Le discours d’investiture au scanner

Boni Yayi rempile. C’est le verdict de l’élection présidentielle du 13 mars 2011. La cérémonie d’investiture du Président de la République, le 6 avril 2011, ouvre pour le pays un nouveau quinquennat. Le locataire du Palais de la Marina, dans son discours à cette occasion, a esquissé les grandes lignes de ce qui tiendra lieu de sa politique au profit de son pays, le Bénin au bénéfice de ses compatriotes, les Béninois. Nous avons écouté et nous avons lu le texte du discours du Chef de l’Etat. Ce discours brasse des idées généreuses et intéressantes. Comptabilisons- les comme des intentions déclarées en passe de devenir des promesses réalisées. Que le verbe se fasse chair, pour que le citoyen n’ait plus à se contenter que des seuls effets d’annonce.

Notre approche est délibérément critique. Il s’agit d’attirer l’attention sur ce qui aurait pu passer pour un oubli, une omission. Il s’agit de souligner le traitement plutôt rapide réservé à certains points pourtant  fondamentaux. Il s’agit d’engager notre pays dans l’avenir en le faisant porter par des forces nouvelles et novatrices, à identifier, à maîtriser et à mettre au service de notre développement indépendant. Chacun de nos points s’accompagne d’un mot clé, à savoir « local », « fondamental », « vital », « capital ».

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Le local, c’est quoi ? Citons le chef de l’Etat au sujet de l’expérience de décentralisation en cours dans notre pays : « Un accent particulier sera mis sur le découpage territorial pour renforcer la décentralisation et la déconcentration en  vue de faire de nos communes des pôles de développement et de création de richesse ainsi que des cités de bien-être pour chacune et pour chacun » (Fin de citation). Est absent du discours du Chef de l’Etat l’esprit de la décentralisation. C’est-à-dire ce qui nous convainc que tout vrai développement part de la base, ne relève ni du miracle ni de la magie. En effet, qui ambitionne de construire l’édifice national, ne peut partir du 7ème ou du 10ème étage. Il est contraint de commencer par les fondations. Nos communes doivent en être la vivante expression. Les maires, dans ce cadre, doivent devenir nos nouveaux « chefs de terre ».  Voilà la base, voilà le sol à partir duquel doit prospérer tout ce que le Chef de l’Etat à eu à proposer  en matière de gouvernance politique, économique et social. Dans cet esprit, le gouverner autrement que suppose la décentralisation, adossé à un transfert conséquent, aussi bien des ressources  que des compétences, est de loin prioritaire à tout projet de découpage territorial.

Le fondamental, c’est quoi ? C’est la culture. Le chef de l’Etat a emballé celle-ci dans un ensemble qui aurait pu la folkloriser et la réduire dans ses dimensions essentielles. Citons le chef de l’Etat : «Par ailleurs, le développement de la culture et des activités sportives mérite une plus grande attention» (Fin de citation). Or, la culture, pour nous, c’est ce qui nous identifie, c’est ce qui nous signifie, c’est ce qui nous situe, c’est ce qui constitue notre marque originale et distinctive par rapport aux autres. La culture, de ce fait, demanderait à être mieux traitée.

Le vital, c’est quoi ? Est vital ce qui concerne la vie, ce qui est essentiel à la vie d’un individu. Nous pensons que la lutte contre l’insécurité est devenue pour nous une question de vie ou de mort. Vu le degré de dangerosité atteint par le phénomène. Vu l’omniprésence de celui-ci sur tout le territoire national. Vu ses effets négatifs sur  le développement du pays. Vu la psychose qu’il engendre chez chacun et tous, déstructurant  l’homme que nous tenons pour le moteur de tout vrai développement. Le silence du Chef de l’Etat sur la question de l’insécurité et sur les moyens  à mettre en œuvre pour la combattre, est à tenir pour une omission dans le texte d’un discours de cette nature.

Le capital, enfin, c’est quoi? C’est tout ce qui porte demain, c’est tout ce qui nous porte vers demain. Parce que notre passé  n’a rien avoir avec notre avenir.  Et «Le carrosse du passé, à en croire Maxime Gorki, ne nous conduit nulle part» (Fin de citation) Importe davantage nos objectifs projetés, nos buts visés, dans un monde en mutation rapide.  Alors question : avec quelles forces de la science, de la technique et de la technologie comptons-nous nous projeter dans l’avenir? Le Chef de l’Etat n’en dit rien. Pourtant, c’est dans l’avenir que prennent corps nos rêves présents.

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