Une crise majeure est à notre porte. Elle est consécutive au scrutin présidentiel de mars 2011. De mémoire de Béninois, jamais tension n’a été aussi vive au lendemain d’une élection. Jamais, autant qu’aujourd’hui, les Béninois n’ont senti la terre se dérober sous leurs pieds, le ciel leur tomber sur la tête. Quand le vin est tiré, dit-on, il faut le boire. Quand la crise vient à s’installer et à prendre pied à demeure, il faut la gérer. Alors question : quel mode opératoire dérouler pour aborder la crise avec de meilleurs atouts ?
Nous pouvons nier la crise, au motif que Dieu, aimant tout particulièrement le Bénin, lui évitera un grand malheur, le mettra à l’abri d’une tempête.
Nous pouvons ignorer cette crise, adoptant la posture de l’autruche face au danger. Cet oiseau coureur, dit-on, pour échapper au péril, se cache la tête.
Nous pouvons, enfin, nous plonger dans la crise. Avec la farouche volonté d’en découdre avec l’adversaire, c’est-à-dire toute personne identifiée et désignée telle. Avec la rage de régler nos comptes et de poursuivre notre croisade pour une cause ou contre un mal.
Et au cas où nous jouerions les Saint Thomas, histoire de chercher à nous convaincre de l’effectivité de cette crise, il y a des indices qui établissent la preuve par neuf que le ver est dans le fruit et qu’il y a désormais péril en la demeure.
Les Akan disent : « Quand le mur n’est pas lézardé, l’araignée n’entre point dans la maison ». C’est parce que, du fait de cette crise, nous sommes plus que jamais faibles et affaiblis, que notre grand voisin de l’est, par son Président, est venu à Cotonou nous sermonner vertement. Que cela arrange le business de certains ou dérange celui de certains autres n’est pas le problème. Ne méritent d’être traités, comme nous l’avons été, que les citoyens d’un pays faible qui s’affaiblit. Un Bénin, laminé par la crise, se condamne, tel un satellite, à graviter autour des astres majeurs.
Par ailleurs, dans le « Village planétaire » qu’est devenu notre monde, la Côte d’Ivoire, dans l’embrasement sanglant d’une crise postélectorale, c’est la maison à côté. Elle s’invite dans nos rêves. Elle hante nos jours et nos nuits. Elle défile, comme un mauvais film, sur l’écran de notre conscience. Elle parle à notre cœur et à notre esprit. Et nous savons que cela n’arrive pas qu’aux autres.
Mais comment vaincre la fatalité d’une crise aux conséquences incalculables ? Comment arrêter la machine infernale avant que, parodiant Mgr De Souza, un bain de sang ne nous éclabousse et ne nous emporte dans ses flots ?
Beaucoup se feront légalistes. Leur référence, c’est la loi. Ils n’auront pas tort. La loi est, dans une société normale, le plus grand commun rassembleur. C’est le miroir qui nous renvoie l’image de nous-mêmes, l’image qui nous identifie aux autres. C’est en cela que « Qui se ressemble s’assemble ».Ce que complète Montesquieu (citation) : « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent » (Fin de citation). Mais, à une seule condition : que la loi soit la même pour tous, nous évitant d’avoir deux poids, deux mesures.
D’autres ne croiront qu’à la force. Il faut montrer les muscles, bomber le torse, jouer les gros bras. Mais ne perdons pas de vue les limites de toute force. « Le fer est fort, mais le feu le fond. Le feu est fort, mais l’eau l’éteint ».
Reste les hommes pour résoudre les problèmes des hommes. « L’homme est le remède de l’homme » disent les Ouolof. Les Gun ne disent pas autre chose : « Gbê to wê yénon mon ». Nous croyons savoir qu’il existe, dans notre pays, des hommes et des femmes qui ont le profil moral, l’autorité requise et le charisme nécessaire pour se mettre au-dessus de la mêlée et indiquer aux parties en conflits, dans les graves moments que nous vivons, la voie que devraient nous inspirer les mânes de nos ancêtres. Ces personnes ne peuvent se taire trop longtemps. Elles ne peuvent pas non plus dormir du sommeil du juste. Elles doivent se manifester sans délai. Sinon, préparons-nous à lancer un avis de recherche. Il y va de l’intérêt supérieur du Bénin, notre pays.
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