Grandeur et misère de la démocratie

Beaucoup l’ignorent. C’est, aujourd’hui, jeudi 15 septembre, la journée internationale de la démocratie. Dans la ronde des journées consacrées à ceci, dédiées à cela, et qui jalonnent une année civile, c’est bien d’en placer une sous le signe de la démocratie. Qui a dit que la démocratie est la moins mauvaise des organisations politiques, le plus apte des systèmes de gouvernement à porter les espérances des peuples ? Or, il se trouve que chaque pays tend à secréter sa démocratie, à en accommoder une selon sa vision. Il devient ainsi nécessaire d’identifier le référentiel de la démocratie, à l’image du temps GMT, l’heure moyenne du méridien de Greenwitch qui sert de temps de référence sur la surface de la terre.

La démocratie se distingue prioritairement par son noyau dur étymologique, à savoir, en grec, le gouvernement du peuple. Il y a donc démocratie partout où l’on a accédé à l’idée et à la pratique de faire du peuple le détenteur de la souveraineté. Voilà le socle de base de la démocratie.

Ce principe, de nos jours, est accepté par des monarchies. Celles-ci, tout en s’en tenant à ce que la tradition leur concède, n’accèdent pas moins aux exigences d’une démocratie dans laquelle le peuple garde tous ses droits. L’Angleterre, le Japon, l’Espagne, le Maroc…etc. sont formellement des monarchies. Mais tous ces pays honorent, chaque jour que Dieu fait, la démocratie. Ils la célèbrent à travers la souveraineté du peuple, source pemière du pouvoir.

Les démocraties dites populaires, suite à la faillite des régimes autocratiques qu’elles ont engendrés, ont su opérer une transition heureuse vers la démocratie libérale. On comprend que celle-ci se soit imposée universellement comme le prototype de la démocratie. On suivra, de ce point de vue, le basculement de tous les pays de l’Europe de l’Est, anciennement sous la botte de l’Union soviétique. Laquelle a dû faire sa mue, par Perestroïka et Glasnost interposés. La grande Chine n’est plus la même. Elle a tourné depuis la page de la révolution culturelle à la Mao Tsé Toung. Elle continue sa marche. Ne parlons pas de Cuba qui cherche ses marques avant un envol inévitable vers la démocratie.

Curieux système que celui de la démocratie. Tout ce qui en fait le charme et en montre la force, en marque aussi les faiblesses et en indique les points de rupture. Faiblesse toute apparente à la vérité. Car il peut paraître facile de régner sur un peuple de moutons ou sur un cimetière. Au prétexte que la voix de l’autocrate domine le silence des morts et qu’il vaut mieux avoir affaire à ceux-ci qu’aux vivants, source de tous les maux. La démocratie tient sa force et sa grandeur de trois principes qui en constituent aussi le talon d’Achille.

La démocratie et les libertés. Sans les grandes libertés sur lesquelles un large consensus est aujourd’hui fait, aucune démocratie ne peut prospérer. Mais, c’est également par ces libertés que le ver s’introduit dans le fruit de la démocratie. Soit parce que les citoyens sont incapables de subordonner leurs intérêts égoïstes à l’intérêt général. Soit parce que ceux-ci sont taraudés par la tentation du fruit défendu. La liberté agit alors comme une drogue. Et l’on se laisse aller à passer les limites consensuelles qui engagent tout le monde.

La démocratie et la séparation des pouvoirs. Quelle belle symphonie serait la démocratie si chaque institution, à sa place, jouait sa partition! Mais la collusion des intérêts, la collision des ambitions favorisent des interférences, provoquent des conflits, confondent les espaces des différents pouvoirs. Cela avilit assez la démocratie pour la réduire, à la fin, à un système maffieux dans lequel les représentants du peuple n’ont de cesse de comploter contre le peuple.

La démocratie et le contrôle de légitimité, par les élections. L’urne et le bulletin de vote sont des atouts-maîtres pour toute démocratie. Mais, dans les jeunes démocraties notamment, l’élection reste encore synonyme de guerre, de division, de déchirure. L’urne et le bulletin de vote, par la fraude électorale érigée en système, se dévaluent en de simples gadgets. C’est le paravent menteur d’une démocratie de façade. Grandeur et misère de la démocratie.

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