Le dernier discours du Chef de l’Etat continue de faire des émules. Mais au-delà de l’espoir suscité par les nombreux projets annoncés, il y a encore place au questionnement et à l’incertitude. Alors que les membres du gouvernement clament partout les difficultés économiques du moment, le Chef de l’Etat continue paradoxalement d’annoncer des institutions « farfelues » dont la création ne fera qu’augmenter les dépenses de l’Etat.
Exit, la crise économique dont on nous parle tant. Le Chef de l’Etat continue sa prodigalité au sommet de l’Etat. Depuis 2006 qu’il est aux affaires, son imagination très féconde a engendré plusieurs institutions déjà. Le dimanche 31 Juillet dernier, son discours à la nation n’a pas fait exception à cette logique. « A ce titre, il sera créé un Conseil de dialogue, comprenant outre le gouvernement, les représentants des partenaires sociaux, de la société civile, du secteur privé, des partis politiques, des confessions religieuses, de la jeunesse, des femmes et d’autres forces vives de la nation. Seront aussi impliqués à ce forum, et c’est notre souhait, nos chers anciens Chefs d’Etat, qui de part leurs expériences, viendront rehausser et enrichir de leurs présences les débats. Les modalités de ce cadre de dialogue seront précisées ultérieurement », ainsi a-t-il annoncé la nouvelle institution. Elle pourra s’ajouter aux nombreuses autres créées depuis 2006 et dont maintes personnes ne s’en cachent plus pour dénoncer l’inutilité. Médiateur de la république, Organe présidentiel d’investissement, Haut conseil du changement (dont on n’a plus jamais entendu parler), Haut commissariat pour la gouvernance concertée, Institut de la femme, Haut commissaire à la solidarité nationale sont autant d’institutions créés par Boni Yayi depuis 2006. La nouvelle institution, comme le dit le Chef de l’Etat lui-même devra s’occuper de dialogue national. A y voir de près, ce n’est que le remake d’une autre déjà créée dont on a du mal à être convaincu de l’importance. Il s’agit du Haut commissariat pour la gouvernance concertée. En effet, malgré l’existence de cette institution, et du médiateur de la république, le Bénin est empêtré dans des crises depuis 2008. On a pu mesurer le faible degré de ces institutions à initier des dialogues au moment opportun. N’a-t-on pas souvent fait recours a clergé pour gérer sortir des situations critiques. Lors des dernières élections, alors que la crise politique a atteint son paroxysme, cette institution n’a pu réunir autour de la même table, Boni Yayi, Me Adrien Houngbédji, Abdoulaye Bio Tchané. On a dû faire recours à la providence divine et peut être à l’esprit pacifique de certains leaders pour se tirer d’affaire. Comme le Haut commissariat à la gouvernance concertée, les autres institutions créées par Boni Yayi n’ont pas apporté grand-chose au débat sur la cohésion et l’unité nationales. Les responsables de ces institutions, tous des séniles, donnent l’impression de bénéficier de prébendes politiques après avoir mouillé le maillot pour le Chef de l’Etat pendant les dernières élections présidentielle et législatives. Malgré la période de récession politique et la grogne sociale, le Chef de l’Etat n’affiche aucun souci d’économie en lançant cette nouvelle institution. Car, le fonctionnement d’une telle institution demande assez de moyens. Surtout que sa composition est la plus large possible. Le Chef de l’Etat n’a pas semblé tirer leçon de l’échec et de l’inefficacité dans lesquels baignent ces institutions. Autrement, il aurait choisi de privilégier le recasement des derniers alliés politiques qui rejoignent à flot la majorité présidentielle.
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