Bénin – Entre le tollé général suscité par l’organisation de la présidentielle et les discussions d’avant-garde initiées par les anciens chefs d’Etats, le pouvoir reste dans sa logique de maintenir la date du scrutin au dimanche 6 mars. L’essence de son entêtement se trouve dans la réalité tangible des chiffres fournis à la Céna par la Cps/Mirena.
Selon les statistiques nationales transmises à la Céna, la Commission politique de Supervision des élections et la Mirena indiquent avoir enregistré, par rapport au chiffre de la présidentielle de 2006, une baisse sensible du nombre des électeurs pouvant prendre part au vote. Cette baisse est de près de 15% à 20% sur l’ensemble des départements du centre et du sud du Bénin et a atteint plus de 33% dans le Couffo (cf. tableau en encadré).
Parallèlement et, mis à part la Donga, tous les trois départements du nord, à savoir l’Atacora, le Borgou et l’Alibori, ont connu une augmentation exponentielle d’environ 10% (par rapport à 2006) du nombre de nos compatriotes en âge de poser l’acte citoyen de voter.
L’analyse croisée de ces chiffres ne permet pas de comprendre la dichotomie entre ces augmentations et, a contrario, les baisses notées à l’intérieur du même pays, en cinq ans de vie. Les économistes statisticiens et socio-anthropologues de la CPS/Mirena qui ont produit les fiches d’enregistrement des électeurs devraient pouvoir indiquer les paramètres qui appuient une telle réalité des chiffres. Et on est en droit d’attendre leurs explications sur le sujet. Pour l’heure, on en convient que dans le débat juridico-politique actuel, lequel consiste à faire constater unanimement que l’enrôlement des électeurs a souffert de beaucoup de ratés, dont celui du plus du million de personnes laissées en rade, le pouvoir en place se fonde visiblement sur les chiffres fabriqués par la CPS-Lépi et la Minera pour camper son entêtement à vouloir convoquer le corps électoral, coûte que coûte pour le dimanche 6 mars prochain. Pourtant, des négociations sont actuellement engagées par l’opposition notamment et des personnalités politiques de haut niveau dont les anciens présidents de la République, Nicéphore Soglo et Emile Derlin Zinsou, afin d’amener les organisateurs de l’élection à admettre -même sous conditions- de retoucher le fichier électoral transmis, avant la date fatidique de la tenue du scrutin. Dans le but d’y inclure les votants potentiels n’ayant pas été enregistrés.
Un coup K.O au… premier tour!
La réaction du chef de l’Etat, Yayi Boni, semble indiquer que l’homme n’est pas contre la démarche. Son seul souci serait de faire les choses dans le cadre de la légalité constitutionnelle. Mais ses lieutenants, dont Marcel de Souza le beau-frère, ne manquent pas de clamer haut et fort que les élections ne seraient jamais repoussées au-delà du 6 mars. Comme s’ils savent, à eux seuls à l’avance, les effets, les tenant et les aboutissants des concertations que les leaders d’expérience appellent de tous leurs vœux pour décrisper l’atmosphère sociopolitique qui reste trouble depuis déjà des mois. En vue de permettre de rassurer le plus du million 300 mille personnes encore non enregistrées.
En vérité, la mouvance au pouvoir et ses animateurs ont fait de petits calculs basés sur les chiffres annoncés plus haut. De ces calculs, le Borgou, supposé fief naturel du candidat Yayi Boni, lui est d’office acquis. Et quel que soit le partage qu’il y aurait entre les candidats, dans l’Alibori et l’Atacora, Yayi Boni ne s’emporterait pas plus mal. Ces départements ne sauraient lui échapper outre mesure. Leur soutien lui serait garanti, n’en déplaise à un certain Abdoulaye Bio Tchané, qui se détermine comme le plus grand challenger de Yayi Boni dans ces régions là. Restent maintenant les départements du centre, dont le Zou, et ceux du sud. Dans ceux-là et, déjà délestés d’un nombre important de leurs électeurs non inscrits, les candidats de l’opposition risquent de voir leur auguste adversaire ratisser plus de voix que prévu lui permettant au finish –en un coup K.O au premier tour- de faire le plein au plan national. Pour se voir poser le tapis rouge de sa marche triomphale vers le palais de la Marina. Le… 06 avril 2011? D’ici à là, que d’embuches en perspective!
MIRENA/CNT COMMISSION POLITIQUE DE SUPERVISION
REPARTITION DES ELECTEURS PAR DEPARTEMENT, PAR VILLAGE/QUARTIER DE VILLE, PAR CENTRE DE COLLECTE ET PAR BUREAU DE VOTE
N* D’ORDRE |
DEPARTEMENTS |
ELECTEURS 2011 (A) |
ELECTEURS 2006 (B) |
ECART (A-B) |
NOMBRE DE BUREAU DE VOTE |
1 |
Ouémé |
418.387 |
507.928 |
-89.541 |
|
2 |
Plateau |
201.777 |
248.479 |
-46.702 |
|
3 |
Atltantique |
509.205 |
584.429 |
-75.224 |
|
4 |
Littoral |
334.361 |
413.674 |
-79.313 |
|
5 |
Couffo |
228.473 |
343.325 |
-114.852 |
|
6 |
Mono |
183.712 |
204.702 |
-20.990 |
|
7 |
Collines |
217.174 |
304.899 |
-87.725 |
|
8 |
Zou |
298.423 |
338.676 |
-40.253 |
|
9 |
Alibori |
289.568 |
261.993 |
+27.575 |
|
10 |
Borgou |
416.597 |
386.046 |
+30.551 |
|
11 |
Atacora |
247.541 |
246.344 |
+1197 |
|
12 |
Donga |
161.497 |
180.801 |
-19.304 |
|
Total
|
3.506.715 |
4.021.296 |
-514.581 |
|
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