Active, exigeante et parfois rigoriste pour réprimer les dérives de la presse écrite au point de fermer de journaux, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication(Haac) se montre paradoxalement impuissante pour exiger l’accès équitable aux médias de service public.
Les dernières audiences publiques de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication(Haac) ont livré à la face du monde les dérives, graves et parfois inimaginables, de la presse béninoise. L’institution de régulation en est arrivée à « fermer » définitivement deux journaux que sont « l’Enquêteur » et « le Béninois Libéré » accusés de diffamations et dérives professionnelles et incapables d’apporter la moindre preuve de leurs fautes . La Haac a fait du bon boulot, pourrait-on dire. Seulement, le bon travail abattu par ces conseillers pour l’assainissement de cette corporation aura été plus apprécié s’ils ne s’étaient pas eux-mêmes versés dans des dérives verbales qui ont mis parfois mal à l’aise certains téléspectateurs. Mais il y a mieux à reprocher à cette institution. Depuis quelques années déjà, elle donne l’impression d’être une institution qui fonctionne à double vitesse. Débonnaire vis-à-vis de certains médias et rigoriste envers d’autres. Aujourd’hui, on voit une Haac proactive, rigoureuse, et même excessive dans ses sanctions. Mais hier, elle l’était moins face à la télévision nationale lorsque cette dernière était, elle aussi, auteure de fautes professionnelles graves. On se rappelle bien, la télévision nationale ne faisait que l’écho du pouvoir. Les forces politiques de l’opposition et autres personnes tenant des discours autres que celui du pouvoir sont systématiquement interdits d’antenne. La télévision nationale était utilisée comme l’instrument de propagande politique du gouvernement et était fréquemment utilisée comme tel pour critiquer les opposants. Les nombreuses dérives dénoncées et portées devant la Haac n’ont jamais connu de sanctions sérieuses comme c’est le cas des deux quotidiens interdits. Parfois, la télévision nationale a simplement choisi de contourner les sanctions sans trop d’histoire. Et jusqu’à ce jour, l’accès aux médias de service public n’est pas encore une réalité à la télévision nationale. Les hommes politiques de l’opposition continuent d’ailleurs d’en faire une revendication politique. Pendant ce temps, le petit écran ne fait que refléter les images des mêmes hommes politiques, des mêmes pensées et discours. La Haac a montré son incapacité à régler ce problème. Elle est restée muette sur l’affaire des fameux contrats du gouvernement pour bâillonner la presse. Pourvu qu’elle n’affiche pas le même mutisme face au cas du journal « Le Potentiel » mis en délibéré. La Haac a besoin de ça pour ne pas donner l’impression qu’elle ne sert que la cause du pouvoir. Vivement donc que la suite de ce dossier soit connu.