« Ite, missa est ». Allez, la messe est dite. La décision du Tribunal arbitral du sport (Tas) attendue depuis des mois par les protagonistes de la crise qui mine le football béninois est enfin tombée, hier, tel un couperet. Au terme d’un long suspense, un grand ouf, une petite victoire pour le camp de Anjorin mais une longue nuit qui tombe sur le football béninois.
On ne s’y attendait pas. La décision du Tas rendue avant-hier a fait s’envoler les derniers espoirs de ceux qui croyaient dur que la raison est de leur côté et qu’ils allaient gagner. Dans les rues de Cotonou et des autres villes, la majorité des supporters acquise à la cause du camp Ajavon-Attolou sont dans la consternation. En droit ou devant une juridiction, c’est moins la passion ou la raison, c’est la logique et les lois. Le camp Attolou l’apprendra à ses dépends. Aussi bien qu’il apprendra à ne pas provoquer les grandes institutions. Lui qui a tout le temps surfé sur cette décision du Tas pour se sortir du bourbier. Et nous voilà face à la sentence. Le tribunal de séant présidé par Me Bernard Foucher, président de la Cour administrative de Douai, assisté des maîtres Olivier Carrard et Denis Oswald, tous des avocats en Suisse, a rendu enfin sa décision. Le verdict est sans équivoque : Le Tas dit «
1- dit que l’appel déposé le 7 mars 2011 par la Fbf représentée par Victorien Attolou contre la Fifa concernant la « décision » rendue le 15 février 2011 par la Fifa est irrecevable.
2- dit que les frais de l’arbitrage sont mis à la charge de la Fbf repésentée par Victorien Attolou et feront l’objet d’un décompte séparé qui sera communiqué aux parties ultérieurement par le greffe du Tas.
3-condamne la Fbf représentée par victorien Attolou à payer à la Fifa un montant de 2000 (deux mille francs suisses au titre des dépenses de cette dernière).
4-rejette toutes les autres demandes et conclusions ».
Non seulement le Tas déboute la fédération dirigée par Victorien Attolou mais aussi ce dernier devra payer une amende de 2000 francs suisses.
La crise s’aggrave
Seulement, si le Tas pouvait savoir les conséquences de sa décision sur le football béninois. Hélas, le tribunal ne juge pas les sentiments. De cette décision, on peut d’abord tirer quelques leçons: la première est qu’elle ne change pas pour autant le sort de Moucharaf Anjorin. Le Président de la fédération béninoise de football reconnu par la Fifa reste en détention préventive. La décision du Tas n’a aucune influence sur les juridictions du Bénin et n’a même aucun lien avec le dossier Mtn qui a envoyé Anjorin en tôle; la deuxième leçon c’est qu’elle ne règle pas non plus la crise. Anjorin restera en prison et Ajavon lui, va s’éloigner davantage du football béninois. La guerre entre les deux camps va prendre de plus grandes ampleurs; la troisième leçon est que le football béninois est enseveli. Le championnat bloqué depuis des mois n’est pas sûr de redémarrer. Le Cifas dont les travailleurs pleurent la fermeture ne pourra plus redémarrer. Et bonjour le chômage pour des centaines de travailleurs. Les jeunes talents qui pourront profiter de ce centre pour devenir des stars de demain seront obligés de végéter dans l’oisiveté ou simplement renoncer à leur ambition. Plus grave, Sébastien Ajavon demeure depuis quelques années le premier bailleur du football béninois. Il a fortement financé les deux premières éditions du championnat professionnel qui a commencé à donner goût aux férus du ballon rond. Son retrait, surtout dans un concept où l’Etat lui-même ne s’occupe que de la gestion de l’équipe nationale, s’apparente bien à un arrêt de mort pour notre football en souffrance depuis que Attolou et ses compagnons ont démissionné de la fédération béninoise de football dirigée par Anjorin. Quatrième leçon, l’image du Bénin sort totalement dégradée. Le Bénin, par le truchement de la fédération d’Anjorin, était réputé comme le pays qui a le plus chassé d’entraîneurs expatriés, une bonne dizaine depuis la reforme du football en 2002. Les détracteurs du Bénin auront donc plus d’arguments pour nous discréditer à l’extérieur.