La crise des placements illégaux de fonds continuent de susciter des débats dans les milieux intellectuels du pays. Samedi dernier, à la Maison de la société civile, une conférence publique y a été consacrée sur l’initiative du Centre de recherches et d’études en sociologie et anthropologie (Cresa) et de l’Association des socioanthropologues pour le développement du Bénin (AsdBénin).
«La crise des placements illégaux de fonds. Quelles leçons et implications pour le développement humain du Bénin?». Le thème colle à l’actualité brûlante de ces sociétés dont Icc-Services et consorts, qui ont mobilisé des milliards d’épargnes auprès des milliers déposants Béninois, ces dernières années, pour finir par être rattrapées par leur système «d’escroquerie». Des sociologues se sont invités au débat, ce samedi à la Maison de la société civile (Mdsc), à Cotonou à la faveur d’une conférence publique. Le directeur de la Mdsc, Armand Vignon, après avoir rappelé la mission de son institution qui consiste, entre autres, à outiller les Osc pour qu’elles soient en mesure de participer réellement aux prises de décisions nécessaire pour le développement de ce pays, il a laissé place aux initiateurs de cette conférence publique pour situer le contexte. Au-delà des analyses normatives auxquelles donne lieu cette crise, souligne Darius Vègba, Président de l’AsdBénin, des sociologues se proposent ainsi, dans une vision perspective et contributive au progrès, les fondements sociaux profonds de cette crise et formuler quelques pistes de solutions pour le développement du Bénin.
«L’année 2010, outre de connaitre plusieurs situations de désorganisation sociale dans notre pays, a été le théâtre d’un phénomène tout à fait saisissant : l’affaire des placements dits illégaux, de fonds» fait remarquer, Elieth Eyebiyi, du Cresa. En effet, poursuit-il, des dizaines de milliers de nos concitoyens ont cru en les sirènes du gain facile et cédé aux appels de Mammon et de Léviathan, pour confier leur épargne à des structures qui promettaient des taux de rémunération à trois chiffres. De l’ordre du miraculeux, la «bonne affaire» flairée a connue un discret succès pendant quasiment quatre années avant que le pot aux roses ne soit découvert. «D’aucuns ont parlé de rapport à l’argent, d’autres ont loué l’intelligence de ce que les schémas normatifs qualifient d’escroquerie ² à grande échelle. Toujours est-il qu’il y a réflexion» fait observer aussi le sociologue Eyebiyi. «La notion d’intérêt dans l’environnement béninois», «Les opportunités de la crise des placements illégaux de fonds et propositions pour un développement endogène du Bénin», sont entre autres thématiques qui ont été également abordées au cours de cette conférence publique.
Christian Tchanou