Un budget à polémique ! Mis en exécution par ordonnance du Chef de l’Etat dans la nuit du 31 décembre 2009, le budget général de l’Etat gestion 2010 est aujourd’hui au cœur d’une grande controverse.
Cadres de l’administration centrale des finances, spécialistes des finances publiques et hommes politiques doutent encore de ce que ce soit le budget pris par ordonnance et dont le montant est de plus de 1200 milliards de francs Cfa qui est toujours en exécution jusqu’à ce jour. « Nous-mêmes, nous ne savons pas le montant réel du budget qu’exécute le gouvernement actuellement », s’étonne un cadre du ministère de l’économie et des finances. A la fin du troisième trimestre de l’année en cours, le budget devait être exécuté à 75%, soit un peu plus de 900 milliards. A cette date, on était encore bien loin de ce chiffre. Selon des sources proches du ministre des finances, le budget 2010 serait révisé en catimini à 846 milliards. Ce montant a été même relayé par une presse internationale alors que, entre temps, le gouvernement n’a demandé aucun collectif budgétaire pour la cause. Rappel de taille, ce dernier chiffre se rapproche bien de celui annoncé par des députés comme le montant réel du budget. En son temps, le gouvernement a bien prouvé sa capacité à mobiliser et consommer les 1200 milliards, mais malheureusement pour lui, la crise économique dans la sous région a affecté dangereusement les recettes nationales tributaires des recettes fiscales. Il n’est donc plus techniquement possible pour lui de tenir le coup et beaucoup de spécialistes l’avouent de plus en plus. Mais curieusement, le gouvernement n’a pas jusque là introduit à l’Assemblée nationale un collectif budgétaire pour réduire officiellement le montant du budget 2010. Ce n’est que dans les coulisses qu’on parle du chiffre des 846 milliards.
Est-ce pour ne pas donner raison aux députés ? Ce cache-cache inquiète et au nom du principe de l’obligation de compte rendu, le gouvernement doit éclairer le peuple sur le montant réel du budget général de l’Etat. Le médiateur de la république Albert Tévoédjrè avait, tout récemment, attiré l’attention du peuple sur ce que nous tendons au Bénin vers le tout informel. Spécialiste des paroles prémonitoires, on se demande si le gouvernement ne lui donne pas déjà raison avec un budget informel ?
Marcel Zoumènou