La relève politique : quoi de neuf ?

Arrive, avec perte et fracas, une nouvelle génération de politiciens. Ils sont jeunes. Ils ont les dents longues. Ils sont impatients de tout bousculer, de tout déménager sur la scène politique. Ils se font souvent critiques, sinon sévères, dans leurs jugements, à l’adresse de leurs aînés. Le renouvellement de la classe politique est un phénomène naturel. Voyez les arbres autour de nous.  A saison régulière, ils renouvellent leur frondaison. Les anciennes feuilles tombent et laissent la place à de nouvelles feuilles, dans toute la fraîcheur de leur couleur verte.

On appelle néophyte, la personne qui vient d’entrer dans une religion, dans un parti politique, dans une association.  Nos néophytes béninois de la politique montrent beaucoup de zèle, libèrent un trésor de générosité, ont de l’enthousiasme à revendre. C’est normal. Comme dit le proverbe : « Tout nouveau tout beau ». C’est encore, pour eux, le temps de l’émerveillement et de la découverte.

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En dépit de ce préjugé favorable qui accompagne et rythme leurs premiers pas dans l’arène publique, ces jeunes loups de la politique se sont-ils affranchis pour autant d’un certain nombre de tares qui gangrènent  l’univers de la politique dans notre pays ? Pensons à l’amateurisme politique, à l’argent, au régionalisme.

D’abord l’amateurisme. La plupart des jeunes qui entrent en politique ne croient pas nécessaire de s’astreindre à un apprentissage préalable. Parce qu’ils n’imaginent pas la politique comme une école. Parce qu’ils ne conçoivent pas la politique comme un champ de connaissances. Ces jeunes font  la politique comme M. Jourdain faisait de la prose. C’est à-dire sans savoir de quoi elle retourne.

La politique est une science. La jeune génération de politiciens qui déboule sur la scène publique ne peut pas l’ignorer.  Qui a intérêt à renoncer aux lumières de la science pour éclairer son chemin dans la vie ?  Il en est de la politique comme de l’école. L’une et l’autre trainent à leur suite leur cargaison d’illettrés, de demi-lettrés, sinon d’analphabètes. Le politicien ignorant ou analphabète est  un danger. Il est dangereux pour lui-même, pour les autres, pour son pays.

Ensuite, l’argent. Loin de nous l’idée d’appeler à la politique, par principe ou par vertu, de jeunes gens et de jeunes filles désargentés, à la poche trouée, obligés de tirer le diable par la queue. On ne serait pas loin d’une caricature, grandeur nature, de la politique. Autant l’argent est le nerf de la guerre, autant l’argent est et demeure le nerf de la politique. Mais quel argent ? L’argent de la drogue et de tous les trafics maffieux ? L’argent de la corruption et de toutes les transactions diaboliques ?

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Le politicien n’est pas qu’un gladiateur dans l’arène sociale. Il se doit également  de projeter l’image sereine et rassurante d’un être de devoir au service des autres. Qui se trouve dans cette posture ne peut soutenir que l’argent n’a pas d’odeur, que peu importe la qualité de l’eau pour éteindre un incendie. Alors question : l’argent comme un moyen ou comme une fin ? La réponse de la jeune génération de politiciens à cette question ne la démarque pas clairement  de la génération des aînés. Les années passent. Les générations se renouvellent. Mais les mœurs restent.

Enfin, le régionalisme. La génération des aînés en a usé et abusé. Elle ne sait pas prospérer hors ou loin de ce fumier. C’est que depuis plus de cinq décennies, tout concoure à placer au centre du jeu politique, le fils du terroir. La jeune génération ne sait pas encore se départir d’un héritage qu’elle semble assumer comme un legs sacré. Du moment où le régionalisme lui profite et sert ses intérêts à court terme, elle n’est pas encore prête à foutre le coup de pied libérateur dans ce gros sac pourri.

Au total,  qu’est-ce qui change ou qui va changer avec la jeune génération de politiciens qui arrive en fanfare sur la scène politique nationale ? Quand on joue au même jeu, sans changer les règles du jeu, en étant dans la même disposition d’esprit, l’âge des joueurs importe peu. Le résultat est le même. Et rien ne change vraiment.

Jérôme Carlos

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