Football : arrêtons le gâchis !

La famille du football, dans notre pays, se déchire et s’entredéchire. Spectacle  plutôt triste pour un pays qui a amorcé la réforme heureuse de son football. Un football auréolé depuis de quelques réussites. Tunis, Accra, Luanda… sont autant de bornes repères  sur le chemin de l’affirmation de notre pays en Coupe d’Afrique des Nations.

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Voilà qu’en pleine ascension, nous décidons de replonger dans les eaux saumâtres dont nous venons de  nous libérer. Comme si l’appel des bas-fonds avait été le plus fort. Par nos outrances, nous avons détourné nos ambitions, différé nos rendez-vous, brisé notre envolée vers les cimes. Quel immense gâchis ! Comment expliquer que les mêmes qui ont juré  de porter notre football plus haut et plus loin, décident-ils, soudain, de s’arrêter au milieu du gué, de mettre en pièces l’œuvre de leur intelligences et de leurs mains ?

 

C’est une génération de nos compatriotes en passe pourtant d’accomplir un exploit, après avoir fouillé dans sa tête, dans ses poches, dans sa volonté de bien faire, c’est cette génération-là  qui, contre toute attente, lâche prise, perd pied et se laisse choir, à la fin, dans le précipice de l’échec. On s’investit corps et âme, on sue sang et eau pour construire un bel édifice. Mais soudain, comme en proie à une folie furieuse, on se lance à l’assaut de son œuvre, avec la volonté destructrice de la réduire en cendre. Nous entendons, comme surgi du fond des âges, ce douloureux cri du cœur : « Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! »

Désormais, tout ce qui se fera sans la volonté de tourner la page, sans  le désir ardent de maximiser nos chances de reprendre l’initiative pour un nouveau départ, participerait  d’un triste colmatage et replâtrage. C’est en vain que l’on cherchera à identifier, dans le conflit en cours, un vainqueur ou un vaincu. Mais le  grand perdant est connu. C’est le football béninois. Il est abandonné, tel un orphelin, sur le bord du chemin. Il est condamné à errer comme un chien perdu sans collier.

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Les murs du bel édifice de notre football sont à terre. Mais, fort heureusement, les fondations sont intactes. Elles ont été creusées dans une exaltante et heureuse complicité. : Anjorin Moucharafou et Sébastien Adjavon en sont les artisans. La rencontre de l’un et de l’autre n’est ni fortuite ni accidentelle. Dieu, qui se sert des hommes pour accomplir ses desseins, sait qu’il n’y a pas de hasard. Anjorin et Adjavon, hier, comme instruments de Dieu, ont commencé ensemble  une belle œuvre. Anjorin et Adjavon, aujourd’hui, comme délégués attitrés du même Dieu, doivent poursuivre, ensemble, leur chemin. Ils doivent conduire, à son terme, l’œuvre entamée.

Chacun de nous est porté pas son orgueil. Et notre ego a pu être méchamment malmené et piétiné dans un conflit qui ne grandit personne. Nous avons chacun  de nous une petite armée de partisans. Nous ne pouvons, du jour au lendemain, détourner notre colère ou ravaler notre ressentiment sans trahir des conseillers visibles et invisibles, des soutiens connus ou inconnus. Chaque camp pense avoir des raisons  de ne pas se rendre aux raisons de l’autre. C’est humain.

En cherchant à sortir notre football de l’ornière, Anjorin et Adjavon nourrissaient l’un et l’autre la secrète ambition d’être utiles à leur pays, à sa jeunesse, aux milliers de supporters de notre football. Parce que le Bénin ne peut plus continuer de garder la place de dernier de classe. La visibilité que le football donne à un pays est aussi importante que celle que lui assure sa diplomatie. Parce que le football est une chance pour notre jeunesse, avec des opportunités sans nombre offertes pour que celle-ci se réalise et s’affirme. Parce que les supporters sont à l’image des fous de Dieu. Ils ont besoin de vivre leurs rêves. Aussi vouent-ils un véritable culte à leur sport roi devenu leur raison de vivre.

Est à apprécier comme un immense gâchis, la guéguerre qui oppose  Anjorin et Adjavon. Une guéguerre qui pollue le climat de notre football. Il urge d’y mettre fin. Et le plus tôt sera le mieux. Nous nous engageons, pour notre part, si l’on nous le demandait, à entreprendre une médiation  entre Anjorin et Adjavon, entre les différentes parties au conflit. Nous sommes prêts à y consacrer nos jours et nos nuits. Pour le bien de notre pays, pour le bien de son football.

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