De quoi être rassuré, fier, heureux…

Dans nos réflexions sur  « L’Eglise, cette illustre méconnue » et sur « La sainte Eglise des pécheurs », nous avons essayé de connaître plus profondément l’Eglise catholique de l’intérieur et de la faire connaître un peu mieux aux personnes de bonne volonté, à l’esprit ouvert à la réalité certaine de l’Eglise catholique pratiquement bimillénaire. Cet effort de connaissance de l’Eglise ad intra et ad extra pour ainsi dire, nous a fait entrevoir des motifs, d’assurance,  de fierté, de bonheur pour ses membres et sans doute d’émerveillement secret, inavoué par des membres d’autres confessions religieuses ou même par des agnostiques. Les critiques ne manquent pas contre l’Eglise. Il s’en est trouvé des pronostiqueurs qui auraient décrété sa disparition dans quelques années. Des catholiques quittent l’Eglise pour d’autres mouvements religieux si ce n’est pas simplement pour des sectes.. A toutes ces catégories de personnes et surtout aux fils et filles de l’Eglise, mère et éducatrice (mater et magistra), nous essayerons de faire découvrir qu’il y a de quoi être rassuré, fier, heureux dans l’Eglise qui n’est pas à réduire à sa constitution hiérarchique, constitution qui lui est essentielle et même de « droit divin ». Notre réflexion participe aussi du thème du grand jubilé en cours au Bénin : « 150 ans d’évangélisation au Bénin : chrétien rends compte de ton espérance ».

Le roc de la Parole de Dieu et de la foi en Jésus Christ

Le fondateur de l’Eglise comme du christianisme est bien sûr Jésus Christ, le Fils bien aimé du Père et son Envoyé, conçu dans le sein de la Vierge Marie par la puissance de l’Esprit-Saint. L’Eglise n’est donc pas une création de l’homme, une institution humaine, une organisation internationale la plus répandue dans le monde. Nous n’allons pas revenir ici sur l’enseignement du Concile Vatican II. Rappelons simplement que l’Eglise elle-même n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu et qu’elle se laisse conduire mystérieusement par l’Esrit-Saint vers la vérité toute entière. De ce point de vue nous comprenons que l’histoire de l’Eglise soit marquée par des hauts et des bas, qu’elle ait connu des crises, qu’il y ait eu des erreurs mais qu’il y ait eu aussi des actes d’humilité pour réhabiliter Sainte Jeanne d’Arc par exemple, le grand et humble théologien Henri de Lubac, pour demander pardon pour des actes déplorables de membres de l’Eglise. Et cela, au nom de l’approfondissement de la Parole de Dieu qui constitue donc le roc inébranlable de l’Eglise et qui devrait être aussi l’assurance des chrétiens catholiques. Qu’il nous suffise d’évoquer ici la confession de foi de Pierre à Césarée dans l’évangile selon Saint Matthieu. Après avoir interrogé ses disciples sur ce que disent les hommes du Fils de l’homme, Jésus leur dit : « Et vous que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? » Prenant la parole Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon, Fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sens qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux » (Mt 16, 15-19). Voilà l’assurance de l’Eglise. Voilà qui devrait nous rassurer également. Avec l’Eglise, en Eglise, appliquons à cette réalité à la fois divine et humaine, ce que Jésus a dit aux foules et aux disciples rassemblés autour de lui sur la montagne à propos de la nécessité de mettre en pratique la Parole de Dieu, de bâtir sa maison, sa vie sur le roc de la Parole de Dieu : « Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est  comparable  à un homme qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. » ( Mt 7, 22)

Publicité

L’histoire de l’Eglise et son actualité dans le monde de notre temps illustre bien le combat de l’Eglise contre les puissances du Malin et cette assurance de la foi. Dès son origine l’Eglise fut confrontée à des tempêtes dévastatrices voire meurtrières.  Saint Pierre a fait la prison avant de mourir martyr, la tête tranchée à Rome.  La plupart des Apôtres y ont payé de leur vie par le martyre. Des papes et des évêques ont fait la prison, sont morts martyrs sans oublier le sang de nombreux martyrs de tous les temps, semence de vie chrétienne. Il y a eu des antipapes c’est-à-dire des papes rivaux de papes régulièrement élus. Mais la succession apostolique sur le siège de Saint Pierre n’a jamais été interrompue malgré  les zones d’ombre dans l’histoire de la papauté. Le clergé n’a pas toujours été à la hauteur de sa mission, ce qui fut d’ailleurs à l’origine de la création des séminaires pour la formation des  futurs prêtres. A chaque étape de crise purificatrice et de croissance dans l’Eglise, l’Esprit-Saint a toujours suscité des saints, inspiré des réformes, des initiatives pour que la barque de Pierre ne chavire pas, pour que l’édifice spirituel ne s’écroule pas. Pensons ici au Concile de Trente, à Saint Charles Borromée, à Sainte Catherine de Sienne sans oublier les monastères et les nombreuses congrégations religieuses et instituts missionnaires.

Des motifs de fierté

En outre nous chrétiens catholiques en l’occurrence, nous avons  bien des motifs d’être fiers de et dans l’Eglise du Christ.  Mais à l’exemple de l’Apôtre Saint Paul,  mettons notre orgueil dans le Seigneur : c’est en Lui que nous pouvons nous en enorgueillir  (cf 2 Cor 10, 17-18)

Soyons fiers de ce qu’est l’Eglise pour les hommes , les peuples et les nations,  le monde entier depuis plus de 2000 ans, « experte en humanité » pour reprendre l’expression du pape Paul VI. Soyons fiers de la constitution hiérarchique  de l’Eglise à caractère divin ; ce qui  constitue précisément sa force, redoutée de prétendus puissants de ce monde. Soyons fiers de ses structures, de ses infrastructures, de son patrimoine archéologique, artistique, architectural, scientifique. Soyons fiers de ses liturgies et de ces rassemblements. Ce sera encore les J M J dans quelques jours, à Madrid en Espagne : grand rassemblement libre, spontané de centaines de milliers de jeunes accompagnés par des cardinaux, des évêques, des prêtres, des diacres, des religieux et des religieuses du monde entier. Quel chef d’Etat peut oser un tel rassemblement  de citoyens du monde entier. Soyons fiers de notre grand pape le Bienheureux Jean-Paul II à qui l’Esprit-Saint a inspiré ces journées, cet homme de Dieu, ce Pasteur de l’Eglise universelle, arpenteur du monde sans concurrent. Soyons fiers de la présence efficiente de l’Eglise hier et aujourd’hui dans le monde à travers ses institutions éducatives, hospitalières, universitaires, caritatives . Quelle tristesse pour bien des pays occidentaux de ne pas reconnaître les racines chrétiennes de l’Europe ! Soyons fiers des grandes figures de l’Eglise qui ont marqué l’humanité et dont l’histoire se souviendra  toujours tels que Saint Benoît de Nursie, Mère Teresa Prix nobel de la Paix en 1979 ; le cardinal béninois Bernardin Gantin,  Frédéric Ozanam, l’Abbé Pierre ce prêtre français défenseur des plus pauvres, des sans abri. La liste est longue .Soyons fiers de savoir qu’au moins 26 o/o  des centres de sollicitude multiforme envers les malades du VIH SIDA dans le monde appartiennent à l’Eglise catholique. Soyons fiers des nombreuses relations

diplomatiques du Saint- Siège avec plus de 175 pays et de ses représentants dans les institutions internationales. Soyons  fiers de la qualité, de l’ouverture et du rayonnement mondial de Radio Vatican. Fondée en 1931, Radio Vatican dispose de nos jours de 5 chaînes d’émission, émet régulièrement en 38 langues, occasionnellement en  7 langues,  réalise 28500 heures d’émission par an et 811 heures par semaine. Son personnel, toutes catégories confondues, est de 370 personnes de 59 nationalités dont 89 o/o de laïcs  .A chaque digne fils et fille de l’Eglise de continuer à s’enorgueillir dans le Seigneur en qui nous croyons, en qui nous avons mis ou devons mettre notre confiance, une confiance inébranlable.

Publicité

La béatitude de la foi

Si nous avons donc des raisons d’être rassurés et fiers d’être membres de l’Eglise catholique, nous devrions y être  heureux .Nous connaissons sans doute cette affirmation : « Il faut avoir la foi pour entrer dans l’Eglise catholique ; et il faut avoir la foi pour y rester. » En fait c’est une vérité de la Palisse. Car l’Eglise est un mystère de la foi et constitue un article du credo, la profession de foi catholique. Il faut donc avoir la foi bien sûr pour en devenir membre par le baptême et pour y célébrer les sacrements de la foi, pour y mener une vie de foi, de charité et d’espérance. De la vie de foi authentique et profonde fondée sur  le roc de la Parole de Dieu, lue, méditée et vécue en Eglise,  résulte déjà en ce monde le bonheur d’être fidèle laïc, religieux, religieuse, prêtre, évêque, pape.

En référence à la Parole de Dieu, le pape Benoît XVI a précisément parlé de la béatitude de la foi dans son homélie de béatification de Jean Paul II le 1er mai 2011 : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20,29). Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus prononce une béatitude : la béatitude de la foi. Elle nous frappe de façon particulière parce que nous sommes justement réunis pour célébrer une béatification, et plus encore parce qu’aujourd’hui a été proclamé bienheureux, un Pape, un Successeur de Pierre, appelé à confirmer ses frères dans la foi. Jean-Paul II est bienheureux pour sa foi, forte et généreuse, apostolique. » Après avoir évoqué la béatitude liée à la profession de foi de Pierre à Césarée, Benoît XVI affirme plus loin : « Cependant notre pensée va à une autre béatitude qui, dans l’Evangile, précède toutes les autres. C’est celle de la Vierge Marie, la Mère du Rédempteur. C’est à elle, qui vient à peine de concevoir Jésus dans son sein, que Sainte Elisabeth dit : «  Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur. (Lc 1,45). La béatitude de la foi à son modèle  en Marie. »

La béatitude de la foi ! Une foi profonde, qui ne se paye pas de mots, qui célèbre les sacrements comme des célébrations de la foi pour une vie de foi catholique au quotidien. Une foi vigilante et attentive à s’affermir et à s’enrichir lors des temps de grâces spéciales du Seigneur : retraite spirituelle, pèlerinage, J M J, visite du Pape etc.. Ne manquons pas ces rendez-vous de béatitude de la foi dans l’espérance de la béatitude éternelle. Comme Mgr Pascal N’koué, archevêque de Parakou, l’a confié à La Croix du Bénin : « La visite du Pape dans un pays est toujours une source de grâces et de bénédictions. Nous l’attendons avec joie. Soignons  surtout la préparation spirituelle pour vivre au mieux cet événement unique au monde, cadeau de nos 150 ans d’évangélisation. » (La Croix du Bénin n° 1102 du 24 juin 2011)

Père André Kpadonou

Paris

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité