Lourdeur administrative ou désinvolture?

A la lecture de la décision de la Cour constitutionnelle sur l’affaire d’escroquerie impliquant le désormais ex-honorable député de l’opposition, Désiré Vodonou, on ne manque pas de s’exclamer: quel gâchis! Gâchis de temps. Non pas qu’il eut fallu le déchoir plus tôt que de raison, sans réussir à motiver les bases de l’acte de déchéance, à partir d’éléments à charge suffisants, mais de devoir mettre tout ce temps -toute une législature qui dure 365 jours fois 4; c’est-à-dire tout bonnement, 4 bonnes …années- avant d’arriver à déverrouiller le dossier dans ses aspects dilatoires, furent-ils, les plus bétonnés.

Lourdeur administrative, à l’heure d’Internet, où le Bénin dispose de la fibre optique ou  désinvolture des agents et cadres chargés de la gestion du dossier? Entre le Tribunal de Grande Instance de Tours (195 km de Paris), où l’affaire a été jugée, et Cotonou, il n’y a environ que 4600 kilomètres à parcourir, non pas à pieds mais en avion. En 6 h de vol. Pas plus. Au bout de trois voyages, en aller-retour, préalablement organisés entre institutions, l’administration de la Cour constitutionnelle devrait avoir pu se déblayer le terrain de sa décision. Pour éviter au contribuable d’accorder à l’«honorable député» présumé escroc, et devenu vil délinquant, depuis la décision de la Cour, la latitude de jouir des privilèges attachés à sa fonction de représentant du peuple. Encore du gâchis!

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Un gâchis financier, cette fois. Car, le salaire de député, ses accessoires l’accompagnant, les frais de mission, de représentation… lui ont été versés. Pendant 48 mois! Un pactole légalement acquis pour avoir été statutairement investi du droit de les percevoir. En toute tranquillité et au frais de la Princesse.

Ramené vivant… plutôt que mort !

Avec le défaut d’information judiciaire, dont a fait preuve la Cour constitutionnelle, sur la durée, on a fini par faire preuve de largesses, à l’égard de l’homme. En son temps, à tort ou à raison. En commençant par l’élever au rang de personnalité. Y compris en le faisant passer dans l’esprit et aux yeux de l’opinion comme un «intouchable», un V.I.P et un représentant dûment mandaté du peuple de la République à son Assemblée nationale. Solennellement, urbi et orbi, on lui a fait prêter serment «devant Dieu et les mânes des ancêtres». Dès lors, investi, comme ses collègues, du pouvoir de légiférer, il a pu décider dans l’ «intérêt supérieur» de  la communauté nationale. Par le biais de l’adoption des lois et, ainsi, peser de son influence et de sa philosophie de vie sur les orientations les mieux adaptées à l’organisation de la vie de ses concitoyens. Durant toute la législature actuelle -qui finit le 22 avril prochain- l’ex-honorable, est affublé de l’immunité parlementaire rattachée à sa qualité d’homme politique et public. Au nom de cette immunité, il reste inviolable tant dans son intégrité physique que morale. Jusqu’au jour de la levée de ce privilège, ladite inviolabilité s’élargit également à son patrimoine meuble et immeuble. Or, sitôt le prononcé de la décision des Sages connu, et notifié à qui de droit, commence la chasse à l’«animal» ainsi traqué dans ses derniers retranchements. A travers monts et vallées, bois et clairières, les forces de l’ordre ont été instruites -par qui, on ne le sait que trop- de le ramener, nous l’espérons, vivant… plutôt que mort. En dépit du statut qui le couvre et qui n’aura pas été officiellement levé. A moins que ladite immunité n’ait été considérée comme n’ayant jamais été acquise. A cause des propres turpitudes du mis en cause. Mais dans ce cas, il y a lieu, pour les pouvoirs publics, d’envoyer leur batterie de juristes expliquer pour largement éclairer l’opinion afin d’éviter des interprétations qui finiraient par une récupération politique de l’affaire.

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