Construction de 300 forages positifs par l’Uemoa au Bénin

Cinq jours sur les sites pour en apprécier les impacts
A l’initiative du programme d’hydraulique villageoise (Phv) de l’Union économique et monétaire Ouest Africaine (Uemoa), une délégation de la Commission de l’Uemoa, de l’Agence d’exécution des travaux urbains (Agetur) et de la direction générale de l’eau, visite depuis le lundi 18 octobre 2010, et ce pour cinq jours, plusieurs localités du Bénin. Objectif, aller constater les résultats de l’exécution entière de la première tranche de trois cents forages positifs équipés de pompes à motricité humaine dans onze départements du pays.

D’un coût global de deux milliards six cent soixante millions (2.660.000.000) de francs Cfa, le projet de construction de trois cents forages positifs par l’Uemoa est terminé depuis juin 2009. Il s’agit de la première tranche dont bénéficie le Bénin dans le cadre d’un projet de réalisation de huit mille forages positifs équipés de pompes à motricité humaine dans les huit Etats membres de l’Union. Dans le but de faire une large diffusion de ces réalisations mais surtout de faire constater leurs impacts, la Commission de l’Uemoa organise du 18 au 22 octobre 2010 une visite de presse sur plusieurs sites. Avant de descendre sur le terrain, les cadres de la Commission de l’Uemoa en charge de ce projet en ont présenté les objectifs et le déroulement à la presse. C’était au siège de l’Agence d’exécution des travaux urbains (Agetur) à Cotonou. Aux dires de Soumaré Djimé, directeur des ressources en eau au sein de l’Uemoa, le présent projet entre dans le cadre programme d’hydraulique villageoise (Phv) de l’institution. Un programme dont l’objectif global, a-t-il expliqué, est d’améliorer les conditions de vie des populations rurales en vue de garantir une meilleure production pour un développement économique durable du pays. D’après les explications de Lambret Koty, Directeur général de Agetur, les trois cents forages positifs réalisés sont répartis dans tous les départements, avec 30 forages pour chacun des départements de l’Ataccora, de l’Alibori et des Collines, 24 pour ceux du Couffo, du Plateau et du Zou, 11 pour l’Atlantique, 70 pour le Borgou, 20 pour la Donga, 22 pour le Mono et 15 pour l’Ouémé. Il est mis en place pour chaque forage, un comité de gestion composé de membres bien formés et un système de gestion et de maintenance des ouvrages hydrauliques. Tous ceci, pour réduire le nombre de cas de maladies liées à la consommation d’eau non potable et de relever le taux de desserte en eau potable en milieu rural, explique Adrien Sodokin de la Direction générale de l’eau. Le projet vise également à améliorer les comportements favorables à l’hygiène et à l’assainissement, développer l’implication et la participation des communautés rurales et des communes à la gestion des points d’eau et à assurer l’accès à l’eau potable à environ 75.000  personnes. Vu le niveau d’avancement du projet au Bénin, 100 forages supplémentaires y seront construits, toujours dans le compte de cette première phase. Les travaux démarrent en novembre prochain à en croire Lambert Koty.

Le salut de Yèkondo et de Golo-Wibatin

Village de Yèkondo, commune d’Abomey-Calavi. C’est la première localité qui a accueilli la délégation de la commission de l’Uemoa et des services de l’eau du Bénin, accompagnées de la presse. Ils y ont visité le forage mis en service en avril 2008 au Ceg II de Golo-Djigbé. A en croire Chitou Babaédjou, directeur de cet établissement, la construction de cet ouvrage a mis fin aux difficultés en eau auxquelles sont confrontés élèves et enseignants après les activités sportives ou quand ils sont appelés à passer leur après-midi au collège. Le directeur à l’instar du porte-parole des élèves a pris l’engagement d’en faire bon usage. Aussi, a-t-il fait part à la commission de l’Uemoa, d’autres doléances dont l’insuffisance de salles de classe et l’inexistence de matériels sportifs. Lesquelles doléances semblent entendues par Drissa Ouattara, Chef de la mission qui déclare : «l’Uemoa est une institution  de développement et il faut que le forage concoure à d’autres succès». Plus loin, à Golo Wibatin, arrondissement de Sékou dans la commune d’Allada, ce sont les chants et danses des fils de la localité sortis massivement qui ont accueilli la délégation. Ils ont exprimé leur joie et ont dit les impacts de la réalisation de ce forage sur leur vie quotidienne. Ici, l’animation a été assurée en partie par des femmes qui d’après les chansons, se sont vues supprimer la corvée d’eau qu’elles faisaient tous les jours avant l’avènement d’un forage dans leur localité.

 Forages semi artésien et artésien

Retour sur les lieux d’inauguration des 300 forages : village d’Egni-Odo dans la commune de Ouinhi. Le 23 novembre 2009, le Chef de l’Etat, Boni Yayi, a présidé avec Soumaila Cissé, Président de la commission de l’Uemoa, la cérémonie de mise en service officielle des 300 forages. Lesquels sont, ici, de types différents de ceux visités dans l’Altlantique. Sur le premier site visité mardi, se trouve un forage de type semi artésien. A première vue, l’on pense à un dommage déjà créé sur cet ouvrage, car l’eau coule à plein temps. Mais d’après les explications de Jean-Claude Gbodogbé, coordonnateur du Phv, il s’agit plutôt d’un phénomène naturel dû à la pression de l’eau qui est compressée à ce niveau par une couche d’argile. C’est cette dernière qui a été percée pour avoir l’eau. Le même phénomène, plus accentué, s’observe à 15 Km de là, plus précisément à Houegbo, toujours dans la commune de Ouinhi. Si à Egni-Odo, le jaillissement de l’eau est relatif aux saisons, à Houegbo, c’est tout au long de l’année. Ce qui a nécessité l’installation d’une tête de forage artésien. «Un aménagement spécial qui permet de bloquer l’eau», explique Simon Goudou, Ingénier de l’Agetur. Le dispositif est surmonté d’un manomètre qui indique la pression de l’eau. Au moment de la visite du site, l’indication était de 10 barres. Ce qui correspond à en croire l’ingénieur, à 10 x 10 mètres colonne d’eau. «En absence de ce système, l’eau pouvait gicler et atteindre 100m de hauteur sur ce site», informe-t-il. C’est pourquoi, les populations ici se servent de robinets manuels pour prendre l’eau. Comme les populations des autres localités, celle d’Egni-Odo et de Houegbo se sont dites satisfaites de l’implantation des forages. «La réalisation de ces ouvrages a mis fin à nos difficultés en eau, surtout les risques de maladies hydriques auxquelles nous étions exposés par la consommation de l’eau de marigot», a déclaré Honoré Egbédé, porte-parole de la population d’Egni-Odo.

Quand le forage «crée» une communauté à Sètto

Après Ouinhi, cap sur Yanagbo dans la commune de Djidja à 42 km de Bohicon. Le village est à 5 km de l’école primaire publique de Sètto. Les bénéficiaires de l’ouvrage dans ce village sont des sédentaires peulhs. Aux dires de l’animatrice de l’Ong de gestion de l’eau dans la commune, le nombre de ces peulhs a connu une rapide croissance depuis le 14 août 2009 où le forage a été mis en service. Et ces derniers ont même commencé  par y construire des habitations en tôle. Selon Oumarou Ousmane, président de la communauté, les premiers à s’installer dans les environs ont souffert longtemps en matière d’eau. «Nos femmes quittaient la maison le matin en quête d’eau pour revenir  vers 14 h et avec de l’eau de couleur rouge», a-t-il rappelé. La visite de ces ouvrages se poursuit dans les départements du septentrion, et prend fin demain.

Blaise Ahouansè

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