Le député Akotègnon relaxé, Porto-Novo connaît ses premières manifestations

A l’issue d’un procès qui a duré environ 8h d’horloge, un procès mené en procédure de flagrance devant le tribunal de première instance de Cotonou, et qui a pris fin aux environs de minuit ce vendredi 25 mars, le député Raphaël Akotègnon et les trois autres personnes interpellés lors d’une manifestation de l’opposition ont été purement et simplement relaxés des fins de la poursuite, nonobstant les réquisitions du représentant du ministère public  tendant à condamner le député à six mois d’emprisonnement ferme et quatre mois pour ses compagnons. A la fin du procès, le député dira que son arrestation visait à intimider, à faire peur ; mais que même s’il avait été condamné, il y a plusieurs autres Béninois comme lui, qui manifesteraient leur mécontentement.

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Pendant que se tenait le procès, le commissaire central de la ville de Cotonou, Louis-Philippe Houndégnon animait une conférence de presse au cours de laquelle il a donné sa version des faits. Il rappelle les instructions du ministre de l’Intérieur interdisant toute manifestation entrant dans le cadre de l’élection présidentielle ; et justifie ses actes par le « trouble à l’ordre public occasionné par l’attroupement organisé par le député ». Selon le commissaire central de Cotonou, « c’est au pas de charge qu’il a (que j’ai) ordonné la charge ». Et c’est dans cette ambiance que l’honorable Akotègnon s’est retrouvé nez à nez avec moi. Il a foncé sur moi dans le dessein de me frapper. Mes agents et moi-même (je prends mes responsabilités) l’avons matraqué ». Le commissaire précisera par ailleurs que le député  « était à la tête d’une foule de badauds » et « aurait alors saisi une bouteille » sur un étal de vente informelle d’essence, « certainement dans le but de me brûler » indique l’officier de police qui constate que « malheureusement pour lui (le député) la bouteille était vide ». C’est alors, indique Louis-Philippe Houndégnon, qu’il a dû intimer au député d’avoir à délaisser ladite bouteille. Ce qu’il fit avant que son arrestation ne fût ordonnée par  le commissaire qui jure que tous ceux qui organiseront des rassemblements pareils dans la ville de Cotonou le trouveront sur leur chemin.

 

Au lendemain de ce procès, c’est la ville de Porto-Novo qui a pris le relais des manifestations de mécontentement. Là-bas, ce samedi matin, plusieurs carrefours ont été pris d’assaut par des militants de l’opposition qui y ont flambé des pneus ou ont pris siège. Face à ces manifestants, la densité des forces de l’ordre était impressionnante, auxquelles il faut ajouter les engins lourds (chars) de l’armée béninoise. Une scène qui semblait plonger la ville dans une situation d’Etat de siège. Les manifestants dispersés à coups de grenades lacrymogènes, quelques interpellations, la ville est redevenue calme, mais ressemblait à une ville morte surtout que plusieurs boutiques ont dû fermer, ce qui renseigne sur la peur qui habite les populations. D’ailleurs, celles-ci se plaignent des mouvements  ostentatoires desdits chars et laissent entendre qu’ « on a pourtant connu des élections dans ce pays sans qu’il en fut ainsi ». Pour le commissaire de Porto-Novo, Prince Alédji, « ce n’est pas la guerre, nous sommes tous des frères mais force doit rester à la loi. Et si des groupes dépassent deux, trois ou quatre » personnes déjà, ils seront dispersés. Le commissaire dénonce au passage une « soit disant opposition ». Pour sa part, le commandant Rock Ouangbè, va démentir les rumeurs selon lesquelles les manifestants ont été dispersés à balles réelles ». « Pas de balles réelles, mais quelques grenades, ça fait du bien aux manifestants pour les disperser » a-t-il laissé entendre.

Interrogé par la chaîne de télévision privée LC2, le chef d’état major général des Forces armées béninoises, le général de division Mathieu Boni soutiendra que « Porto-Novo n’est pas plus militarisée que Cotonou » et que cette forte mobilisation des forces de l’ordre vise à décourager les éventuels fauteurs de trouble. Il précisera aussi que l’armée n’est au service d’aucun des camps en présence.

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