Naguère discret et casanier, le président Mathieu Kérékou est de plus en plus présent sur la scène ces derniers jours. On l’a vu d’abord en compagnie du député Issa Salifou Saley- son filleul politique de tous les temps- et de son ancien ministre de la jeunesse Christian Lagnidé descendre d’un avion privé en provenance de Paris. Puis tout récemment c’est l’enrôlement du « vieux » pour la Lepi qui est fortement médiatisé. Sur ces deux tableaux, le président Kérékou veut donner un signal fort. Pour 2011, il sera bien présent et aura sa carte à jouer. En bon caméléon, le président Kérékou est bien un personnage ondoyant. Discret et aphone quand il veut bien, mais aussi prolixe et provocateur quand il veut donner des coups. C’est cette seconde posture qu’il semble adopter depuis quelques jours. Le vieux cacochyme du début du régime du changement est devenu un homme alerte, bien lucide, plein d’humour comme à son habitude, qui ne manque pas de flécher. « Je veux donner de leçons à ceux qui sont mauvais et qui font croire qu’ils sont bons ». La Leçon est bien comprise par ceux qui savent lire entre les lignes. Mais en vérité, ce regain d’activisme du président Kérékou participe d’une logique, disons même d’un plan. Face à la construction du grand bloc politique qu’est l’Union fait la nation, il veut simplement tenter de jouer au trublion, désorganiser un peu les schémas des uns et des autres et confirmer sa forte influence sur la scène politique béninoise qui semble, au regard de maintes choses, lui échapper. Il entend donc passer par ces hommes liges qui lui sont restés fidèles au fil de ses années de retraite à l’ombre des filaos. C’est sur ceux-là que Kérékou compte pour se donner une nouvelle étoffe politique. Parmi ces fidèles des fidèles, on peut compter son ancien ministre de la jeunesse et des sports Christian Lagnidé, le député Issa Salifou, son ancien ministre de la défense Pierre Osho…et bien d’autres. Le premier continue d’être dans le sérail du « vieux » où il joue un rôle non moins important. Le deuxième Issa Salifou passe pour être un de ses meilleurs chantres pour avoir tout eu par lui. Le troisième enfin, c’est un de ses plus fidèles compagnons. Vielle amitié des années révolutionnaires et qui a survécu au quinquennat d’oisiveté politique du président Kérékou. Et bien qu’à la fin de son deuxième mandat, il y a eu un peu de brouille entre les deux hommes, la substance de cette grande amitié reste. C’est justement ces trois hommes, et bien d’autres encore, que Kérékou veut utiliser pour déjouer les pronostics qui se font actuellement. Selon des sources proches de lui, il entend les soutenir pour être candidat en 2011.Ainsi utilisés, ils pourront embrouiller les cartes afin que le schéma qu’il mijote dans le secret soit une réalité. Selon lui, ces candidats pourront ramasser des voix de gens très attachés à lui et qui ne se retrouvent pas dans les schémas actuels. Tout le jeu se jouera au second tour et bien malin qui pourra deviner à qui il accordera sa faveur. Une chose est sûre, avec Saley et Osho -dont le discours est très acerbe contre le gouvernement- ce que trame Kérékou n’est sûrement pas favorable à Yayi.
