Mouvance présidentielle: les trois dauphins pour Yayi en 2016

Bénin – Ouverte de façon prématurée en  début de quinquennat, la guerre de succession au poste du Président de la république risque d’être âpre au regard des personnes en lice et des réseaux d’influence qui les accompagnent. Pascal Irénée Koupaki, le Premier ministre à qui Yayi aurait promis le dauphinat, Marcel de Souza, nouveau ministre du plan dont la côte de popularité monte dans la mouvance et Nassirou Bako Arifari coopté discrètement par certains faucons de cette même majorité, vont probablement se livrer un combat sans merci pour ce seul maroquin.

C’est de l’intérieur que viendront les prochains conflits qui vont secouer la majorité présidentielle. Alors que l’opposition, affaiblie par les dernières élections, ruminent encore ses échecs et a encore le profil bas, la mouvance, elle, s’incruste dans des querelles byzantines entretenues par des réseaux de des coteries qui font allégeance à des chefs. L’ambiance ainsi délétère offre un terreau fertile à une guerre de succession déclenchée aux premiers jours du nouveau quinquennat par des faucons du régime soucieux de se maintenir dans le système après le départ de Boni Yayi du pouvoir en 2016. Trois éléments de la majorité présidentielle devaient, sauf cataclysme de dernière heure, se livrer un combat sans merci. Le premier est Pascal Irénée Koupaki, ancien ministre d’Etat, devenu depuis le denier remaniement premier ministre. C’est la vedette du gouvernement, toujours au four et au moulin. C’est lui qui s’occupe des dossiers chauds : les crises aiguës que Yayi a tenté vainement de résoudre, les négociations avec les syndicats, les dossiers de privatisation les plus sensibles.  Un super-ministre adulé par le Chef de l’Etat mais aussi par la majorité de ses concitoyens. Technocrate rompu à la tâche et bien moulé dans le rouage des institutions financières internationales, il a la carrure nécessaire pour diriger un pays. Ce n’est donc pas un hasard si son nom est cité comme un potentiel dauphin à Boni Yayi qui l’aurait, selon certaines indiscrétions, choisi pour le remplacer. En 2010 dèjà il avait failli tenter cette aventure avec son nouveau parti l’Udbn avant de se raviser. Pour 2016, il est soutenu par des lobbys financiers au niveau international. Au niveau national, en dehors de l’Udbn, des comités de soutien se créent déjà sur les réseaux sociaux pour le soutien à sa candidature en 2016. Mais le fait qu’il soit révélé très tôt comme le dauphin du Chef de l’Etat veut devenir un handicap sérieux pour lui, voire même son malheur au regard de l’engouement suscité par ce poste.

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Les rivalités au sein de cette majorité présidentielle ont  atteint un niveau où certains acteurs envisagent fabriquer un autre dauphin. Et c’est sur le ministre des affaires étrangères Nassirou Bako Arifari qui ont jeté leur dévolu. Ainsi, certains conseillers proches du Chef, députés et même ministres du gouvernement  travaillent en catimini pour la probable candidature de l’ancien « patron » de la Lépi. Ce qui a favorisé  la naissance de cette option, c’est sa nomination au poste très convoité de ministre des affaires étrangères. « Le Chef de l’Etat est entrain de nous donner un signe », avait confié un député Fcbe du septentrion au sujet de cette candidature qu’il promeut de toutes ses forces. Sociologue réputé pour sa sagacité et la pertinence de ses idées, originaire de Karimama dans le Borgou, il serait un candidat sérieux s’il parvenait à obtenir la couverture politique des Fcbe qu’il a combattus par le passé alors qu’il était coordonnateur du G13 avec Issa Salifou et consorts. Toute cette marque de confiance pourrait augmenter dan les jours ou les mois à venir surtout si Bako réussit à s’imposer à la tête de la diplomatie béninoise comme son prédécesseur. C’est ceci qui favorise cette mobilisation autour de la personne du ministre Nassirou Bako Arifari utilisé comme le pion sûr du septentrion  pour déstabiliser tous ses autres potentiels ennemis.

Marcel de Souza, quant à lui, vient comme un troisième larron. Beau frère du Président, ancien directeur national de la Banque centrale des  états de l’Afrique de l’ouest(Bceao),il  est le nouveau ministre du plan, un ministère stratégique qui peut lui permettre de se forger une carrure de présidentiable en peu de temps.  Mais il n’entend pas s’arrêter là. Selon les indiscrétions, il a concocté tout un plan pour déstabiliser son prédécesseur Pascal Irénée Koupaki contre qui il a des griefs depuis les dernières élections législatives où la liste de son parti le Frap a été rejetée par la Cena et la Cour constitutionnelle.  D’ailleurs les premières escarmouches  entre les deux hommes ont commencé. Une folle rumeur annonce qu’il a envoyé une délégation la dernière fois à Djougou dans le fief de Abdoulaye Bio Tchané pour annoncer sa candidature à la présidentielle aux sages et aux dignitaires.

Chacun de ces trois potentiels dauphins auront à batailler dur dans la mesure où gagner la confiance du président Boni Yayi sera le plus difficile à faire. Le chemin du perchoir en 2016 passera sûrement par là.

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