« La route du développement passe par le développement de la routé ». Cette phrase fétiche de Boni Yayi alors président de la Banque ouest africaine de développement (Boad) semble ne plus avoir son sens. L’état de dégradation avancée des routes inter Etats N° 1 et 2 est la preuve patente de ce que ce principe est jeté aux oubliettes par son propre auteur. Le parcours Akassato-Bohicon ne se fait plus en trois heures. C’est au minimum le double de cette durée que tout usager de cet axe met pour arriver à destination. Et pour cause ! Pire que des nids de poules, ce sont des crevasses et des cratères béants qui parsèment cette voie. La même situation désolante est observée sur l’axe Cotonou-Hillacondji. Apparemment, cette situation ne semble pas préoccuper les autorités gouvernementales.
Nul n’ignore l’importance des routes dans le développement d’un pays. Plus encore d’un pays qui est une ouverture sur la mer pour ses voisins de l’hinterland. Mais apparemment, le gouvernement béninois n’a pas la même compréhension d’une route. Pourtant, il n’y a pas longtemps c’était la chanson presque quotidienne de l’actuel chef de l’Etat pendant qu’il occupait la présidence de la Boad. Il n’avait de cesse de répéter, à toutes les occasions de pose de première pierre, de signature d’accords de prêt, d’inauguration d’une infrastructure routière que « la route du développement passe par le développement de la route ». Autrement, il fallait construire les routes pour aller au développement. Comment comprendre que le Docteur en économie, spécialiste du développement ne puisse plus mettre en application sa phrase fétiche alors même qu’il est au pouvoir ? D’aucuns diront qu’à Cotonou des infrastructures routières sont réalisées. Mais ce n’est pas qu’avec les pénétrantes et les voies de traverse d’une ville qu’on fait le développement. C’est plutôt et surtout avec les routes qui traversent de part en part le pays ou qui le relient à d’autres. Celles qui permettent aux paysans, artisans et autres opérateurs de pouvoir convoyer leurs produits vers d’autres cieux. Et l’importance des deux voies aujourd’hui dégradées dans l’économie du Bénin, ne sont pas à prouver. Mais alors qu’est-ce qui le président Boni Yayi et son gouvernement à ne faire que des travaux de rafistolage en latérite sur ces voies en goudron ?
Les nombreux accidents occasionnés par l’état de ces voies, les vies humaines éteintes prématurément et les dommages causés sur les véhicules et autres engins devraient interpeler le chef de l’Etat et son gouvernement. Mais aussi, le retard dans le convoyage des productions et autres marchandises vers l’intérieur comme l’extérieur du Bénin qui constitue un coup dur pour l’économie béninoise ne devrait pas non plus les laisser indifférents.
Il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités. On ne saurait trouver d’excuse dans le fait que le financement n’est pas encore bouclé. Le gouvernement devra savoir également que ces voies constituent l’épine dorsale de l’économie et en faire une priorité. Pourquoi ne pas prévoir dans les mille et quelques milliards du budget le financement de ces voies ?