La décision du Tribunal arbitral du Sport (TAS) tant attendue de tous les acteurs intéressés ou non par la crise d’agonie qui secoue la Fédération béninoise de Football (FBF), depuis décembre 2010, avec pour impact la suspension de toutes les activités footballistiques, a été finalement rendue. Les positions antagonistes devraient donc pouvoir se cristalliser autour du droit qui a été ainsi dit.
Il s’agit, désormais, pour tous les férus et responsables du football national de faire face à une alternative: considérer que le bureau de la FBF d’avant la crise, celui de Moucharafou Anjorin mis à l’ombre pour une histoire présumée de détournement de fonds publics, est encore valable ou confirmer la légitimité que revendique le bureau bis de la FBF. Le bicéphalisme au niveau du sport roi au Bénin n’a que trop duré…
A leur conférence de presse et, de l’analyse du prononcé du verdict du TAS, les avocats du camp Attolou -du nom du président du bureau dissident de la FBF- y ont vu une coupure de la poire en deux. En somme, une décision à la roi Salomon des Saintes Écritures. Qui renvoie les parties dos à dos, leur demandant de s’adresser aux juridictions compétentes de leur pays. De la sorte, sur le cas béninois, l’instance judiciaire suprême en matière sportive mondiale, dont les jugements sont dits «sans recours», offre comme porte de sortie un recours au droit local. Il appartient, dès lors, aux instances béninoises d’avoir le dernier mot et de trancher en dernier ressort sur la base des textes en vigueur dans leur pays. C’est le renvoi à l’usage même du droit de souveraineté dont dispose tout État, partout dans le monde. La Fifa n’a nul droit de s’ingérer dans les «affaires intérieures des États», a martelé le TAS.
Tout en apportant l’éclairage salutaire à la résolution de la crise au sommet du football, le jugement du TAS vient comme pour ridiculiser l’ensemble des Béninois. De n’avoir pu décrypter le cas pour savoir le dénouer sans s’en référer à une instance extérieure. Alors même que la solution relevait de la simple affirmation de leur auto-détermination. Et le désaveu est à mettre au crédit des autorités au plus haut niveau de la gestion du sport national, à l’exception d’une seule -heureusement: Modeste Kérékou, l’ancien ministre des sports et loisirs. Sa lecture de la crise lui aura permis de s’engager sur la bonne voie qu’indique aujourd’hui le TAS, sans être allé au bout de la démarche. Son départ prématuré du gouvernement, suite au remaniement de ce dernier, après la présidentielle d’avril 2011, n’aura pas rendu service au pays, quant à la question. Son éviction du gouvernement, dans la foulée de son implication dans la gestion de la crise, a même fait dire à une frange de l’opinion que le lobby Mouchrafou a réussi à lui dicter sa loi, vu la proximité marquée du président contesté de la FBF avec le vainqueur de l’élection présidentielle béninoise, Boni Yayi.
On se rappelle que Modeste Kérékou, avait en son temps, exigé de Moucharafou Anjorin de lui transmettre les actes constitutifs de l’assemblée générale du 15 avril 2011 au cours de laquelle son camp a remplacé unilatéralement les membres démissionnaires de son bureau. Bien briffé qu’il était, par ses conseillers officiels et occultes, le plus jeune des ministres de l’époque entendait vérifier la conformité légale qu’imposent les textes de loi aux documents de l’historique Ag du 15 avril. Hélas, son mandat ministériel devait prendre fin sur cet ultime fait d’arme inachevé que son successeur a rangé au placard.
Dès ses premières interventions médiatiques, Didier Aplogan Djibodé, le nouveau ministre des Sports avait déjà déçu, lui qui n’avait de cesse, de clamer s’en remettre à la décision du tribunal arbitral du sport. Au point de décréter l’«arrêt de mort» du football par la suspension du championnat national de cette discipline. Bloquant ainsi l’animation de la vie ludique des jeunes de 7 à 77 ans, sur toute l’étendue du territoire. Entretemps, la fermeture de la meilleure académie du football au Bénin, le Cifas de l’homme d’affaires et sympathisant du camp Attolou, Sébastien Adjavon, est venue enfoncer le clou là où çà fait mal. Et à ce jour, les confidences n’ont fait état que d’une vague intention du chef de l’Etat de mener une démarche envers le propriétaire de cette académie pour le «ramener à la raison». La décision du TAS, qui met acteurs et autorités devant leurs responsabilités, intervient dans un état d’agonie généralisée du football et est une chance donnée collectivement aux Béninois de se prendre en charge… comme de grands garçons.
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