Ce document inédit est l’œuvre d’un chercheur en sciences politiques et sociales. Il est la contribution citoyenne d’un homme qui s’est de tout temps préoccupé des intérêts de son pays, a travers ses analyses et éclairages sur divers sujets d’importance. Et dans le cas d’espèce que vous avez sous la main, aujourd’hui, a un moment ou le Benin est au bord d’une crise politique sans précédent. En dehors de la période de la Conférence nationale des forces vives de février 1990, nul débat n’aura agité notre microcosme national, au point de vouloir le précipiter dans l’abime. L’esprit du consensus qui prévalait jusque-là a, depuis peu, déserté le forum.
Dans les commentaires ci-dessous reproduits, M. Adjilé Sègla Dafon Aimé nous rappelle que «le temps de la discussion est une économie de temps» et démontre comment l’obstination des uns à organiser les élections, le 6 mars, procède de leur volonté délibérée de conserver le pouvoir à la sénégalaise, en assenant le coup fatal au peuple, vari détenteur du pouvoir d’Etat. En somme, par les calculs et le jeu malsains découlant de la maitrise du fichier électoral concocté, envers et contre tous, les acteurs politiques tapis dans la mouvance présidentielle s’apprêtent à sabler le champagne sur le dos du peule souverain.
Emmanuel S. Tachin
COMMENTAIRES
N° D’ordre |
DEPARTEMENTS |
A défaut de l’enquête post-censitaire, taux de couverture démographique par rapport à 2006 calculé à partir du tableau 1 en annexe (moyenne en % par département). |
01 |
OUEME |
82 % dont commune urbaine de Porto-Novo 40 % |
02 |
PLATEAU |
81 % |
03 |
ATLANTIQUE |
87 % |
04 |
LITTORAL |
81 % dont commune urbaine de Cotonou 60 % |
05 |
COUFFO |
66 % |
06 |
MONO |
89 % |
07 |
COLLINE |
71 % |
08 |
ZOU |
88 % dont Abomey et Bohicon 60-70 % |
09 |
ALIBORI |
110 % |
10 |
BORGOU |
107 % dont commune rurale de Tchaourou 124 % |
11 |
ATACORA |
100,5 % |
12 |
DONGA |
89 % |
A supposer le taux de croissance démographique au Bénin pas nulle, celui de la mortalité en général et en particulier des 13 – 17 ans en 2006 pas explosive au point que le nombre de morts dépasse le nombre des hommes restés en vie (balances des vies et des morts des plus de 18 ans en 2006 et des 13 ans – 17 ans en 2006), les taux espérés devaient être au moins égaux dans tous les départements à 100 points majorés de la moyenne des ‘’TAUX D’ACCROISSEMENT NATUREL INTERCENSITAIRE’’, en prenant par exemples les données entre 1992 et 2002 au ‘tableau 2’ de l’annexe!!
Ces taux d’accroissement sont positifs et l’on s’interroge à juste titre sur les données négatives du ‘tableau 1’ en annexe. Cela dit, les données renseignent suffisamment bien. Dans tous les cas, il n’est pas possible que les écarts soient aussi grands et surtout négatifs, même au bénéfice des absentéismes élevés pendant les enrôlements.
Les écarts positifs en Alibori, Borgou et Atacora et très court en Donga confirment l’injustice du service de recensement au sud du pays, dans le zou et dans les collines, dans une moindre mesure dans la Donga. Mais en même temps, les chiffres et taux dans ces contrées de l’Alibori, Borgou et Atacora renseignent davantage la normalité d’un accroissement de l’électorat en cinq ans, ce qui devait être reflété uniformément dans tout le pays en accord aux ‘taux d’accroissement naturel intercensitaire’, ce qui n’est pas le cas.
La normalité des données au nord du pays fait apparaître par exemple qu’une localité comme Tchaourou peut atteindre ses chiffres de 2006 et sur recenser en plus 24 personnes pour 100 personnes en 2006. C’est ce qui aurait été normal et uniformément constaté dans tout le pays. Malheureusement, 60 en manque sur 100 au moins en 2006 à Porto-Novo ; 40 en manque sur 100 au moins en 2006 à Cotonou et 30 à 40 en manque sur 100 au moins en 2006 à Abomey-Bohicon favorisent au contraire des interprétations xénophobes au lieu de permettre d’apprécier la normalité du recensement dans les zones du nord du pays au détriment d’un ‘sud’ anormal.
Ainsi, la disparité des écarts indiquent que même les plus brillants favoris présidentiables peuvent être battus.
La moyenne des taux de couverture démographique supérieure à 100 par rapport à 2006 pour l’Alibori, le Borgou et l’Atacora étant de 106%, on peut établir, en moyenne, le nombre des non inscrits laissés en rade à au moins 755.858 (sept cents cinquante cinq mille huit cent cinquante huit citoyens): 514581 + 6% x 4021296 = 514581+ 241277 = 755858 (sept cents cinquante cinq mille huit cent cinquante huit citoyens) (ou 6% x 4021296 + 4021296 – 3506715 = 755858).
Et cela, sans tenir compte du fait que le rapport entre le bloc Alibori, Borgou, Donga et Atacora et le bloc Atlantique, Littoral, Ouémé, Plateau, Mono, Couffo, Zou et Collines en terme de populations est au moins de ‘’deux points’’. Si on en tenait compte, le chiffre de 755.858 (sept cents cinquante cinq mille huit cent cinquante huit citoyens) approcherait le million de personnes laissées en rade, non recensées.
La contestation est par conséquent légitime. Et les résultats attendus des élections, si la Lépi n’est pas corrigée, sont contestables.
Notre conviction, pour éviter le syndrome ivoirien, c’est :
1- soit l’opposition boycotte les élections et cela donne Yayi Boni ‘Très mal élu’, ce qui n’arrangera pas sa gouvernance qui ne manquera pas d’être mouvementée les 5 années à venir. Il en resterait responsable ! On ne comprendrait pas que l’opposition conteste la victoire de l’adversaire après des élections à Lépi controversée et non consensuelle, Lépi qu’elle a combattue mais qu’elle a acceptée comme instrument d’arbitrage ! Ce serait anachronique.
2- soit, les propositions du ‘Comité de conciliation Zinsou’, qui sont à saluer, sont acceptées par le Gouvernement et exécutées dans de nouveaux délais constitutionnels votés pour garantir la transparence du vote et la victoire incontestée de l’un quelconque des candidats (expertise et tests Lépi ; non inscrits appelés sur les places publiques à venir s’inscrire et recensement d^ment constaté publiquement et non par porte à porte ; vote de loi corrigeant la Lépi et légalisant les nouveaux inscrits)
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
– à cause du pilotage politique de la lépi au lieu d’un pilotage technique
– à cause d’un management politique des opérations sur le terrain qui sont en elles-mêmes techniques. En conséquence de quoi, compositions partisanes des équipes et politisation des actions qui s’en suivent aussi : ‘’le recensement étant porte à porte, si je sais que tu es contre moi, je ne vais tout simplement pas aller te voir pour te recenser ; ou, je dis que les kits biométriques sont en panne ou que c’est la saison pluvieuse…. ‘’
En conclusion, l’appel sur la place publique (atinsa) où l’on peut s’assurer que tout le monde est recensé est préférable au porte à porte. Il faut le crier haut et fort pour que cette formule soit celle adoptée pour le recensement des manquants. Faisons pression sur notre Gouvernement et sur le Président de la République pour que la Lépi soit corrigée. Le Président sortant lui-même a grand intérêt à éviter d’être ‘’Mal Elu’’.
La leçon de chose à retenir
Il faut privilégier la vérité des contradictions au consensus mou et au ‘passage en force’. La culture de la contradiction prévient mieux les crises et ce sont les contradictions qui font jaillir le progrès. Si l’écoute avait été privilégiée dans la gestion de la Lépi dès le départ, le pays aurait gagné plus de temps et plus de paix. Et maintenant, le Président Zinsou, celui qui renoue avec la bonne gestion des contradictions autour de la Lépi pour éviter de mal élire le Président entrant avec des révoltes graves, est nécessairement brave. Espérons que le Président de la République va choisir ce qui est bon pour le pays et non pour sa personne.
Annexes :
1- REPARTITION DES ELCTEURS PAR DEPARTEMENT (DETAILS PAR VILLAGE/ QUARTIER DE VILLE ; PAR CENTRE DE COLLECTE ET PAR BUREAU DE VOTE, VOIR DANS LES DOCUMENTS GENERAUX)
N° D’ordre |
DEPARTEMENTS |
ELECTEURS 2011(A) |
ELCETEURS 2006(B) |
ECART (A-B) |
01 |
OUEME |
418 387 |
507 928 |
-89 541 |
02 |
PLATEAU |
201 777 |
248 479 |
-46 702 |
03 |
ATLANTIQUE |
509 205 |
584 429 |
-75 224 |
04 |
LITTORAL |
334 361 |
413 674 |
-79 313 |
05 |
COUFFO |
228 473 |
343 325 |
-114 852 |
06 |
MONO |
183 712 |
204 702 |
-20 990 |
07 |
COLLINE |
217 174 |
304 899 |
-87 725 |
08 |
ZOU |
298 423 |
338 676 |
-40 253 |
09 |
ALIBORI |
289 568 |
261 993 |
+27 575 |
10 |
BORGOU |
416 597 |
386 046 |
+30 551 |
11 |
ATACORA |
247 541 |
246 344 |
+1 197 |
12 |
DONGA |
161 497 |
180 801 |
-19 304 |
|
TOTAL |
3 506 715 |
4 021 296 |
-514 581 |
2- POIDS ELECTORAL DES DEPARTEMENTS EN 2011
Dpt |
Election présidentielle inscrits 2006 |
élections législatives inscrits 2007 |
élections locales inscrits 2008 |
moyennes inscrits sur 3 dernières élections |
Taux d’accroissement naturel intercensitaire 1992-2002 |
Population (18 et+) projetée pour 2011 |
poids électoral présidentiel 2011 |
Alibori |
261,993 |
266 ,076 |
250,095 |
259,388 |
3.88% |
290,767 |
6.78% |
Atacora |
246,344 |
260,197 |
249,578 |
252,040 |
3.21% |
277,099 |
6.46% |
Atlantique |
584,429 |
495,610 |
523,148 |
534,396 |
4.23% |
605,119 |
14,11% |
Borgou |
386,046 |
391,644 |
377,238 |
384,976 |
4.35% |
437,684 |
10.20% |
Colline |
304,899 |
336,884 |
288,562 |
310,115 |
4.65% |
355,419 |
8.29% |
Couffo |
343,325 |
375,137 |
368,203 |
362,222 |
2.87% |
394,313 |
9.19% |
Donga |
180,801 |
177,620 |
151,736 |
170,052 |
3.48% |
188,431 |
4.39% |
Littoral |
413,674 |
331,186 |
309,311 |
351,390 |
2.17% |
374,566 |
8.74% |
Mono |
204,702 |
206,126 |
183,440 |
198,099 |
2.50% |
213,321 |
4.97% |
Ouémé |
507,928 |
476,333 |
474,454 |
486,238 |
2.54% |
524,239 |
12.22% |
Plateau |
248,479 |
244,731 |
239,161 |
244,124 |
2.84% |
265,519 |
6.19% |
Zou |
338,676 |
330,255 |
363,411 |
344,114 |
2.28% |
368,192 |
8.58% |
Ensemble Bénin |
4, 021,296 |
3, 891,799 |
3, 778,337 |
3, 897,144 |
3.25% |
4, 289,598 |
100.00% |
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