Déguerpissement des exploitants du parc national W: Les protestataires limités par les lois et règlements

(Le flou entretenu par le Maire)

Les populations de Founougo ont dénoncé à travers une marche la semaine dernière, leur déguerpissement du parc national W.  Mais suite à des investigations, on note que les démolitions faites répondent à des textes et lois que le maire de la commune de Banikoara n’ignore guère.

Pour les populations de Founougo, la démolition de leurs champs, leurs huttes, et autres habitations de fortune installées sur la zone Tampon du parc national W est un acte barbare. S’il faut reconnaître que les militaires qui ont exécuté l’opération ne sont pas allés de mains mortes, il faut cependant remarquer que leur intervention est bien fondée et justifiée par la loi.

 

En effet, la loi n° 93-00 du 2 juillet 1993 portant régime des forêts en République du Bénin en son article 21 au chapitre 2 ainsi que  la loi n° 2002-16 du 18 octobre 2004 portant régime de la faune au Bénin définissent clairement comment exploiter le parc W. Dans aucune de ces lois, il n’est précisé que le parc soit ouvert aux populations pour exploitation champêtre ou pour l’élevage d’animaux. Or, c’est contre cela que luttent aujourd’hui les responsables du parc national W. Alors même que plusieurs séances de sensibilisation ont été menées à l’endroit des populations riveraines depuis plusieurs années durant. C’est le cas par exemple des réunions villageoises d’information et de sensibilisation, des ateliers et séminaires organisés dans les années 90. Ces fora avaient pour objectif de faire connaître les lois qui interdisent les activités humaines dans le parc. Dans les années 2000, un autre projet a été initié pour sensibiliser les chefs coutumiers et autres leaders d’opinion des communes riveraines. L’année dernière, un autre forum fut initié sur la stratégie de gestion de la zone tampon et a réuni les cultivateurs, les éleveurs, les maires des communes riveraines et les responsables du Cerpa. Là encore, il a été précisé que toute activité humaine était interdite sur le parc. En avril de cette année, les maires, les députés, des chercheurs, des cultivateurs et des éleveurs ont assisté à un atelier toujours sur la zone tampon. Des études ont été également réalisées sur le parc et le résultats ont déconseillé l’installation des hommes sur ce périmètre. Or en 2005, les gestionnaires du parc avaient ouvert cette zone tampon aux populations riveraines compte tenu de la poussée démographique. Et ce, contre l’avis des autres pays cogérants le parc.

Aujourd’hui, les conséquences des activités humaines dans ce parc contribuent à la destruction de ses ressources. C’est donc face à cela et s’appuyant sur les textes, lois et autres études sur le parc et la zone tampon que les actuels gérants du ont décidé d’évacuer les populations qui sont venues occuper le périmètre. Ceci après moult séances de sensibilisation et d’information.

Ce qui est paradoxal dans cette situation est que le maire qui apporte son soutien aux manifestants, a pris part à plusieurs des ateliers, séminaires et autres fora d’information et de sensibilisation. Il connaît donc au bout des doigts les lois mises en application par les responsables du parc. Normalement, il devrait s’employer à appuyer ces derniers dans leur application. Mais apparemment, il est dans une autre logique que lui seul connaît. Le parc W étant un patrimoine national régi par des textes et lois, il importe que celles-ci soient respectées sans exagération aucune qui puisse compromettre la vie des populations riveraines.

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