jeune équipe d’animateurs, l’émission a pu tenir la route jusqu’aujourd’hui. Malheureusement, le couperet était toujours suspendu et attendait la moindre occasion pour trancher. Apparemment, l’émission du lundi en a offert l’occasion au Dg. Là où il subsiste une incompréhension, est que l’invité de ce lundi, Stanislas Kpognon est de la mouvance présidentielle. Il est président du Haut Conseil à la Promotion et à la gestion du Changement. Il a présidé la commission mise en place par le président de la République dans l’affaire Cen-sad et qui a blanchi le ministre Noudégbessi et noirci Soulé Mana Lawani. On ne peut donc penser qu’il est de l’Opposition. Alors, est-ce que ce sont les questions à lui posées par les animateurs qui dérangent ou le motif est-il ailleurs ? Les Béninois qui paient les impôts pour faire fonctionner l’Ortb veulent savoir. Déjà à l’Ortb, les autres journalistes informés de la menace qui plane sur l’émission sont sur le pied de guerre et attendent de voir ce que sera l’issue de l’affaire. Par contre, toutes nos tentatives pour entrer en contact avec l’animateur principal de l’émission sont restées vaines. C’est à croire qu’il s’isole et qu’il craint des représailles. Toujours est-il que nos informateurs assurent de ce que le sort de l’émission est presque scellé. Un bien triste sort.

La Haac et les associations professionnelles interpellées

Face à cette situation qui est à tout point de vue une atteinte à la liberté de la presse et d’expression, il importe que la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), ainsi que les associations des professionnels des médias réagissent. Il faut qu’elles interviennent afin de protéger le droit des Béninois à l’information et la liberté d’expression et de la presse. Certains vont arguer de ce qu’il est loisible aux responsables de l’Ortb de supprimer une émission de leur grille de programme, mais il ne faut pas oublier que lorsqu’une émission répond à une aspiration du peuple, l’Ortb qui est une chaîne de service public se doit de l’assurer.  Mieux, ses responsables sont désignés par la Haac et ce sont les deniers publics qui font fonctionner cette maison. Par conséquent, on ne saurait comprendre que pour des questions d’intérêts politiques, on empêche la grande masse de s’informer et de se faire une opinion sur ce qui se passe dans le pays. Ce qui est triste et malsain dans cette affaire, c’est que ce sont des gens qui sont a priori dans la profession qui portent atteinte aux libertés d’expression et de presse. Il y a quelque chose qui ne va pas et la Haac, les associations des professionnels des médias et les associations des consommateurs doivent réagir.

George Akpo