A l’ombre des filaos, le vieux caméléon n’est pas pour autant en retraite politique. Lentement et sûrement, il réunit les morceaux de son puzzle politique. Les derniers rebondissements de l’actualité apportent la lumière sur ses actes et on comprend que le président Kérékou travaille en sourdine pour constituer un nouveau conglomérat politique afin de fragiliser l’Union fait la Nation.
Nous voilà une fois dans la saison des idylles mais aussi des félonies politiques.2011 affole les compteurs et nous emporte dans les tourments les plus inouïs. Des échos de plus en plus nombreux parviennent des états-majors politiques et évoquent les deals et les négociations en cours. Pourtant, dame rumeur est restée muette sur les manœuvres actuelles de Kérékou. Subtil et rusé, fin « rouleur dans la farine », il est passé maître dans l’art d’embrouiller les pistes sans laisser de traces. « Il lance le clignotant à droite et tourne à gauche », dit un de ses proches collaborateurs. Mais dans sa paisible retraite politique, Kérékou pose des actes qu’il faut savoir lire entre les lignes pour les déchiffrer. Et pourtant, il travaille dans la discrétion, lance des coups de fil et rencontre, même si c’est rare. En effet, depuis quelques jours, des informations émanant de sources crédibles annoncent que l’ancien président de la république avait une idée derrière la tête qu’il voulait bien mettre en pratique. De quoi s’agit-il ? L’homme du 26 Octobre a commencé à envoyer des émissaires à des têtes de proue de l’opposition – surtout ceux qui lui font visiblement allégeance encore – pour leur demander de se mettre ensemble et de constituer un front. La pression des émissaires a été plus forte sur des hommes politiques qui, bien que dans l’opposition, ne se sont pas encore engagés dans un bloc ou dans l’autre. La constance de la pression et de ses nombreuses sollicitudes à l’endroit de ces hommes politiques ont fini par motiver certaines personnes à s’engager dans cette voie. C’est ainsi que certaines personnes ont commencé à envisager la possibilité de se revoir et de travailler dans ce cadre restreint pour une candidature nouvelle. Valentin Houdé, Kamarou Fassassi, Christian Enock Lagnidé, Pierre Osho entre autres font partie de ce cercle. D’autres kérékouistes devraient les rejoindre. Ceux-ci ont même commencé à se voir. On parle de la troisième voie, un groupe politique un peu à cheval entre la coalition Abt et l’Un. Mieux, le président Kérékou est allé plus loin, demandant aussi à certains membres de l’Un de s’y retirer et de jouer sur un autre registre. On se rappelle que le président Séfou Faghohoun avait reçu une délégation de fils de Kérékou il y a quelques mois. Ceux-ci lui ont demandé au nom de leur géniteur de se mettre à la disposition d’un de ses fils candidat aux élections présidentielles. L’ancien ministre Gaston Zosou aurait aussi été approché pour la même cause. Mais dans le même temps, Kérékou promeut la candidature d’autres personnes.
On raconte qu’il ne doit pas être très étranger à la probable candidature de Koupaki. Les motivations de ces manœuvres est d’embrouiller le jeu politique à son aise et de fragiliser l’Un afin qu’un autre candidat puisse se faire élire. Pour quels intérêts pouvait-il faire tout cela ? Selon des indiscrétions le président Kérékou et son ancien ministre d’Etat Pascal Bruno Amoussou sont dans une logique de guerre froide depuis que ce dernier a quitté le gouvernement en 2005. Le président Kérékou a aussi des réticences par rapport Me Adrien Houngbédji qu’il ne trouve pas trop rassurant pour briguer la magistrature suprême. Rien n’est encore tiré et on peut s’attendre à de grandes surprises avant 2011. Kérékou n’ayant pas encore jeté la dernière carte.
Marcel Zoumènou